Marc-André Ferguson est fondateur et administrateur de luminance, une entreprise qui fait de la production télévisuelle et cinématographique. Il fait également partie de l’équipe de Finalcutmtl.org. C’est avec son autorisation que nous reprenons ce billet qui a étéinitialement publié sur Finalcutmtl.org
WebMGoogle vient d’annoncer qu’une version future de leur navigateur Chrome n’utiliserait plus la technologie H.264 pour diffuser la vidéo, préférant le nouveau format WebM. Le géant prétexte que le WebM est un standard ouvert, libre de droits et possédant toutes les propriétés de qualité et de rapidité dignes du HMTL5.
Qu’est-ce que le WebM?
Le format WebM, basé sur le codec VP8, est développé par On2 Technologies, célèbre pour avoir conçu le codec d’Adobe Flash. Le VP8 est un codec de haute qualité destiné à la diffusion sur internet et les plateformes mobiles, surtout dans le cadre de la transition à l’HTML5. Les logiciels d’encodage sont gratuits et le contenu encodé est libre de droits., contrairement au MPEG par exemple.
Certains gros joueurs ont déjà annoncé le support du format WebM, comme Mozilla (Firefox), Opera et Skype. Par contre, l’éléphant dans la pièce est sans contredit Adobe, qui va supporter le WebM dans la prochaine mouture de Flash Player. De plus, des encodeurs hardware seront aussi disponibles de la part divers manufacturiers.
Google subventionne le développement de l’initiative, surtout pour YouTube (propriété de Google), Chrome et la plateforme Android.
Et le H.264 dans tout ça?
Le iPhone, le iPad, les iPods, AppleTV, tous ces appareils encodent et diffusent du contenu en H.264. Lorsque vous exportez une séquence de Final Cut Pro qui sera diffusée sur le web, depuis quelques années c’est du H.264.
Rappelons que le H.264 (MPEG-4 part 10 ou AVC) est un standard adopté par à peu près tout le monde, des fabricants de caméras (Sony, Panasonic et autres) aux diffuseurs de contenu sur internet (Apple, Vimeo, etc). Il est vrai que le H.264 est un format propriétaire du MPEG-LA, le puissant consortium de compression numérique qui reçoit des redevances des compagnies utilisant le codec dans leurs produits. Apple fait partie du consortium MPEG-LA et paie des redevances.
Notons que le consortium a annoncé en août 2010 que la diffusion de contenu encodé en H.264 sur internet pourrait se faire sans redevance (royalty free), pour toujours, peut-être un pas dans la direction du projet WebM.
Comment cette décision pourrait avoir un impact sur votre travail?
Le WebM est un format de distribution : on ne produit pas du contenu en WebM, on exporte une séquence de montage dans ce format, afin de la diffuser sur internet, en HTML5.
Pour le moment, les encodeurs WebM sont rares. Le tout nouveau Episode 6 de Telestream permet d’encoder votre contenu en WebM, entre autres. Miro Video Converter aussi. Par contre, il n’existe pas encore de codec QuickTime pour lire le WebM, ce qui veut dire qu’il faut se servir d’un lecteur comme VLC pour lire les fichiers encodés. Perian va sans doute supporter ce format dans l’avenir, mais il déconseillé d’installer Perian sur un poste de montage Final Cut Pro.
Conclusion
La décision de Google n’est pas nécessairement irréversible. Plusieurs facteurs se liguent contre le géant californien.
La plupart des producteurs de contenu ont du mettre les bouchées doubles pour convertir leur contenu de Flash au H.264 il y a quelques années, il risquent de ne pas vouloir faire la même chose avec le WebM.
Apple et Microsoft (entre autres) ont investi massivement dans le H.264. Il est peu probable qu’ils laissent Google l’emporter avec leur décision de faire cavalier seul.
Néanmoins, Google a un poids considérable dans l’industrie – s’ils décident du jour au lendemain de convertir tout le contenu sur YouTube en WebM, nous devrons continuer à faire ce que nous faisons depuis des lustres : exporter plusieurs versions de notre séquence finale.
Pour en savoir plus sur le format WebM
http://www.webmproject.org/
Pour en savoir plus sur le HMTL5
http://diveintohtml5.org