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Napoléon et les femmes

Publié le 17 janvier 2011 par Dubruel

Pressé par le travail, il ne consacrera à la bagatelle que le temps minimal. Mais ce qu’il trouve à sa portée, il le prend, tout naturellement.Peu de phrases courtoises. Du mépris pour les femmes qui viennent s’offrir par un message porté par un valet. Il peut avoir des mots brutaux voire cyniques.

Il dira : «  L’amour n’est pas fait pour moi. » et  « Je ne veux nullement à ma cour de femmes. Elles ont fait tort à Henri IV et à Louis XIV. Mon métier à moi est autrement plus sérieux que celui de ces princes. Ma vraie maîtresse c’est le pouvoir. »

Frédéric Masson, académicien français de la fin du XIXème siècle, aurait compté (Napoléon et les femmes) 58 à avoir succombé, sans compter les anonymes qui assurèrent le repos du guerrier pendant ses campagnes.D’après Bonaparte lui-même sa première aventure sexuelle eut lieu le 22 novembre 1787 à Paris avec l’une des prostituées des allées du Palais-Royal (lieu de débauche réputé à l’époque). Cette aventure est révélatrice d’un des traits de son caractère. : la misogynie

Puis, en janvier-février 1795, il rencontrera à Marseille, chez sa belle-sœur Désirée Eugénie Clary. Le mariage a failli se faire. On peut sans doute dire que Napoléon aima cette femme toute sa vie. Désirée épousera le général Bernadotte (…que Napoléon ne supporte pas.)Lorsqu’il épousera Marie-Louise, fille de l’empereur autrichien François Ier, il le regrettera. C’était une erreur politique : les français gardaient un mauvais souvenir de Marie-Antoinette, tante de la nouvelle impératrice. L’Autriche ne devenait pas forcément une alliée sûre pour Napoléon et le tsar de Russie se vexa : l’affrontement avec la France devenait inévitable.

Son mariage avec Joséphine de Beauharnais :

Joséphine est née en Martinique, le 23 juin 1763 Elle connut Bonaparte par hasard en octobre 1795. Elle a 2 enfants. Elle est veuve et ruinée.Pendant la Terreur, pour raison politique, Joséphine a été en prison (aux Carmes) peu de temps. Son mari, lui, a été guillotiné.Bonaparte qu’elle avait sollicité pour ses affaires financières lui rend visite en son hôtel de la rue Chantereine. 15 jours après, c’est la liaison. Elle a plus de 32 ans (âge qu’elle veut dissimuler)Son mariage civil eut lieu à la mairie du 2ème arrondissement, Hôtel Mondragon sis 3 rue d’Antin(1) en mars 1797Il fut expédié en quelques minutes. Il eut lieu à 22 heures, avec deux heures de retard.

Leclercq, le maire, lût l’acte de mariage qui comportait une bonne demi-douzaine d’erreurs ou de faux témoignages : Joséphine s’était rajeunie de 4 ans. Par galanterie, Bonaparte s’était vieilli de 2 ans. Pour simplifier, le marié déclarait être né à Paris. Lemarrois, son secrétaire d’état-major avait dû se vieillir car il n’avait pas les 21ans réglementaires pour servir de témoin. Les autres témoins sont Barras, Tallien et CalmeletNapoléon passe au doigt de Joséphine un mince anneau d’or dont l’intérieur est gravé de ces deux mots : « Au Destin. »Joséphine signa l’acte de son vrai nom : Marie-Joseph Detascher. La salle existe encore. Elle est classée. Et elle est devenue le bureau du Président de la banque PARIBAS qui avait racheté cet hôtel en 1869.

Deux jours après son mariage, le général Bonaparte part seul rejoindre l’armée d’Italie.

Pendant les 18 ans qui lui reste à vivre, Joséphine ne souhaitera quitter Paris et surtout les fêtes, les diners, les réceptions qui y sont données. D’Italie, son époux lui adresse des lettres plus enflammées les unes que les autres. Il dira : je l’aime à la fureur.Pourtant, il semble avéré que, pendant cette période, lui comme elles ont eu des « aventures ».

Elle, avec Hippolyte Charles (l’adjoint de l’adjudant général Leclerc). Lui, successivement, avec une actrice, la marquise de Bianchi, la cantatrice Ricardi, une danseuse de 17 ans Thérèse Campini, et la fille d’un pelletier.Bonaparte demande à Joséphine de venir le rejoindre en Italie. Mais Joséphine exprime beaucoup de prétextes et tarde à entreprendre le voyage. Bonaparte, renseigné sur la vie menée par sa femme à Paris, commence à songer au divorce.

Durant la campagne d’Egypte, Bonaparte prendra comme maitresse Mme Fourès, dite « Bellilotte »(1), ex-apprentie modiste à Carcassonne, femme d’un lieutenant du 22ème chasseur à cheval. Il veut même répudier Joséphine pour l’épouser. Il y eut aussi une Mlle Guillebeau, Mme Pellapra, femme du Receveur Général du Calvados.

C’est en Egypte que Bonaparte prendra sa décision de rompre avec Joséphine. Mais cette dernière lui demandera habilement pardon. (Elle a 37 ans mais parait nettement plus âgée ; elle a aussi beaucoup de dettes…)

(1) nom de jeune fille : Marguerite-Pauline Bellisle

Le divorce

La mort de Napoléon-Charles a aboli les rêves d’hérédité que l’empereur avait formés.La naissance de Léon a dissipé ses incertitudes sur sa descendance. L’amour pour Mme Walewska a fait décroitre dans son cœur l’image de Joséphine.Lui, souhaite que Joséphine reste une amie, une confidente voire une conseillère et une éventuelle garde-malade. Mais de la conception de l’idée à sa réalisation : quel long intervalle !

L’homme au cœur de fer doit écarter sa femme et il n’y arrive pas. Talleyrand le pousse au divorce. 

Joséphine refusait de l’appeler Napoléon, prénom qu’elle trouvait ridicule et qu’elle prononçaitNapolioné. En Corse, on en fit Nabulione ou par taquinerie Rabulione, celui qui fourre son nez partout.

Parmi ses aventures, ses passades, citons : Mme Gazzani ou Gazzana ( à Gênes, chanteuse ou danseuse au Grand Théâtre, à l’opéra Mlle Guillebeau vers 1808, Mme de Vaudey qui deviendra presque folle au point de proposer à Polignac d’assassiner lectrice de Joséphine. Joséphine passera d’ailleurs beaucoup de temps à faire espionner Napoléon sur ce sujet. Se succéderont néanmoins : Eléonore Revel, lectrice aussi mais elle, elle accouchera le 13 décembre 1806 d’un enfant de sexe masculin …qui ressemble vraiment beaucoup à Napoléon. Il y eut encore une Hortense, sa belle-fille (dont il aurait eu 3 enfants). Napoléon n’a pas de préjugés. Il se croit au-dessus du commun des mortels du fait de sa destinée d’exception.

Si Napoléon avait eu un héritier, les choses eurent été sans doute plus simples. Et Joséphine de crier sur les toits : « Ce n’est pas ma faute. » elle ira jusqu’à vouloir adopter pour assurer l’hérédité. Elle avouera au pape qu’elle n’est pas mariée religieusement…ce qui ajournerait la date du sacre (ce qui fut fait le 18 brumaire, puis au 1er et au 11 frimaire). Le cardinal Fesch finit par donner la bénédiction nuptiale aux deux époux.Avec Mlle George, si belle avec ses 17 ans, la relation sera plus longue (2 ans) bien que Napoléon lui sortira au premier rendez-vous : « Tu as gardé tes bas, tu as de vilains pieds. »

Une place privilégiée pour Marie Walewska : le 1er janvier 1807, se rendant à Varsovie, la voiture de l’empereur s’arrête à une maison de poste pour changer de chevaux. Parmi les clients de ce relais se trouve une jeune femme blonde, souple, la grâce même. Duroc la présente à Napoléon qui par la portière lui remet un bouquet de fleurs. La jeune femme est mariée à un homme de noble extraction, et même de haute lignée, très riche, âgé de 70 ans. C’est le seigneur de la région.

Trois années se passent, et Marie accouche d’un fils.

Peu après, Napoléon la forcera à venir à des diners puis à un bal à Varsovie. Il lui offre une guirlande de diamants. Elle la jette par terre pour tenter de la briser. Elle ne sera pas pour Napoléon une maîtresse de passage, elle sera une sorte d’épouse à côté. Elle ne participera ni aux dignités de la couronne ni aux splendeurs du trône. Elle sera l’ambassadrice de son peuple près de l’empereur, sa femme polonaise. Elle n’aime pas Napoléon mais sa patrie, la Pologne.

Marie arrivera à Paris début1808. Elle représente le grand amour, l’unique affaire de cœur de Napoléon. Un fils naitra le 4 mai 1810. Joséphine la reçoit à la Malmaison et couvre l’enfant de joujoux et de cadeaux. A une amie, Marie-Louise écrira : « Priez pour moi. Je suis prête à sacrifier mon bonheur particulier au bien de l’Etat (polonais) » Ce qui veut bien dire que pour elle ce mariage est une raison hautement politique, majeure, essentielle. On lui demanda son avis, mais pour la forme. D’ailleurs, Napoléon a 41 ans quand elle en a 18.

Jamais Napoléon n’a admis que sa femme puisse être la complice de ses ennemis. (L’amour est aveugle !) Faut dire que Marie-Louise joua son rôle à merveille, mieux que si l’on lui avait soufflé.

En 1814, Marie débarquera à l’île d’Elbe. En 1815, lors du retour de Napoléon, elle court le rejoindre è Paris. Mais quand Napoléon est embarqué pour Sainte-Hélène, elle se croit libre (Elle est veuve de Walewski depuis un an) et elle épousera en 1816 un cousin de l’empereur, réfugié à Liège : le général comte d’Ornano. Puis elle rentre à Paris et meurt le 15 décembre 1817.


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