Face à eux, il y a les profs, tous différents; mais tous seuls , "capitaines abandonnés" de navires voguant plus ou
moins aisément sur cette mer agitée! Et puis, tu décris un prof en particulier. Ce prof, avec le temps est devenu un individu fatigué, sans espoir, dépressif et souvent malade. Oublié la passion
d'antan pour l'enseignement. Il est usé par la lourdeur du système, soumis à la désapprobation de la direction, des collègues, au mécontentement des parents, et il a fini par "
lâcher-prise" (la hantise de nombre d'enseignants, la mienne aussi!)
C'est aussi un homme frustré, pervers, avec une vie sexuelle quasi-nulle. Il se ratatine, s'auto-détruit, broyé par le
système et son manque de foi. Sa mutation en insecte finit de le rendre inexistant, inutile. J'aime ces personnages de anti-héros. Ils incarnent la lâcheté, la cruauté, l'égoïsme
parfois, le cynisme. Ils exorcisent notre peur face à notre part d'ombre plus ou moins assumée (« cacher le cracra » dit Souchon). Ils ont aussi un certain courage, celui qui consiste à
ne plus craindre le regard des autres, à plus chercher à plaire ou à être aimé!
Tu as choisi de faire se métamorphoser tes 2 héros en bousiers. Pas n'importe quel insecte, un bousier: Il se
nourrit des excréments des autres insectes....Et le bousier "adulte" meurt en sécrétant un liquide immonde. Tout un symbole d'une vie et d'une mort ratées ! Il me semble,
d'ailleurs, que tu parles beaucoup de ce dont on a honte, dont on ne parle pas; odeurs, sécrétions, pulsions, nos corps sont des organismes que l'on préfére oublier...
Faisant écho à l'aspect honteux de nos corps, il y aussi cette âme noire et sans scrupules, celle que nous
possédons tous, bien cachée dans les replis de notre cerveau, à laquelle nous sommes confrontés de temps en temps, et dont nous avons honte; un extrait de ton livre " Ne perds pas trop de temps à
ruminer des pensées pures. Le bleu et le rose n'esxistent que dans le ciel.....Et étouffe ta nostalgie! La nostalgie n'appartient qu'aux hommes!"
" Je devais m'efforcer d'être cruel. Me servir de cette cruauté. Me tendre tout entier vers l'exercice délicieux de la cruauté. Le temps de l'humanité était terminé pour moi"