17 jan, 2011 par Ludovic Dublanchet
Le mirage de l’internet, c’est d’accéder à l’information à l’autre bout du monde, de chatter, dialoguer, jouer avec des amis, de la famille ou de parfaits inconnus distants de plusieurs milliers de kilomètres. Alexis Mons nous relatait d’ailleurs dans un billet de fin 2009 les recherches du Pew arguant que nos relations de voisinages se déroulaient non plus sur le palier de notre porte, mais sur nos réseaux sociaux.
Mais avec la multiplication d’informations, la multiplications d’amis et d’abonnés acceptés à la va-vite sur les divers réseaux et médias sociaux, voilà que l’on se retrouve à nouveau perdus et désinformés. D’où les agrégateurs, les curateurs (comme nous l’expliquait récemment Jean-Luc), et une interconnexion de plus en plus riche entre les outils, des segmentation d’amis, des listes, pour nous permettre de faire davantage le tri.
Autre élément manifeste d‘évolution, le géomarketing. On découvre à travers chaque étude une attente forte de la part des consommateurs que nous sommes sur des offres “autour de soi”, que ce soit en mobilité ou en fixe. Le moteur de recherche Google nous fournit des résultats en fonction de notre localisation, on checke sur Foursquare, on se localise sur Facebook Places ou Google Latitude, tant en craignant paradoxalement la divulgation d’informations personnelles, le Big Brother représenté par l’accumulation de ses données. La forte adoption de smartphones, objet intime s’il en est, équipés d’une connexion internet et d’une puce GPS est bien entendu un facteur fort d‘évolution. Eric Schmidt, PDG de Google disait récemment “Mobile first” et vient encore de le prouver récemment avec les évolutions notables de Maps et l’arrivée en Europe de Hotpot dont nous entretiendra Pierre Eloy mercredi.
Le lendemain, Foursquare nous annonçait également un produit à destination des commerces de proximité (lire l’excellent billet de l’excellent blogueur Kriisiis à ce sujet), venant compléter les Merchant Center ou Shopping de Google dont nous parlait Pierre Croizet dans son article sur les deals de Groupon et Cie.
Tous les outils permettant de nous informer de l’offre, voire des réductions consenties par les commerçants de proximité, sont en train de s’organiser, avant de probablement se concentrer très prochainement !
Et nous dans le tourisme, peut-on exploiter ce nouvel internet de proximité, ce besoin de se recentrer sur un environnement moins lointain, où le Bon Coin vient lutter contre eBay, où je peux afficher prioritairement les avis de mes “amis” sur Tripadvisor ou Dismoioù plutôt que ceux d’inconnus ?
A coup sûr, tant on voit d’ailleurs que le tourisme, comme l’analysent et le prévoient de nombreuses recherches en la matière, se porte de plus en plus vers la découverte de lieux et activités plus proches, sur des temps plus courts, au détriment du long voire du moyen courrier.
Et c’est ainsi que les Offices redécouvrent que leurs habitants constituent l’une de leurs principales clientèles, à l’image de Lyon et de son site spécifique que présentait Jean-Luc en juin dernier.
C’est ainsi que des hôteliers, des propriétaires de gîtes et chambres d’hôtes ciblent des campagnes Adwords hors saison non plus à destination des parisiens et étrangers mais sur la grande ville à moins de 100km pour le week-end qui suit.
C’est ainsi que l’on le bénévolat reprend un nouvel essor à côté de l’office avec les Greeters, que le commerçant ou le bar du coin devient le fournisseur officiel de wifi vers lequel renvoie l’office, bref, qu’un nouvel écosystème touristique local est en train de voir le jour.
La mission principale de l’Office de Tourisme du futur, souvent évoqué dans ce blog, pourrait être de devenir le grand ordonnateur de cet écosystème, de ce biotope local qui ne demande qu‘à être enrichi et organisé pour pouvoir y accueillir une clientèle adaptée. Accompagner les prestataires, organiser l’accueil, mutualiser la communication, bref, créer les “conditions écologiques” homogènes qui caractérisent un biotope, et qui rassureront, raviront, voire fidéliseront une clientèle. Encore faut-il bien identifier la nature de notre biotope (marais, désert, prairie, forêt, …) et donc les diverses espèces susceptibles de s’y développer, les possibles richesses qu’il pourra générer.
Alors, l’on pourra réfléchir ensemble si le meilleur engrais s’appelle adwords, ou facebook, ou autres, ou un savant mélange de l’ensemble, à quel moment l’administrer collectivement, s’interroger sur les dépendances vis-à-vis des fournisseurs de semences que peuvent induire tels ou tels engrais pour obtenir les meilleures récoltes, les plus durables.