Le "nouveau"gouvernement tunisien :
on prend presque les mêmes et on recommence ?
Le premier ministre tunisien a composé le nouveau gouvernement qui a pour tâche déclarée de préparer des élections démocratiques. Tous les partis qui le souhaiteront pourront être légalisés. Cependant c'est toujours le parti de Ben Ali, le RCD qui est au pouvoir avec une ouverture à des dirigeants de l'opposition légale que Ben Ali avait accepté pour accréditer l'idée que son régime était démocratique. Selon la presse un millier de personnes sont descendues dans la rue dans la matinée dans le centre de Tunis pour demander au RCD (Rassemblement constitutionnel démocratique), parti de Ben Ali, de quitter le pouvoir. Certains, dans la foule, disaient ne pas accepter que des membres du gouvernement en place sous Ben Ali figurent dans la nouvelle coalition dite d'union nationale mais qui exclut les "vrais" opposants qui ont été pourchassés, interdits voire emprisonnés ou torturés par le dictateur. "A bas le parti de la dictature!" et "Dehors le RCD!",ou encore "RCD dégage !" scandaient les manifestants. Les forces de l'ordre du gouvernement ont fait usage de canons à eau et de gaz lacrymogènes et tiré des coups de feu en l'air pour disperser la manifestation. Les ministres de la Défense, de l'Intérieur, des Finances et des Affaires étrangères conservent leurs attributions dans le nouveau gouvernement c'est dire que ce gouvernement est dans la continuité de la dictature même si il est obligé de tenir compte d'un rapport de force qui est en sa défaveur. Trois dirigeants de l'opposition qui avaient fait allégeance toutefois à Ben Ali font leur entrée. Najib Chebbi, fondateur du Parti démocratique progressiste (PDP), devient ministre du Développement régional. Moustafa Ben Jaafar, président du Forum démocratique pour le travail et la liberté (FDTL), obtient le portefeuille de la Santé; et Ahmed Ibrahim, du parti Ettajdid, récupère celui de l'Enseignement supérieur.En ce qui concerne ce dernier parti, certains le présente comme communiste. Il n'en est rien puisque ses dirigeants ont décidé en 1993 d'abandonner la lutte pour le communisme et d'obtenir en échange la légalisation par Ben Ali. Ce parti a abandonné depuis longtemps donc la lutte pour le communisme en Tunisie ce qui n'est pas le cas du Parti communiste des ouvriers tunisiens (PCOT) qui lui est toujours interdit et dont le dirigeant, Hamma Hammami a été arrêté il y a quelques jours puis relâché grâce à l'insurrection du 14 janvier.