- Ne sois pas ridicule ! Qui donc l'a gagnée ?
- Les Napoleones !
- Les quoi... ? Que veux-tu dire par là ?
- Vous, ce sont les " Luises " qui vous ont soutenus... Mais vous n'aviez pas compté sur une nouvelle force, les "Napoleones" ; ce sont eux qui marqueront cette Espagne que tu n'aimes pas... Il existe une nouvelle classe industrielle et commerçante qui a su acheter l'avenir, et le vrai vainqueur de la guerre, c'est elle ! ...
"Ce roman est donc l'histoire de gens que j'ai connus ; j'ai été témoin de leurs manigances dans leurs bureaux et parfois de leur mort dans leur lit. Je les ai appelés los Napoleones car ils ne pouvaient se réclamer d'aucune légitimité, ils avaient commencé très bas et ils finirent par n'avoir comme credo que leur seule ambition. Ils estimèrent que leur pays et leur liberté étaient à jamais écrasés, ils perdirent leurs idéaux pour autant qu'eux ou leurs pères en aient jamais eu - et ils firent de l'argent le bien suprême.
Leur histoire est celle d'une gigantesque corruption morale, mais on ne peut nier qu'ils ont développé leur pays ; à mon grand regret, les ans m'ont appris qu'en général les bons écrivent des poèmes ou des paroles de chansons, alors que les méchants ouvrent des commerces, créent du travail et savent choisir la meilleure terre, non pas pour y mourir mais pour y planter leur semence..."
Editions L'ATALANTE
De 1934 aux années soixante, à travers les destins croisés d'une douzaine de personnages de tous les horizons sociaux, voici l'âme et l'histoire de Barcelone par celui qui ne cesse d'en être le chantre passionné.