Alors qu’ils s’apprêtent à fêter Noël, Haruhi et sa bande terminent les préparatifs. Kyon n’est pas enchanté mais il s’exécute. Au matin du 18 décembre, tout semble différent. Haruhi a disparu et personne ne semble se rappeler d’elle. Il part à la recherche de ses amis mais là encore, c’est une désillusion. Mikuru et Yuki ne savent pas qui il est et Koizumi a disparu. Kyon va chercher à savoir ce qui s’est passé.
Suite à la sortie de La Disparition de Suzumiya Haruhi, les débats sont nombreux sur ce film de presque 3h. Je sais que ce n’est pas très original en ce moment mais Haruhi est incontournable.
Je suis novice dans l’Haruhisme, je l’admets sans honte. La première saison était pas mal du tout; la seconde un peu moins excitante, bien que potentiellement très intéressante (bien sur le fond mais sur la forme je dirais). Je n’ai pas eu la chance de lire les romans (surtout depuis que Hachette a annulé la publication, grrrrr) et je n’ai toujours pas commencé le manga (dont on ne m’a pas dit que du bien, d’où mon hésitation) alors je n’ai pas encore totalement succombé au charme de cette jeune fille énergique. Mais conscient du potentiel évident de la série entière, je me suis lancé dans le film en espérant y trouver un intérêt naissant, si ce n’est renaissant, malgré la durée qui pourrait en rebuter beaucoup. De plus, il est indéniable que le studio a fait un excellent travail car le film est vraiment très agréable à l’oeil.
Alors, sans préambule, je vais dire oui sans hésiter. Et cela, pour une raison toute simple à vrai dire: Kyon. Il n’est pas aussi intéressant qu’Haruhi (mais qui peut l’être?), toutefois, il explose littéralement dans ce film quand ce monde qu’il connait se transforme en une vie banale et répétitive. Esclave de la déesse new age habituellement, il prend conscience de ce qu’il avait quand elle disparait du jour au lendemain et que la vie de lycéen qu’il souhaitait ardemment, pour échapper au tyran en uniforme de lycéenne, arrive enfin. Comme tout le monde dans ce genre de situation, il est d’abord perdu dans ce lycée si familier et pourtant si sauvage (surtout qu’une épidémie de grippe touche les lycéens comme jamais) et que personne n’est là pour lui dire quoi faire ou où aller, et qu’une ancienne ennemie refait surface sans crier garde. Bref, un matin de décembre comme on aimerait les éviter et qui ne nous évoque qu’une chose: « on aurait mieux fait de rester coucher ». Mais finalement, il se fait à cette vie ordinaire, plus par obligation que par réel choix. Il comprend alors que sa vie d’esclave n’était peut-être pas si mal et que ses plaintes incessantes sont en réalité une manière maladroite de dire que tout cela lui plait.
Son boss a certes disparu mais là n’est pas le seul problème. Même si ses compagnons n’ont pas tous disparu, ils ne le connaissent pas. Ce qui pour Kyon, est encore pire au final car là encore, il prend conscience que ses collègues de la brigade lui apportent bien plus qu’il ne l’imaginait. Mikuru et son coté innocent, victime constante des délires d’Haruhi, apporte un peu de légèreté à une réalité qui est parfois dur à supporter (ben oui, même si sa vie lui manque, elle n’est pas parfaite non plus. Faut pas pousser ^^), mais aussi une touche sexy et fantasmique. Quand ils se croisent dans le monde alterné et qu’elle éprouve de la peur devant son attitude paniquée, Kyon se sent seul pour la première fois. Un doute nait alors dans son esprit, qui ne fait que s’amplifier quand Koizumi a lui aussi disparu et que son coté nonchalant n’est pas là pour le rassurer. Même si ce n’est pas la franche amitié entre les deux garçons (qui sont souvent perçus comme des rivaux l’un de l’autre, idée bien exploitée dans le film d’ailleurs), Koizumi le rassurait vraiment et atténuait un peu les idées folles d’Haruhi. Le désespoir commence alors à se faire sentir, ajouté à cela le retour d’Asakura, qui fait presque plus peur qu’avant avec son innocence louche. Kyon passe vraiment un mauvais Noël mais qui paradoxalement lui fait du bien. Cela lui permet une introspection en règle sur lui mais aussi sur le rapport qu’il a avec les autres.
Mais le personnage qui change le plus et qui le plonge dans le désespoir est Yuki. Ce petit bout de femme, habituellement dénuée de toutes émotions, devient une fille normale timide, craintive et peu sociale (bon, ca ne change pas trop ca ^^). Kyon comprend enfin. Il a perdu ses alliés et les gens sur qui il pouvait s’appuyer quand rien n’allait et qui l’ont sauvé un bon nombre de fois. La perte d’Haruhi est bien sur terrible car elle change la vie de Kyon mais la perte de ses collègues (qu’il considère finalement comme des amis) est bien plus dure car c’est le moral du jeune homme qui est gravement touché. Yuki était en quelque sorte sa bouée de sauvetage en cas de situation potentiellement très critique mais pas cette fois. Quand il la voit aussi normale que possible, il pense à abandonner car il sait que plus personne ne peut l’aider. Pour la première fois, Kyon comprend que sans eux, il est vraiment seul et que son « univers » s’écroule en grande partie, peut-être même plus que la disparition d’Haruhi elle-même. On le voit bien quand un choix s’offre à lui: rester dans une vie banale ou retrouver la vie qu’il connaissait. Il n’hésite pas du tout, tout en sachant que le résultat n’a rien de sûr. Et c’est d’ailleurs ce point que j’aime dans ce film car les séries n’insistaient pas assez sur le lien étroit qui unissait les membres de la SOS Brigate alors que là, on le saisit à 200%. D’ailleurs, il est amusant de voir que les moments clés des saisons passées ont également une importance capitale dans ce film, un peu comme une sorte de résumé qui clôturerait le chapitre, ou tout simplement pour que Kyon comprenne un peu mieux que des événements qu’il jugeait idiots ont une importance non négligeable dans le grand ensemble de sa vie.
Yuki est, avec Kyon, le personnage central. Mais pour que j’explique un peu plus, il faut faire un spoil donc, passer votre chemin si vous ne l’avez pas encore vu.
ATTENTION SPOIL!!!!!!!!
Haruhi n’est pas la responsable de ce changement majeur. Mais quand on sait qui est derrière tout ca, on tombe des nues, surtout en entendant les raisons. Et oui, Yuki est celle qui a changé le monde de façon si brutale, en envoyant Haruhi et Koizumi dans un autre lycée pour que rien de tout cela ne soit arrivé. Et c’est Kyon qui nous offre la réponse. Yuki est une entité hyper développée mais à force de trainer avec cette bande bien à part, elle a développé des sentiments humains. Toujours calme et silencieuse, renfermée, Yuki a finalement perdu pied dans ce marasme existentiel, surtout parce que c’est un super ordinateur en réalité. Alors que les humains sont habitués à faire face à refouler leurs sentiments et à vivre avec, une entité comme Yuki n’a pas su comment le gérer et à préférer changer la réalité pour qu’enfin, elle puisse se reposer (pas étonnant son ras-le-bol après avoir vécu 15000 fois la même journée ^^). Kyon le comprend parfaitement mais aurait préféré qu’elle lui fasse part de ses angoisses plutôt que de modifier le monde. Mais il ne lui en veut pas du tout car il n’oublie pas pour autant ce qu’elle a fait pour eux dans le passé. Tout revient dans l’ordre et Yuki retrouve sa place.
FIN SU SPOIL!!!!!
Le point que j’ai le plus aimé est sans doute le moment où la SOS Brigade se reforme dans le monde « parallèle » de manière presque naturelle et avec les mêmes membres. C’est d’ailleurs cette réunion qui fera son retour possible car c’est la « clé » de son retour. Qu’importe l’endroit, des gens proches « métaphysiquement » se rejoindront toujours. Kyon pense même que si Haruhi avait fait une autre brigade mais avec des membres différents, cela lui ferait de la peine car leur groupe est le seul et unique. Pourtant, tout n’est pas aussi différent que Kyon voulait le croire, puisque la troupe se reforme quasiment à l’identique, mais cette pensée ne l’a pas empêché de vouloir à tout prix retourner chez lui. La raison est tout simple. Il aime ses amis tels qu’ils sont et sa vie telle qu’elle est. Son affrontement intérieur (brutal par moment) est un moment vraiment génialissime sur le fond, comme sur le forme, puisqu’ilo avoue enfin ce qu’il pensait tout bas jusque là: « La vie sans Haruhi serait bien moins amusante ».
Même si la durée est peut-être excessive (2h aurait nettement suffi), ce film est une réussite et fait renaitre en moi l’Haruhisme qui sommeillait. Bien au delà de mes espérances, je pense (mais ce n’est que mon point de vue alors rangez vos sarbacanes) qu’il était nécessaire pour cimenter les éléments que les deux séries nous ont donnés, en plus d’être bien réalisé. Suzumiya Haruhi n’est pas encore morte et heureusement.