Claire Fercak
illustrations de Adrien Albert
L'école des loisirs
46 pages
Résumé:
De ce côté-ci du lac vit Louga, poupée de porcelaine aux cheveux de Nylon noir. Sa robe est en lambeaux et son genou brisé. Son coeur aussi, depuis qu’une petite fille l’a égarée dans la forêt. Alors, à l’aide d’une craie blanche, Louga dessine sur le sol une maison imaginaire, dans laquelle elle pourra visiter le monde. Croiser des libellules transparentes comme du cristal et même enfermer des fantômes dans les placards. Rêver sa vie, seule, toute seule. Sauf que de ce côté-ci du lac vit William, l’homme-arbre. Lui aussi a le coeur brisé, lui aussi est enfermé dans un corps, imposant et maladroit. Et lui aussi voudrait habiter ailleurs. Peu importent ses branches encombrantes, peu importent les sangliers dangereux ; tous les deux, ils sont faits pour vivre ensemble. Mais de ce côté-ci du lac, la tempête gronde, prête à tout emporter sur son passage…
Mon commentaire:
Louga et la maison imaginaire est l'adaptation d'une fiction radiophonique intitulée Conte noir de la poupée que l'auteur avait écrite pour France Culture.
Louga est donc une poupée qui a un passé difficile et qui a été égarée près du lac. Elle doit faire face à toutes sortes de choses, que ce soit ses propres sentiments ou les dangers extérieurs. L'auteur nous offre un court roman aux éléments fantastiques, qui se rapproche de la légende. Les enfants y verront une jolie histoire sur l'imagination, une histoire de poupée, d'arbre et d'ourson; alors que les adultes pourront y voir une métaphore de la vie et de ses épreuves, du courage qu'il faut pour continuer d'avancer.
Naturellement, on peut interpréter le conte à notre façon. Pour moi, Louga fait face aux choses en utilisant son imagination. Dans la maison, il y a un "placard à soucis" où elle peut glisser ce qui la chagrine. Son histoire est une fable sur la solitude, l'amitié et la capacité de faire face aux éléments ou de faire des choix. La traversée du lac à la fin prend alors tout son sens.
Les illustrations comprises dans le roman sont très monochromes, il n'y a que Louga qui se démarque du décor dans lequel elle évolue. Les couleurs s'accordent parfaitement à l'histoire, elles sont un peu sombres, un peu grises, comme quand la vie nous apporte des raisons de s'interroger, de se sentir un peu seul.
Louga et la maison imaginaire est un court texte puissant et très symbolique. Il propose à travers son histoire de nombreux éléments de réflexion et donne lieu à plusieurs interprétations. Je vous ai livré ma perception toute personnelle de ce texte qui a su grandement me toucher. J'espère que vous aurez envie de découvrir à votre tour l'histoire de Louga.
Un extrait:
"Le placard était peuplé de fantômes. Dans ce placard, on déposait les soucis. Les parents méchants, les soeurs qu'on n'aimait pas. Les coups, les cris, la tristesse. La ceinture qui claquait sur les fesses et la solitude aussi." p.17