Difficile d’écrire la critique de l’avant-dernier roman de Philip Roth, The Humbling, paru en octobre 2009. Difficile car l’impression est mitigée, comme c’est rarement le cas avec le reste des ouvrages de sa prolifique carrière. Difficile aussi d’en dire beaucoup sans trop en révéler sur l’histoire même, dans un roman de 140 pages découpé en 3 chapitres, tels les actes d’une pièce de théâtre.
Car l’humiliation (humbling) subie par Simon Axler vient du théâtre, dont il était l’un des monstres : il a perdu son talent. A 60 ans, pschitt, disparu, ce don qui lui a permis durant des décennies de chauffer les planches, les têtes et les cœurs de ses spectateurs. Avec son talent, s’en va pour lui le sens de la vie, accompagné à la sortie par sa femme. Débordé par des pulsions suicidaires, Axler va d’abord tenter de les réfréner en s’imposant un court séjour en hôpital psychiatrique, mais ne s’en sortira que plus tard et provisoirement. Avec l’arrivée impromptue d’une universitaire lesbienne, fille d’anciens camarades de scène, qui cherche elle aussi à effacer des cicatrices en se frottant à la peau d’un homme, Axler pense avoir trouvé le remède à son mal-être, sinon à sa perte.
Vieillesse, sexe et mort. Des thèmes essentiels, et chers à Philip Roth, dont on ne sait pourtant trop ce qu’il cherche à en dire, malgré une écriture toujours aussi maîtrisée. La forme est là, mais le fond laisse à désirer, entre passages plus ou moins grotesques et parfois un manque de crédibilité. Sans compter une certaine prévisibilité de l’intrigue. De quoi prendre, si l’on osait y croire, cette histoire de perte de mojo pour un récit un brin autobiographique. Mais Roth, tout comme son personnage, est l’un des derniers monstres de son domaine. Espérons donc que son ouvrage suivant, Nemesis, nous démontre que, contrairement à Axler, sa faiblesse est passagère.