Tata Ronkholz, série "Trinkhallen", 1978, Photographie, vintage print
Vous souvenez-vous que je vous ai déjà présenté cette exposition ?
Je reviens aujourd’hui sur ce sujet parce qu'en bonne compagnie, je l’ai revisitée et j’en suis pour une deuxième fois absolument ravie.
Si vous n’aimez pas la photographie, ce n’est peut-être pas la peine de vous y rendre. Ici vous ne verrez que des photos, dans la première partie uniquement du noir et blanc et dans la deuxième des clichés en couleur. Ce partage d’espaces n’est pas anodin : l’emploi de la couleur et du noir et blanc est un des aspects les plus intéressants de la photographie contemporaine et notamment en Allemagne à partir des années 1960. Formés par le couple Becher, aux Beaux Arts de Düsseldorf, les jeunes étudiants Andreas Gursky, Candida Höfer, Elger Esser, Axel Hütte, Thomas Ruff, Jörg Sasse, Thomas Struth, Götz Diergarten, Petra Wunderlich et Tata Ronkholz, dont on voit des séries exposées, explorent les possibilités du noir et blanc, mais bien sûr aussi celles de la couleur.
Stephen Shore, Swimming Pool, 1977
La deuxième partie de l’exposition au NRW-Forum est consacrée à Stephen Shore, artiste américain rencontré par Hilla Becher pour la première fois en 1973 à New York, et à ses sujets typiques, notamment la banalité du quotidien aux Etats-Unis, représentée à travers des petits clichés organisés en séries. Si on regarde avec un œil distrait les œuvres exposées, on ne s’aperçoit pas des rapports de filiation. Les jeunes allemands, qui ont connu Stephen Shore en Europe pendant les années 1970 reproduisent les traits marquants de la photographie américaine.
Parmi ces particularités, celle qui m’a frappée le plus est l’habitude de regrouper les clichés en séries, comme si un grand nombre de photographies pouvait être plus complet qu’une seule. Ou mieux: décrire les endroits explorés, intérieurs ou extérieurs, les décortiquer, en souligner les différences ou la monotone égalité. Je me suis aperçue que j’ai souvent le même réflex quand je prends en photo des paysages ou les détails d’une ville. Comme si je pouvais mieux cerner cette ville ou ce paysage en accumulant les clichés. Bien sûr, le résultat est bien différent de celui des artistes dont je suis en train de vous parler…
Une série en particulier est à signaler, celle que Candida Höfer consacre aux Turcs en Allemagne (1979) : le concept de la Nouvelle Objectivité est appliqué cette fois non pas à des intérieurs désertés, mais à des portraits. C’est la preuve que ces artistes, quoique très inspirés par leurs maîtres, ont su développer une démarche très forte et personnelle. Et c’est pour cela qu’ils méritent tout leur succès.
Différentes familles, amis, collègues, et individus posent face à leurs magasins très bien rangés, dans leurs maisons, dans la rue. On peut lire dans ces visages les signes du temps présent, reconnaître des expressions hors du temps, sourire des vêtements à la mode … on se rend compte que c’est ça l’art contemporain : savoir raconter des choses sur le monde actuel même si on est en train de voir des images d’il y a 30 ans.
L'exposition "Der rote Bulli" est malheureusement terminée!
Il restent les catalogues, qui sont très bien fait et que je ne possède pas encore...