« A ma demande, le conseil d’administration m’a accordé un congé maladie pour que je puisse me concentrer sur ma santé. Je reste PDG et impliqué dans les décisions stratégiques les plus importantes pour l’entreprise », écrit M. Jobs dans un courriel adressé aux employés d’Apple et communiqué à la presse.
C’est Tim Cook, directeur opérationnel du groupe qui prend « en charge la direction des affaires courantes d’Apple », ajoute M. Jobs, âgé de 55 ans.
M. Cook avait déjà assuré l’intérim à la tête du groupe en 2004, lorsque M. Jobs avait été opéré pour un cancer du pancréas, ainsi que pendant six mois en 2009, quand M. Jobs avait pris un congé pour maladie, au cours duquel il avait subi une greffe du foie.
M. Jobs écrit qu’il espère être de retour aussi rapidement que possible.
Interrogé par l’AFP, l’analyste indépendant Rob Enderle, estime cependant qu’avec le temps, chaque fois que M. Jobs part, « la probabilité qu’il ne revienne pas est de plus en plus grande ».
Le patron d’Apple n’a donné aucune précision sur sa santé et a demandé que l’on respecte sa vie privée.
Si M. Jobs se met en congé, c’est que l’heure est « grave », estime M. Enderle. « Il a l’air d’avoir 70 ans », ajoute-t-il, émettant l’hypothèse que sa greffe du foie n’ait « pas marché ».
« Jobs est considéré pratiquement comme le seul architecte du succès phénoménal d’Apple » depuis le lancement du baladeur numérique iPod à l’automne 2001, rappelle Douglas McIntyre, analyste du site financier 247wallst.com.
M. Jobs a été l’un des cofondateurs d’Apple en 1976. Il avait quitté le groupe en 1985 au terme d’une lutte de pouvoir interne. Rappelé aux commandes en 1997, il redresse alors la société en proie à de graves difficultés.
Le succès viendra d’abord avec des iMac, qui, en 1998, font de l’ordinateur personnel un produit « design ».
Le groupe a retrouvé sous sa houlette la capacité d’innovation qui avait fait la force de ses débuts, donnant le « la » au reste de l’industrie avec ses iPod, puis ses téléphones multifonctions iPhone et dernièrement ses tablettes iPad.
M. McIntyre, note que le retrait de M. Jobs survient alors que l’iPhone commence à être concurrencé par un certain nombre de téléphones fonctionnant avec le système d’exploitation Android conçu par Google.
Mais pour M. Enderle, le véritable « défi est ce qui vient ensuite », « ce que fera Apple à la prochaine étape », et « c’est là probablement que l’absence de Steve Jobs se fera le plus sentir ».
En janvier 2009, l’annonce du départ en disponibilité de M. Jobs avait fait chuter l’action Apple de près de 10% à la Bourse de New York.
La santé de M. Jobs alimente des spéculations de toute sorte depuis son opération de 2004, certains craignant une résurgence de son cancer.
Le site d’analyse financière thestreet.com rappelle que le patron d’Apple a « fait l’objet de critiques virulentes pour ne pas s’être montré plus ouvert sur sa santé ».
Du fait de l’emprise de M. Jobs sur le groupe, « il est primordial que les actionnaires soient davantage au courant de ses problèmes de santé », ajoute le site.