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[Critique DVD] Affreux, sales et méchants

Par Gicquel

 De Paris, je ferais un portrait sans doute oléographique, beau, plein d’admiration, mais sans haine. Pour Rome, il y a aussi la haine ; je crois qu’il faut aussi ce sentiment pour faire un bon portrait. » Ettore Scola
[Critique DVD] Affreux, sales et méchantsDans la mémoire collective des cinéphiles, ce film revient souvent dans les discussions. Et le revoir aujourd’hui encore, procure les mêmes sensations qu’à sa sortie tant l’âpreté de la mise en scène et la teneur du récit, demeurent d’une actualité à toute épreuve.
Remplaçons le bidonville romain par un campement de fortune dans la banlieue parisienne, et c’est la même misère qui rejaillit, les mêmes problèmes sociaux qui affleurent, sans jamais connaître de résolutions satisfaisantes.
Pour éviter l’aspect documentaire, pourtant à l’origine du projet, Ettore Scola imagine son histoire à travers un personnage central, Giancinto qui règne en tyran sur sa famille : sa femme, ses dix enfants, les conjoints, les amants et la grand-mère, tous logés sous le même toit, dans un taudis pouilleux.

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Tous acceptent son autorité et sa mauvaise humeur, car notre homme possède un magot d’un million de lires – reçues en dédommagement après avoir perdu un œil – que chacun espère lui voler.
Et n’arrivant pas à leur fin, c’est la fin du despote qui est alors programmée par une famille tuyaux de poêle comme on n’en fait plus. Le patriarche acariâtre se saoule à volonté et violente les femmes autour de lui, sa fille tapine dans les rues de Rome, son fils se travestit en femme, sa belle-fille trompe son mari avec le frère de ce dernier, etc, etc.
Le titre du film n’est donc pas un leurre, mais sa mise en application est toute aussi édifiante, Scola ne faisant aucun cadeau à ses personnages qu’il décrit, vils et incultes.

[Critique DVD] Affreux, sales et méchants

Un regard déformé et burlesque du sous -prolétariat de l’époque dont l’existence renvoie à la société italienne, gangrenée par le pouvoir et l’argent. L’exemple le plus édifiant étant peut-être ici ce rappel à plusieurs reprises en fond de décor du dôme de Saint-Pierre, accusation explicite d’une collusion du cléricalisme romain et de la droite politique. C’est de l’humour très noir, qui personnellement m’a souvent faire rire, le type même de ce que l’on appelle encore aujourd’hui à tort et à travers « la comédie italienne ». Celle qui fait rire et sourire tout en grinçant des dents.
Et les comédiens, professionnels et amateurs, s’en donnent alors à cœur joie, et en rajoutent même dans le grotesque et le mauvais goût, guidé il est vrai par un Nino Manfredi des grands jours

[Critique DVD] Affreux, sales et méchants
Mais encore
 Très controversé à sa sortie, jugé « décadent » par une partie des critiques en raison de son caractère politiquement incorrect, « Affreux, sales et méchants » est aujourd’hui considéré comme l’un des grands classiques de la comédie noire à l’italienne. À l’instar de « La Grande bouffe » de Ferreri, il fait partie de ce que l’Italie a produit de plus critique, de plus dérangeant et de plus fort.
Avec : Nino Manfredi, Maria Luisa Santella, Francesco Anniballi
Producteur : Carlo PONTI


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