Plus que jamais, le transport aérien vit dans le provisoire.
Comment soutenir l’intéręt pour l’évolution du transport aérien ? L’impression de déjŕ vu est omniprésente, les statistiques de trafic, considérées avec un recul suffisant, donnent une image d’éternel recommencement. A savoir une succession de cycles hauts et bas, les lamentations de l’IATA dčs que la conjoncture se tasse, une maničre curieuse de minimiser la reprise dčs qu’elle survient et l’entretien d’une perpétuelle inquiétude. C’est le lot de tous les groupes de pression mais on ne s’y habitue pas pour autant.
Nous y voici ŕ nouveau : les statistiques de trafic sont bonnes et les observateurs le notent comme ŕ regret. On finirait par oublier que des chiffres positifs entraînent ŕ leur suite tout un monde économique et industriel: avionneurs, motoristes, équipementiers, gestionnaires aéroportuaires, etc. Quand l’aviation va, tout va.
En revanche, ŕ tout instant, la situation, telle qu’on peut l’analyser, apparaît tout ŕ fait provisoire. Le trafic augmente ŕ nouveau mais chacun devine que c’est pour mieux retomber au premier incident conjoncturel ou géopolitique. En témoignent, par exemple, les commentaires entendus ces jours-ci ŕ propos du prix du pétrole. Il est revenu aux alentours de 90 ŕ 95 dollars le baril et chacun le voit franchir le cap psychologique des 100 dollars dčs 2012. Préparons-nous dčs ŕ présent ŕ subir des commentaires d’un pessimisme noir !
Dans le męme esprit, mais côté bonnes nouvelles, on peut épingler une petite phrase de John Leahy, directeur commercial Airbus. Vaguement rancunier, il a rappelé que certains observateurs (comprendre, notamment, l’incontournable IATA) avaient prédit il y a un an qu’Airbus et Boeing ne pourraient pas livrer la moitié des avions produits, les compagnies clientes n’ayant plus les moyens de les payer. D’oů l’injonction qui leur était faite de se mettre debout sur les freins, de ralentir au plus vite et au plus fort leurs cadences de production. Or, c’est le contraire qui s’est produit et les annulations de commandes n’ont pas été plus nombreuses que d’habitude. L’IATA avait ainsi raté une belle occasion de se taire.
Que dit-on aujourd’hui, sur le męme thčme ? Que la demande est telle que nombre de compagnies risquent fort de se trouver en situation de sous-capacité dans les trois ans ŕ venir. Une maničre comme une autre de nous rappeler que le transport aérien est exagérément sensible ŕ des influences extérieures et qu’il reste pour le moins imparfait dans la maničre de gérer sa propre destinée. Tout cela, nous le savons et nous sommes bien obligés de constater que, plus cela change, plus c’est la męme chose. C’est ainsi que la notion de déjŕ vu cčde imperceptiblement la place ŕ un sentiment de lassitude.
L’IATA, l’Airports Council International, ID Aéro, nous mettent de bons chiffres sous les yeux, ceux qu’une croissance retrouvée et confirmée. Mais il faut bien avouer qu’il nous faut déployer de sérieux efforts pour nous y intéresser. Bonne ou mauvaise, cette actualité reste, encore et toujours, éphémčre, volatile. Nous vivons dans le provisoire.
Pierre Sparaco - AeroMorning
(Photo: Daniel Faget)