Daniel Johnston est un artiste iconoclaste, atypique, et maniaco-dépressif complètement déconnecté de l’industrie musicale et de ses travers. Si Universal est un hypermarché Carrefour, Johnston est le gars qui cultive 3 plans de tomates au fond de son jardin.
Dès 9 ans, il chante derrière sa tondeuse à gazon (pour ne pas qu’on l’entende), et il attendra d’être ado pour s’enregistrer chez lui sur un magnétophone à cassette, derrière un piano ou une guitare. Il chante d’une voix adolescente et chevrotante des textes fantaisistes et tragicomiques sous influence Beatles. Sans le savoir, au début des années 80, il invente le Lo-Fi. Il produit ses petites cassettes où il dessine les jaquettes. Il les duplique et les donne gratuitement à des magasins de disques. Eux, pas cons, commencent à les vendre et ces bandes deviennent hyper recherchées ! Quelques années plus tard, après un passage sur MTV, Daniel Johnston devient culte pour toute la génération 90’s : de Sonic Youth à Sparklehorse en passant par Kurt Cobain.
Le stimulus créatif et dépressif de Daniel Johnston se prénomme Laurie Allen. Du jour où il pose son regard sur Laurie Allen, il en tombe éperdument amoureux. Mais cet amour, l’amour d’une vie, ne sera jamais partagé par la jeune femme. Laurie devient alors l’unique obsession de Daniel. L’intégralité des chansons de « Songs of Pain » et « More songs of Pain » tourne autour de Laurie. Sur cet épisode vécu comme une tragédie, il dit : « Mon pire cauchemar était que je ne puisse plus écrire de chansons sur elle et puis j’ai vu un reportage à la télé sur ce gars qui harcelait une femme et ils demandaient ‘Pourquoi embêtez-vous cette femme tout le temps ?’. Et il leur répondit ‘Je l’aime’. Ça m’a frappé, parce que je me disais ‘C’est moi ? Est-ce tout ce que je suis pour Laurie ?’ ». La réponse fait mal. Quelques années plus tard, Laurie se marie avec un croque-mort. Daniel en fera une chanson : “My baby cares for the dead”.
Le témoignage de « l’histoire » entre Laurie et Daniel est raconté par lui – même dans le film « The Devil and Daniel Johnston ». On ne peut s’empêcher de verser une larme sur la vulnérabilité de ce personnage et l’immensité de l’amour éprouvé pour cette fille :
L’œuvre de Daniel Johnston est passionnante, pure et sincère, tant dans la musique que dans le dessin. Son « Jeremiah The Innocent », la grenouille qui dit « hey, how are you ? » est devenu culte. De nombreuses expositions aux Etats-Unis et en Europe lui ont été consacrées entre 2006 et 2010.
En dépit de son instabilité mentale, de sa maniaco- dépression et de ses internements psychiatriques, Daniel Johnston continue sa carrière de compositeur lo-fi sur disque et en concert.
Le documentaire « The Devil and Daniel Johnston » est à voir. Le DVD est quasi introuvable. Un biopic devrait bientôt lui être consacré.
Daniel Johnston - True Love Will Find You in the End (1990 version)
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