Montluçon va connaître au XIIe siècle une importante période de prospérité sous l’influence des Sires de Bourbons. La cité médiévale regorge encore des charmes et des richesses hérités de cette époque faste pour la cité bourbonnaise.
Montluçon entre dans le domaine des Sires de Bourbon au XIIe siècle et la ville va alors connaître une période de prospérité, particulièrement sous le règne de Louis II de Bourbon au XIVe siècle puis au XVe siècle. Aujourd'hui encore, la cité ne manque pas de surprendre. A chaque coin de rue, maisons à pans de bois, façades sculptées, détails d'ornementation... vous révèlent charme et richesses.
Château des Ducs de Bourbon
L'évocation d'un château à Montluçon se retrouve dans des textes remontant au XIe siècle mais il faudra attendre Louis II de Bourbon, vers 1370, pour que soit édifier un véritable château. La Guerre de Cents Ans marqua profondément Montluçon et le château qui défendait partiellement la ville fut détruit par l'occupant anglais. Le projet de Louis II de Bourbon avait un objectif principalement défensif. Il était accompagné de deux rangées de remparts, l'une autour du château, l'autre, ceinturant la ville, en place de l'actuel boulevard de Courtais. Cette muraille, le “ cingulum majus “, n'était ouvert que de quatre portes. Cette muraille de défense extérieure comportait 41 tours, ce qui présentait un impressionnant système défensif qui se voulait dissuasif. En effet, Montluçon se trouvait à la croisée des voies de communication, ce qui faisait d'elle une potentielle cible pour les Anglais et les bandes de brigands.
Maisons de la cité médiévale
A l'intérieur de la première couronne défensive, le “ breve cingulum “, ont été construites de nombreuses maisons à pans de bois, datant du XVe siècle. La cité médiévale de Montluçon, marquée par une certaine unité architecturale, conserve encore quelques-unes de ces maisons, notamment dans le quartier Saint-Pierre.
Eglise Saint-Pierre
Edifice roman datant du XIIe siècle, l'église Saint-Pierre possède des influences auvergnates mais aussi berrichonnes, notamment avec sa voûte en berceau lambrissée. Elle a été remaniée à l'époque gothique et à l'époque classique avec une très belle porte du XVIIe siècle au sommet de laquelle trône une statuette en bois de Saint-Pierre.
A l'intérieur, dans le transept, à droite du coeur, sont exposées trois statues, classées Monument Historique : l'une des plus belles sculptures de France, Sainte-Madeleine, exécutée par Michel Colomb, Sainte Barbe et une remarquable Vierge de pitié.
Sainte Barbe : statue en pierre du XVe siècle. Enfermée dans une tour par son père jusqu'au jour de son mariage, elle refusa le prétendant choisi par ce dernier et renia par là même sa religion païenne pour se convertir au christianisme. Elle endura alors d'atroces souffrances et son père finit par la faire décapiter. Il fut aussitôt foudroyé par un éclair divin. Ses attributs sont la tour dans laquelle elle a été enfermée et la Palme des Martyrs en référence aux douleurs qu'elle endura.
Sainte Madeleine : statue en pierre de la fin du XVe siècle. Elle se tient debout, le corps légèrement cambré, la taille enserrée dans un corselet de l'époque Louis XII. Son attribut est un pot de parfum ou un pot à onguent qu'elle utilisa pour oindre le corps du Christ à la descente de la croix.
Vierge de pitié : statue en pierre de la fin du XVe siècle. Cette sculpture est à la charnière entre le Moyen-Age et la Renaissance, ce qui est marqué par une nette évolution dans l'expression des sentiments sur le visage de la Vierge en comparaison avec la statue de Sainte Barbe. Le Christ y est disproportionné car à l'époque, ceci était une façon de donner de l'importance à un personnage.
A droite de l'église Saint-Pierre, se trouve l'une des plus belles maisons du quartier : la maison des douze apôtres. Autrefois, douze statues, représentant chacun des apôtres, étaient sculptées sur les pans du premier étage. Toutes ont malheureusement été détruites lors de la Révolution mais ont peut encore y deviner leur emplacement. Un serpent est sculpté sur l'une des façades de la maison. En face, de couleur vert pâle, une maison présente un double encorbellement, avancée qui permettait à ses occupants de gagner de la place à chaque étage. Ce système de construction avait ainsi l'avantage d'amoindrir l'impôt basé sur l'emprise au sol des bâtiments.
A gauche de l'église Saint Pierre, on peut apercevoir la Fontaine aux Lions, ancienne grotte fontaine, dont on peut remarquer l'arc en grès qui atteste de sa première construction au XIIe siècle. Elle fut modifiée au XIXe siècle avec de la pierre de Volvic. Deux têtes de lion en fonte ornent sa paroi. Autrefois, des vertus bénéfiques étaient attribuées à cette fontaine. Peut-être est-ce l'origine d'un adage qui dit : " Nez des lions tu mouilleras, Bonheur, toute l'année, tu auras ".
Eglise Notre Dame
Edifice inachevé, l'église gothique Notre-Dame conserve un transept et une absidiole romane. Elle permet de découvrir l'évolution du style gothique, particulièrement visible par le tracé des baies qui s'amplifie d'Est en Ouest. Construite de la fin du XIVe siècle à la fin du XVe siècle sur l'emplacement d'une église romane dont il subsiste quelques vestiges, elle a été légèrement remaniée au XVIIe siècle avant de connaître une récente restauration. La façade montre un pan coupé qui était destiné à ne pas gêner l'entrée du château. Les vitraux, récemment restaurés, datent du XVIe siècle et sont classés Monument Historique depuis 1906.
De nombreux objets d'art peuvent y être admirés : les statues figurant le Christ attendant le supplice au calvaire et Saint-Jean Baptiste, une piéta et une représentation de Notre-Dame de Montluçon... de remarquables vitraux. Enfin, les superbes peintures murales qui parent l'intérieur de la chapelle du Sacré-choeur et notamment, les fresques de la Nativité et de la Cène.
Christ aux mains liées : statue en pierre de la fin du XVe siècle. Cette oeuvre, située à gauche en entrant, est particulièrement émouvante car elle montre les traits du Christ et ses yeux fermés, donnant ainsi une impression de souffrance et de résignation.
Saint Jean Baptiste portant l'agneau : statue en pierre polychrome de la fin du XVe siècle. L'attitude, les draperies sont sans raideur et bien sorties de la pierre. Le visage assez inexpressif révèle un artiste de second plan.
Piéta : statue en pierre de la fin du XVe siècle. Cette sculpture est assez différente des autres Piéta de par la tenue de la Vierge. En effet, elle ne se penche pas sur le visage de son fils et ne l'étreint pas, contrairement aux Piéta que l'on a coutume de voir.
Autour du jardin Wilson
Porte Fouquet : au XVIIe siècle, Louis XIV fit incarcérer son surintendant des finances Fouquet. La mère, la femme et les trois enfants de ce dernier eurent l'ordre de se retirer à Montluçon. Elles occupaient le château de la Gaieté, hors les remparts. Très pieuse, Mme Fouquet souhait réduire la distance qui la séparait de l'église Saint-Pierre et demanda d'ouvrir, à ses frais, un nouvel accès dans les remparts, pour se rendre plus rapidement à l'église. Ceci explique l'existence et le nom de cette nouvelle porte.
Jardin Wilson : ce jardin à la française, appelé jardin des remparts, a été créé en 1937 dans des jardins d'hôtels particuliers et inauguré en 1939 par Marx-Dormoy. De l'enceinte médiévale, il ne reste qu'une partie de la courtine car les fortifications ont été en très grande partie détruites au XVIIIe siècle.
Au fond du jardin, près du bassin, se trouve le buste d'André Messager, né à Montluçon le 30 Décembre 1853. Il fut l'un des plus grands compositeurs de l'école française d'opérette.
Autour de la place de la Fontaine
Place de la fontaine : cette fontaine semblerait être la plus ancienne source d'eau potable connue à Montluçon. A sa base, on a retrouvé une conduite d'eau émaillée de l'intérieur et enrobée de béton semblerait-il romain. Elle était autrefois composée de quatre bornes-fontaines accolées, avant d'être remplacées par la vasque octogonale actuelle faite en pierre de Volvic datant du XXe siècle.
Dans la rue de la fontaine, sur le linteau de la porte sise au n°5, le promeneur pourra découvrir la plus ancienne inscription retrouvée dans la cité médiévale. Ces quelques mots latin, datant de 1594 signifient : " en vous Seigneur j'ai espéré, je ne serai pas confondu éternellement ".
Autour du passage du Doyenné
Place Notre Dame : durant toute la période révolutionnaire, cette place fut dénommée place de la Liberté. Une guillotine y fut dressée; Elle portait l'inscription : " Tremblez, Aristocrates, je suis là en permanence ". Mais elle ne servit jamais. Le 25 mai 1792, un arbre de la liberté y fut planté en son centre.
Passage du Doyenné : ce passage date du XIIIe siècle. La voûte sous laquelle passe le promeneur, est une voûte d'ogives soutenue par de larges nervures reposant sur des corbeaux sculptés. Elle avait pour fonction de faire communiquer la maison du Doyen et la demeure des chanoines. Le passage tient son nom du Doyen du Chapitre Saint-Nicolas. Lorsqu'on lève les yeux, on découvre un arc en plein cintre encadré par deux colonnades surmontées chacune par un petit personnage représentant un musicien : c'est la fenêtre du doyen.
A l'époque, existaient deux églises de part et d'autre du passage : la chapelle Saint-Louis à gauche, dont il reste encore les contreforts et l'église Saint-Nicolas, située presque en face de Saint-Louis. Saint-Nicolas fut complètement détruite après la Révolution. C'est ici que se fait la transition entre la cité médiévale et la ville moderne.
Autour de la rue Grande
Grenier à sel : en 1341, Philippe VI décréta que le sel devait être taxé. En effet, les caisses du royaume avaient besoin d'être renflouées. Le grenier à sel à Montluçon, l’un des rares qui soient encore debout date de 1593. Il est maintenant transformé en un hôtel restaurant réputé pour être une très bonne table. Précisons qu'en pays de Grande Gabelle, dont faisait partie le Bourbonnais, on était tenu d'acheter son quota d'un minot ( 100 kgs ) par an et par famille, avec interdiction de revendre ce que l'on avait en trop.
Porte Bretonnie : cette petite place regorge de détails architecturaux tels la brûlerie de café installée dans une ancienne porte de la ville médiévale ou le magasin Landor dont les pans de bois aux couleurs vives rappelle que les boiseries étaient peintes à l'époque médiévale. Cette place qui remonte à la guerre de Cent Ans doit son nom au fait que les Anglais avaient établi ici leur campement devenu le " quartier des Bretons ".