C’est Darcy, hier, qui m’a donné une salle idée de billet. Plus précisément, c’est le commentaire que j’ai posé sur un autre billet (pinaise, ça c’est du coup de pub, je boude plus, hein !)
les destinations à la mode
J’y parlais des cons nés quelque part qui partent autre part, parfois, se dorer la pilule en pédalo dans des pays dont ils n’avaient que faire quelques années plus tôt. Plus précisément, eux qui partent en vacances en Croatie ou au Monténégro, serrés comme des sardines, entre gens bien blancs qui paient trois fois le prix pour tout, détruisent le peu de traditions qui restaient.
Je ne ressens que mépris pour ceux qui traitaient comme des sous-machin, des peuples à l’époque où ils étaient en guerre, où ils souffraient de la famine, où ils auraient eu besoin d’aide.
Je n’ai aucun respect pour eux
Aujourd’hui, ils s’intéressent à un pays parce que c’est la destination à la mode, que c’est pas cher et que ça doit être bien parce que tout le monde y va… avec les mêmes bus, les mêmes guides. Attention, des fois qu’on se ferait mordre par un local ! Puis j’ai cogité et je me dis que c’est peut être de notre faute, à nous, les backpackers.
La responsabilités des backpackers
Via couchsurfing, j’ai reçu un gamin de 20 ans qui a traversé la Mongolie à cheval, des mecs qui sont passé par l’Afghanistan, l’Iran, le Yémen. De mon côté, j’ai dormi dans des villages laotiens où ils n’avaient jamais vu un blanc, chanté, mangé des bananes offertes par des gens dans des bus locaux, porté des costumes traditionnels, marché, roulé, rigolé, le pouce en l’air parfois, pris des gamelles en vélo dans la terre. Mais toi qui lit depuis longtemps, tu le sais. Toi qui est un nouveau lecteur, va kiffer les archives !
Nous, backpackers, nous cherchons justement ces places sans cons, ces lieux encore intacts, ces gens vrais, ces instants magiques. Et on s’éclate.
Puis on en parle autour de nous
Puis on en parle sur Internet
Puis on donne envie à d’autres backpackers qui eux-mêmes donneront envie à d’autres backpackers et ainsi de suite jusqu’à ce qu’au bout d’un an ouvre une guesthouse, de deux ans un cyber, de trois ans le premier hôtel avec restaurant… et que cette terre soit de nouveau polluée par ces aventuriers en mousse des bus climatisés. Loin, loin dans le temps. Cinq ans à peu près. Pas si loin, en fait.
Ceux que l’on fuit marchent sur nos pas
Alors, les amis, profitons de ces décors magiques, profitons de ces visages, profitons de ces moments que nous offrent l’Humain et le hasard. Demain, ils viendront avec leur bétonneuses. Nous seront déjà partis loin de cette responsabilité que nous avons dans les dégâts causés sur le terrain par les bus, le tourisme de masse, les cons.
Et pendant que des gens seront privés de l’accès au bord de l’eau parce qu’il appartiendra au bitch beatch resort, et qu'ils seront obligés d'acheter des bouteilles qui pollueront leurs terres, nous nous rappèlerons combien la nature était belle et comment se laver à la rivière avec les gosses du village était plaisant.
Ceux que l’on fuit marchent sur nos pas.
Alors vivez, mangez cette route, ces rencontres, ces paysages et cette joie à pleines dents, ça vous évitera de parler. Non, on ne parle pas la bouche pleine. Alors vis dans ton sac à dos et tais-toi.
Surtout, tais-toi et marche.