C'est beau ce qui se passe en Tunisie : un peuple qui décide que le pouvoir lui appartient, pas à une clique d'irresponsables. On en redemande.
Une vidéo circule où l'on voit DSK louer, en novembre 2008, la gestion de la Tunisie. Les opposants à DSK s'offusqueront de son soutien à Ben Ali. C'est malheureusement pourtant un peu la loi du genre : le directeur général du FMI ne se soucie que d'économie, de taux de croissance, pas de démocratie. C'est un poste technique et non politique - d'aucuns diront que c'est pour cela que DSK aurait dû refuser.
Ce qui est significatif dans cette vidéo, c'est que DSK demande surtout à la Tunisie un effort d'unité avec ses voisins : "il faut essayer d'avancer vers l'intégration des pays du Maghreb [...] déjà le rapprochement entre la Tunisie et la Libye a beaucoup avancé..."
Là est l'esprit de la mondialisation dans tous ses excès. On ne demande pas aux états d'être gouvernés démocratiquement, on leur demande d'être "manageables". L'extérieur (les Etats-Unis, les marchés financiers) leur demande de s'unir pour représenter une masse critique gérable. Acheter de la Tunisie, pour un trader, c'est risqué. Acheter du grand Maghreb uni ça peut être mieux.
Vous y êtes : c'est exactement la logique qui est à l'oeuvre aujourd'hui dans l'Union européenne. On nous demande une intégration toujours plus parfaite, non pas parce que cela nous apportera quoi que ce soit, mais parce que nous serons ainsi plus facilement achetables (nos obligations plus exactement).
Pour revenir à DSK, il est à mon sens mieux positionné pour succéder à Van Rompuy à la mi-2012, que pour se présenter à la présidence de la République... Il pourra continuer, depuis Bruxelles, à demander urbi et orbi une plus grande intégration, et les sacrifices qui vont avec, en vertu de critères économiques et financiers même pas établis.