Louise Bourgeois, Eugénie Grandet et moi... à la Maison Balzac
Publié le 17 janvier 2011 par Alexia Guggémos
@alexia_guggemos
Quel rapport entre Louise Bourgeois et Eugénie Grandet, le personnage du célèbre roman éponyme de Balzac ? Les broderies auxquelles l’artiste franco-américaine travaillait peu avant sa disparition, en mai 2010, en hommage à la jeune héroïne du XIXe siècle. Louise Bourgeois les destinait à la Maison Balzac, qui les présente jusqu’au 6 février.
« Eugénie est le prototype de la femme qui ne s’est pas réalisée », confiait l’artiste, fascinée par ce destin écrasé par un père avare et faux. Une figure paternelle déplorable, assez similaire à celle que Louise Bourgeois se faisait de son propre géniteur. « Cela aurait pu être le roman de ma vie. Elle est dans l’impossibilité de s’épanouir. Son destin est celui d’une femme qui n’a jamais eu l’occasion d’être une femme… ».
En choisissant la broderie, technique féminine par excellence, Louise Bourgeois réaffirme avec humour son parcours de combattante pour la cause des femmes. Par son intermédiaire, elle s’identifie à cette jeune femme par-delà le siècle. Mais c’est aussi pour elle une façon de rappeler un souvenir plus personnel, celui de sa mère, tisserande : fleurs champêtres en tissus, compositions abstraites en boutons nacrés… Un art de l’intime, en accord avec le cadre bucolique de la Maison de Balzac située au cœur de l’ancien village de Passy, où l’écrivain séjourna de 1840 à 1847. Maison Balzac, 47 rue Raynouard à Paris.
(Courtesy Cheim & Read, Hauser & Wirth and Galerie Karsten Greve - Photo: Christopher Burke © Louise Bourgeois Trust, ADAGP)