Le printemps tunisien en plein hiver
La situation est certes encore moyennement agitée. Les sbires de Ben Ali – parmi les membres de l’ancien service de sécurité présidentielle et de l’ancien parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique progressiste (RCD) – continuent de terroriser les populations civiles.
Hier soir, des échanges de tirs nourris ont été enregistrés dans plusieurs quartiers de Tunis et d’autres villes. Des éléments incontrôlables poursuivent leurs actes de pillage et de dégradation, ciblant des propriétés et des biens de la famille du président déchu, mais aussi des établissements publics et privés.
Les citoyens, qui ont décidé de reprendre aujourd’hui leur travail, sont écœurés par le spectacle désolant des destructions commises ces derniers jours.
Le réveil est brutal, mais des éléments positifs sont enregistrés, qui dénotent une normalisation progressive de la situation.
L’armée, déployée dans tout le pays, est très bien accueillie par la population. Les comités de quartiers veillent à l’ordre public et collaborent étroitement avec les forces de l’ordre dans la traque des éléments réfractaires de l’ancien régime.
Le Premier ministre Mohamed Ghannouchi va annoncer ce matin la composition du gouvernement d’union nationale où les principales forces po
Les médias, longtemps muselés, sont repris en main par les journalistes et contribuent aujourd’hui à l’effort national de stabilisation. La télévision nationale sert de courroie de communication entre le peuple et l’armée, informant en temps réel sur la situation dans toutes les régions et contribuant à la traque des mercenaires (dont plusieurs tireurs d’élite européens) à la solde du président déchu.
L’approvisionnement en produits de première nécessité (carburants, produits alimentaires…) est assuré par les commerces de proximité qui commencent à ouvrir, profitant du début d’accalmie. Les banques, les administrations, les entreprises et les divers établissements reprennent ce matin leur activité normale.
Les touristes européens, qui ont quitté précipitamment ces derniers jours les stations balnéaires du pays,
Ce peuple, qui a le sens de la mesure et du compromis, ne tardera pas à rétablir la paix civile et à se remettre au travail. Il reconstruira rapidement ce qui a été détruit et repartira de bon pied, inaugurant une nouvelle ère de liberté, de paix et d’ouverture sur le monde.
Dans ce processus, les pays occidentaux, y compris la Suisse, auront un rôle important à jouer, notamment en soutenant la démocratie naissante en Tunisie. Ce soutien peut s’exprimer de diverses façons: en aidant la nouvelle direction à reconstruire le champ politique et en appuyant la reprise économique, par la relance des échanges, des investissements et des flux touristiques.
Ridha Kéfi de Tunis
(*)Ridha Kéfi a collaboré avec plusieurs journaux et magazines. Il s’est fait un nom en Tunisie et sur le continent africain. Ces dernières années, il a travaillé comme responsable du service cultuel du quotidien Le Temps (Tunis), comme rédacteur en chef délégué à Jeune Afrique entre 1994 et 2006 avant de créer le magazine hebdomadaire L’expression. Actuellement, il est l’un des trois rédacteurs en chef de NewAfrican, un bimestriel basé à Paris et à Londres.
Et demain est un autre jour!