Depuis quelques mois cependant un fait nouveau trouble leur vie. Robert entretient une : correspondance serrée avec sa jeune cousine Hester devenue orpheline et qui doit venir vivre chez eux en tant que secrétaire
Le récit commence à l’arrivée de celle-ci :
" La première chose que Muriel ressentit fut un soulagement railleur. Le nom – Hester Lilly- lui avait évoqué une fragilité souffreteuse, préraphaélite. Associée à la jeunesse, une telle vulnérabilité peut, par son aspect attendrissant, représenter un danger pour n’importe quelle épouse."
Dès qu’elle la voit cependant, elle se sent rassurée : la jeune fille n’est pas à son avantage, mal fagottée, désinvolte, provocante, tout le contraire de la jeune fille timide à laquelle elle s’attendait. Rassurée, elle décide de la prendre sous son aile et de la façonner à sa guise.
« Elle traversa le vestibule en hâte et appuya sa joue contre celle de la jeune fille avec un murmure affectueux. L’illusion les enveloppa ».
Tout est dit dans cette dernière remarque C’est ce que j’ai le plus apprécié pendant ma lecture: ces petites intrusions de l’auteur dans le récit, ces remarques cruelles qui mettent l’accent sur ce qui fait mal, qui dénoncent les apparences .
Une seule question et ses variantes se pose dès le début :l e couple tiendra-t-il ? Y aura -t-il trahison ? Qu’adviendra-t-il de chacun ? L’éditeur ajoute :
"Est-il plus facile de perdre les sentiments que l’on éprouvait ou de renoncer à ceux que l’on aurait pu éprouver."
Rien ne sera simple pour ces trois personnages condamnés à cohabiter avec des sentiments exacerbés mais le plus possible étouffés .
Pour ma part, j’ai oscillé tout du long dans mes réponses à cette question et je n’ai pas vraiment deviné la fin, assez logique pourtant vu l’endroit et le moment où se passe le récit
J’ai aimé par-dessus tout la manière brillante, vigoureuse, subtile dont Elizabeth Taylor mène cette histoire des plus banales .
Le seul bémol vient du fait que c’est plus une longue nouvelle qu’un vrai roman . En Angleterre elle est considérée comme telle et paraît avec d’autres récits plus courts.
Je n’ai donc pas pu adhérer vraiment aux personnages qui me sont restés très extérieurs. Mon admiration reste purement intellectuelle et c’est déjà ça. Vite que je lise d’autres livres de cette femme !
Hester Lilly de Elizabeth Taylor,Traduit de l’anglais par Jacqueline Odin, éd. Rivages, 124 p. (1954/2007)