ETATS-UNIS, 1947
Editions Moisson Rouge
Voici d'une des oeuvres emblématiques de David Goodis, écrivain maudit, chantre du roman noir américain. Ayant vécu une vie de paria (il vécut jusqu'à sa mort chez ses parents, en sombrant dans l'alcoolisme), c'est un auteur oublié aux Etats-Unis.
Heureusement, François Truffaut a adapté Tirez sur le pianiste ! et depuis, la réputation de Goodis en France ne fait que grandir.
Cassidy's girl est une parfaire illustration de ce qu'est un roman noir ; le portrait d'une figure tragique, confrontée à son destin, qui ne fait que l'enfoncer dans la bout...
L'intrigue est simple ; Cassidy, ex sportif de haut niveau et ex pilote de ligne erre dans les bars des docks de Philadelphie depuis qu'il a été l'unique rescapé d'un accident d'avion dont il n'était pas responsable...mais il a été déclaré coupable. Depuis, il est chauffeur d'autocar et s'est marié avec une femme fatale, Mildred, qui ne fait que reluquer les autres hommes. Au bar, chez Lundy, alors que Mildred courtise un autre, Cassidy est attiré par Doris, une jeune femme timide qui n'a que la bouteille pour compagne...
Cassidy rêve de lui faire "quitter sa bouteille" et qu'ensemble, ils reconstruisent quelque chose de stable...Mais le destin semble s'acharner....
Ce que j'aime chez Goddis, c'est la simplicité magistrale de l'intrigue, admirablement construite (une situation de départ sordide, une porte de sortie possible puis....). Aucune fioriture, il va à l'essentiel et n'en fait que davantage ressortir l'épaisseur de ses personnages. Aucun scénario alambiqué, juste un homme partagé entre deux femmes.
On fait corps avec leurs rêves impossibles, leur chute, leur bien-être dans la boue.
Le tout présenté dans une atmosphère glauque tout en clair-obscur, sur les quais brumeux des docks de Philadelphie. La lumière est cette alcool démoniaque qui éclaire et brûle les âmes jusqu'à la damnation.