Médiévale, marchande, sainte et savante
Etroites ruelles pavées bordées de maisons à pans de bois et de petites boutiques, de portails sculptés, de fenêtres à meneaux qui, çà et là, accrochent le regard, les murs de la vieille ville racontent le passé médiéval de Billom. Important site patrimonial en Auvergne, le Billom médiéval témoigne d'un riche passé politique, commercial, intellectuel et religieux.
Billom médiévale
Les maisons à pans de bois du centre ancien de Billom, datées du XVe siècle et du début du XVIe, sont pour la plupart, inscrites à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques. Elles sont bâties selon un système de construction assez simple, un assemblage de plusieurs pièces de bois remplies de hourdis ( remplissage qui obstrue le pan de bois ). Les poteaux verticaux reposent sur les sablières, des pièces complémentaires, les écharpes simples, obliques ou assemblées en forme de croix de Saint-André viennet ensuite s'intégrer dans cette structure verticale pour contreventer l'édifice. Suivant leur disposition, ces pièces de bois vont composer différents motifs géométriques.
Ces maisons étant très souvent destinées au commerce, des boutiques, en rez-de-chaussée, ouvrent sur la rue par des baies en arcades. En façade, les étages des maisons sont parfois décalés les uns par rapport aux autres. Le niveau supérieur " avance " au dessus du niveau inférieur formant des saillies que l'on nomme encorbellements.
Dès le XIIe siècle, la ville devient épiscopale passant des mains des Comtes d'Auvergne à celles des Evêques de Clermont. Ainsi, en 1180, l'Evêque Ponce accorde une charte de franchise aux habitants de Billom. Désormais, ceux-ci pourront élire des consuls pour administrer leur cité, avoir une maison commune mais surtout, ils seront autorisés a édifier une enceinte autour de l'église Saint-Cerneuf. Pourvue de tous ces attributs, Billom devient " Bonne Ville " d'Auvergne tout comme dix-huit autres dans la région.
Billom marchande
Au Moyen-Age, de nombreux marchands et artisans, tels les corporations des bouchers, des tisserands, des sabotiers, des forgerons, des teinturiers ou des tanneurs s'installent à Billom, le long de l'Angaud. Foires et marchés ont façonné l'identité de la ville depuis ses origines. La vocation commerciale de la cité daterait de l'époque de sa fondation : le nom celte de Billom, " Billomagus " en serait formé sur le radical " mag " qui signifie " marché ".
D'ailleurs, au XIXe siècle, Billom est surnommée " la Ville des marchés " car ici, tout se vend ou s'achète : beurre, oeufs, fromages, bestiaux, volailles mais aussi bois, sabots, bacholles ( grand récipient de bois dans lequel ont récupère le raisin lors des vendanges ), faïence, chanvre, laine...
Pour le blé, le marché se tenait sous la halle, construite assez tardivement pour une ville marchande, entre 1793 et 1795 puis détruite en 1970. La place qui porte son nom en conserve encore la mémoire.
C'est en raison d'importantes voies de communication desservant Billom que ces échanges commerciaux ont, ici, pu se développer. Dans les environs proches de Billom, des bornes militaires en pierre témoignent qu'à l'époque Gallo-romaine, la ville était située en bordure de la voie qui reliait Lyon à Bordeaux. Plus tard, au XVIe siècle, " un Grand Chemin " sera utilisé par les gens de guerre pour aller de Saint-Flour dans le Cantal à Billom. Aux siècles suivants, de nouvelles routes seront ouvertes en direction du Forez, puis de Courpière.
Billom la sainte
Quatre couvents vont s'établir dans la ville, les uns après les autres, autour de l'église Saint-Loup entre les XIIe et XVIIIe siècles. L'urbanisation de ce quartier de Billom qui fut longtemps un bourg à part entière, rival du quartier de Saint-Cerneuf, conserve encore des traces de la persistance de ces couvents également appelés " enclos ".
Aujourd'hui, malgré les remaniements et les changements de fonction de ces couvents, il est encore possible de retrouver quelques traces architecturales qui ont traversé les siècles. Ainsi, le couvent des Visitandines ne garde que la forme générale du bâtiment d'origine. En revanche, le couvent des Capucines a été préservé et l'on peut y repérer les restes de la chapelle qui s'organisent autour de la cour intérieure. Dans le périmètre du nouveau collège, les vestiges du couvent des Jésuites susbsistent toujours, notamment le quadrilatère formé par la chapelle et l'ancien cloître.
C'est à partir du milieu du Moyen-Age et plus précisément de la fin de la première croisade que deux chanoines originaires de Billom, ramenèrent la relique du " Précieux sang " à Billom. Dès lors, et jusqu'à la Révolution, la vénération du " Précieux sang ", conservé en la collégiale Saint-Cerneuf, donna lieu à des pèlerinages et, une fois l'an, à une importante procession. Ces rassemblements participèrent à l'enrichissement du quartier Saint-Cerneuf, générant une certaine hostilité de la part du bourg voisin groupé autour de l'église Saint-Loup.
Loin de la moindre querelle, les Jésuites, en 1555, seront les premiers à s'installer à Billom, suivis en 1559 par les Capucins puis par les Bénédictins en 1620 et enfin par les Visitandines en 1650.
Billom la savante
A la fin du XIIIe siècle, l'école du Chapitre, fondée au Moyen-Age et annexée à la chapelle Saint-Cerneuf, se développe fortement au point de se transformer en Université. Après Paris, Toulouse et Montpellier, elle est la quatrième université de France et compte jusqu'à 2.000 étudiants en arts, droit civil et droit canonique. Cependant, au siècle suivant, sans que l'on en connaisse véritablement la raison, l'université décline. C'est Guillaume Duprat, évêque de Clermont, qui rétablira la réputation de Billom comme ville enseignante, en fondant le collège des Jésuites, le 19 novembre 1558.
Dans cet établissement, le premier construit en France, ce sont les lettres qui sont enseignées : la rhétorique, les humanités ( études du Grec et du Latin ), la grammaire... le théâtre. Lors de sa construction, les plans du collège ont été inspirés de celui des cloîtres, des abbayes et des édifices militaires : il s'agit d'austères bâtiments organisés en quadrilatères autour de deux cours fermées. L'une est entourée par les salles de classe, l'autre, à usage domestique, est entourée par les bâtiments d'habitation. Ce type d'architecture deviendra l'archétype des collèges de Jésuites des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles.
Après quatre siècles de remaniements architecturaux dus à différentes affectations, dont l'école militaire préparatoire de l'artillerie et du génie de 1844 à 1963, le collège reste encore de nos jours, un imposant édifice.
En 1994, année de la construction d'un nouvel établissement scolaire, l'illustre collège des Jésuites a fermé ses portes pour devenir " l'ancien collège ". Désormais silencieux, le site conserve la nostalgie de son riche passé intellectuel. Sa réhabilitation à venir lui rendra probablement son animation d'antan, dans une ville qui perpétue tradition littéraire et théâtrale autour notamment de son festival " Billom en voix ".