L’histoire est écrite par les vainqueurs

Publié le 18 janvier 2011 par Aniobi

Aux Etats-Unis, les entrepreneurs à succès sont de véritables héros nationaux. La presse, la télévision, tout le monde en parle. C’est le rêve américain qui veut ça, la plupart du temps ils sont partis de rien et les gens les admirent pour ça! Et figurez vous qu’on parle aussi de ceux qui se plantent… parce que ce n’est pas très grave finalement…bien au contraire.

En France, on en est pas encore là. Dernièrement dans « Capital », l’émission phare de M6 – un genre de mélange entre « Les Experts » et le Téléshopping- les journalistes nous parlaient d’un entrepreneur « parfaitement inconnu du grand public » mais dont la réussite est impressionante: à savoir Xavier Niel!!…C’est bien la preuve! On parle donc un peu de ceux qui cartonnent, pas vraiment de ceux qui réussissent et pas du tout de ceux qui échouent. Enfin ça c’est à la télé parce que le 1er février prochain a lieu la « Fail Conference« : première conférence dédiée à l’échec entrepreneurial.

Voilà une bonne nouvelle et pour m’indigner contre ce principe idiot qui veut qu’on ne parle que des vainqueurs, je voudrais ajouter à ma série « Founders at Work » (sur pleins de startups qui ont cartonné comme Hotmail, 37signals, Delicious…) l’histoire d’un des plus cuisants échecs du secteur: Webvan!

Webvan a été créé en 1999 avec pour ambition de révolutionner le marché de l’alimentaire, l’idée est simple: vendre des produits alimentaires en ligne et livrer les clients à domicile. Le fondateur est Louis Borders (connu pour avoir créé Borders Group la seconde chaîne de magasins spécialisés dans les livres et la musique après Barnes et Noble) et les premiers investisseurs sont Benchmark Capital (eBay, Twitter…), Sequoia Capital (Apple, Google, YouTube, PayPal, Cisco Systems, Oracle, Electronic Arts, Yahoo!, LinkedIn…), Goldman Sachs, et Yahoo. Le CEO de feu Andersen Consulting est recruté pour prendre la tête de Webvan. Une équipe de rêve sur le papier…

Environ 500 millions de dollars ont été investis dans cette boîte. Avant même de lancer publiquement la plateforme, Webvan comptait 400 employés, avait investi 40 millions de dollars dans un premier entrepôt et 18 millions de dollars de software. Un mois après le lancement, Webvan signe un contrat d’un milliard de dollars pour construire 26 entrepôts supplémentaires dans tout le pays. Webvan entre en bourse dans la foulée et lève 375 millions de dollars pour une valorisation de 8,5 milliards.

En 2001, le fameux CEO consultant quitte la baraque avec un parachute doré de 375 000 dollars par an à vie et la boîte fait faillite quelques mois après.

Leçons à tirer

Les leçons à tirer de cette histoire incroyable sont nombreuses mais deux sont intéressantes à mon avis.

1) Ne JAMAIS prendre un CEO qui vient du conseil et si il vous demande 375 000$/an à vie 6 mois avant que la boîte ferme, y réfléchir à deux fois…

2) Nécessité de bien « scaler » son business au début:  c’est à dire ne pas brûler des ressources tant que le business model n’est pas prouvé. Chez Webvan, ils se sont basés sur un business plan qui prédisait 8000 ventes/jour dès le lancement et ont investi en conséquence. Le problème, c’est qu’un Business Plan ça vaut pas grand chose tant que les hypothèses qu’il contient n’ont pas été confirmées par le marché. Webvan a fait moins de 2000 ventes/jour au lancement avec sur le dos des infrastructures qui tournaient donc à 30% de leur capacité!

L’idée est donc d’économiser au maximum ses ressources tant que le modèle est encore fragile et de l’experimenter au maximum. Lorsque le business model devient répétable à l’infini, c’est à dire que vous avez prouvé que si vous mettez un euro dans la machine, il en sort systématiquement trois, cela devient alors beaucoup plus intéressant d’investir de l’argent, surtout un milliard!