Les prouesses graphiques ne couvrent jamais un mauvais film, et c’est le malheureux constat délivré par le remake de Tron. En dehors de la BO éclatante, merci Daft Punk, il n’y a rien, mais vraiment rien à sauver.
Les studios Dinsey adaptent un culte de la SF, une révolution technologique qui n’est autre que le célèbre Tron de Steven Lisberger. Mais à force d’exhiber des graphismes bien foutus, ils négligent le plus important : dialogues, direction artistique, mise en scène. Alors oui ils ont voulu réaliser un divertissement familial, mais delà à nous sortir un truc aussi merdique, c’est à se demander si ce n’est pas une blague. Alors ça raconte quoi ? L’histoire de Sam Flynn, fils d’un expert en informatique étrangement disparu. Il retrouvera les traces du paternel avant de se faire aspirer dans un programme, une sorte de jeux vidéo grandeur nature où il sera pris au piège. Le petit Sam va découvrir un monde virtuel, coloré et intriguant. Entre les musiques et le design ultra futuriste, rien ne manquait pour dresser une ambiance unique de science fiction. Tourbillon technologique, couleurs saturées, l’imagination ne semblait pas poser problème.
Tron l’héritage n’est pourtant qu’un film paresseux misant sur les clichés et l’académisme gamin, alors qu’il aurait fraîchement mûri avec une réalisation plus léchée. Un vraie manque d’audace accentué par une distribution bien piteuse. Plombés par des répliques nanardiennes, les acteurs endossent des rôles anodins et ne s’épanouissent pas. Garrett Hedlund se prends pour Brad Pitt et récite son texte, Olivia Wilde limite la casse… Et quel regret cette présence de Jeff Bridges, très loin de ses prestations tenues dans The Big Lebowski ou Crazy Heart. On a aussi le doit à un Michael Sheen assez ridicule, enfilant la combinaison d’un personnage censé être délirant. Tron l’héritage aligne les stéréotypes et ne parviendra même pas à s’illustrer dans l’art de faire monter la tension, d’angoisser le spectateur et de partager le sentiment piège de ce monde futuriste. La relation père/fils de l’histoire s’entretient tout au long du film mais ne conduit jamais à l’émotion, même sur les scènes les plus sentimentales. On ne pourra pourtant pas dire de mal sur les décors, particulièrement soignés et réfléchits. Mais pourquoi le résultat est aussi…. moche ? Le remake au plus bas, décidément enterré par un gros budget détournant le réalisateur du septième art. Un gadget, pas un film.
Tron l’héritage de Joseph Kosinski (U.S.A, 2h06, 2010)