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Leçons de philosophie : entre Hergé et Jacques Attali

Publié le 17 janvier 2011 par Mpbernet

tintinphilosophesJ'ai toujours regretté d'avoir "raté" mon année de philo, et je cours toujours après, cinquante années plus tard. C'est donc très à propos que je signale deux ouvrages particulièrement pertinents pour tous ceux qui s'intéressent à l'histoire des idées : le hors série de Philosophie Magazine consacré à "Tintin au pays des philosophes", et le dernier livre de Jacques Attali "Phares, 24 destins".

Ce matin, le plus facile ....Tintin au pays des philosophes. D'abord le format : comme les albums de Tintin, avec le dos carré nervuré et les deux pages de garde où sont représentés les contributeurs à ce hors série, tous dans des cadres dorés délirants, sur fond de papier-peint à rayures...

Et quels contributeurs ! Ils sont trente, de Michel Serres à Rapahaël Enthoven, en passant par Hector Obalk, Elisabeth de Fontenay, Serge Tisseron, Pascal Bruckner...Et tous - à quelque exception près - font l'effort de décrypter pour nous de manière accessible la signifiance des images sous-tendues, du discours politique, du contexte historique dans lesquelles se déroulent les aventures de Tintin. Ce n'est pas la première fois que je découvre des essais de ce type, mais c'est de loin aujourd'hui le plus abouti.

Et tous proclament leur passion, comme moi qui très longtemps avouais que l'essentiel de ma culture générale - vous savez, ce qui reste quand on a tout oublié - je l'avais acquis en lisant et relisant sans relâche  l'oeuvre de Georges Rémi. Car pas un été ne se passe, pour moi, sans la relecture de Tintin.

Tout y passe : on parle dans cet ouvrage de la raison, de la politique, de l'homme, du rire, de l'art. Et on cite à foison les ouvrages de Pierre Assouline, François Glansdorff, Philippe Goddin, Benoît Peeters, Numa Sadoul. Les fans découvriront que les idées professées par Hergé étaient tout sauf fascistes - et liront en filigrane les thèses de Curzio Malaparte dans "Le sceptre d'Ottokar", alors qu'il dessinait dans les années 30, que les clichés de l'Afrique si souvent reprochés à Tintin au Congo ne font que reproduire le prisme des idées coloniales du milieu catholique et conservateur de l'époque, comment Hergé a si bien pressenti non seulement l'arrivée de l'homme sur la Lune mais les ravages d'une communication non maîtrisée. Vraiment, de quoi se décomplexer devant tant d'analyses pertinentes - à part la contribution de Jean-Marie Apostolidès que je n'ai pas du tout comprise, mais comme disait le photographe de mon mariage à ma mère qui lui déclarait qu'elle n'aimait pas Picasso, "cela n'a aucune importance" -

Bref, à tous les amoureux de Rackam Le Rouge, de Tchang, de la momie Rascar Capac et même des affreux Rastapopulos et Lazslo Carreidas : il FAUT lire ce numéro hors série de septembre 2010 avant qu'il ne soit épuisé !


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