Frédéric Dard
1ère partie
Celui qui connaît seulement son propre argument dans une affaire en connaît peu de choses. Il est possible que son raisonnement soit bon et que personne ne soit arrivé à le réfuter. Mais s’il est, lui aussi, incapable de réfuter le raisonnement de la partie adverse, et s’il n’en a même pas connaissance, il n’a aucune raison de préférer une opinion à une autre. La position rationnelle à adopter dans son cas serait la suspension du jugement, et faute de savoir s’en contenter, soit il se laisse conduire par l’autorité, soit il adopte, comme la majorité des gens, le parti pour lequel il éprouve le penchant plus fort. (2)
Dans le débat opposant l’athée au croyant, il convient d’adopter le principe de Mill de la discussion rationnelle. Si le croyant se sent mal à l’aise avec Mill, bon libéral et athée, il faut savoir que Thomas d’Aquin avait recours systématiquement au même principe invoqué par Mill avec sa fameuse méthode de la disputatio voulant que la controverse est le moyen par excellence pour parvenir au vrai; de telle sorte que tout argument, tout contre-argument ou objection, doit être présentée et passée au crible de l’examen critique. Thomas d’Aquin n’avait pas conscience de faire œuvre d’originalité puisqu’il puise sa méthode de disputation diretement chez Le Philosophe (Aristote, en particulier au début du livre B de la Métaphysique).
En plus du principe de discussion rationnelle, il faut également miser sur une version du principe de charité voulant qu’il convient de comprendre avec bienveillance les arguments de notre adversaire comme étant dignes d’intérêt puisqu’ils sont le fruit d’un être aussi intelligent que nous. En somme, les gens qui ne partagent notre point de vue ne sont pas pour autant des idiots, ce sont des personnes intelligentes, dignes de respect.
Cela posé, venons-en aux arguments en faveurs de l’athéisme que Claude Braun, dans Québec athée, énumère au nombre de dix (p. 37 à 39). Dans ce qui suit, je présente pour chaque argument en faveur de l'athéisme énoncé par Braun un contre-argument ou une objection. Le but est que le lecteur puisse mieux être en mesure de se faire une tête dans le débat opposant athéisme et croyance. Tout étudiant débutant en philosophie devrait se livrer au même exercice puisqu' il est fort formateur du point de vue de la pensée critique.
1. Le croyant est un athée qui s’ignore. Il est vrai qu’un croyant, un chrétien en particulier, n’adhère pas aux croyances des autres religions. L’athée ne comprend pas pourquoi les croyances chrétiennes seraient véridiques alors que celles des autres religions seraient fausses. Évidemment, ce premier argument rejoint le second, comme nous le verrons bientôt. L’objection athée veut en somme que le croyant pèche par incohérence : si les autres croyances sont fausses, celles du croyant devraient également être fausses; donc, par cohérence le croyant devrait être athée. L’athée est donc cohérent en rejetant comme également fausses les croyances de toutes les confessions religieuses. Le problème avec cette argument, évidemment, est que l’athée présuppose, sans l’établir, que toutes les croyances religieuses sont fausses.
2. Aucune religion n’a le monopole de la vérité; donc, il est parfaitement arbitraire d’en choisir une au détriment des autres. Comme je l’indiquais, cet argument est une variante du premier. Le même problème de tantôt se pose: on décrète péremptoirement qu’aucune religion n’est vraie. Tout ce que l'athée est autorisé à dire, dans les faits, ce que les religions présentent une diversité de croyances. Conclure, à partir de ce constat factuel, qu’aucune n’est légitime ou vraie n’est pas valable. La conclusion n’est pas déductivement valide car, même si la prémisse est vraie, la conclusion pourrait s’avérer fausse. La prémisse, en effet, rapporte ce que les gens croient suivant leur culture religieuse d'origine; là-bas, les gens croient telle et telle chose, ici telle et telle chose, etc. La conclusion, elle, concerne ce qui est vrai, indépendamment de ce que les gens croient. Dit autrement, du simple fait que les croyances religieuses divergent, on ne saurait conclure qu’il n’y a pas de vérité à ce sujet.
3. Dans toutes les religions, la description des dieux n’est pas cohérente. Ils sont en effet présentés comme étant parfaits, alors qu’ils posent des gestes démontrant qu’ils ne le sont pas. Cela vaut en particulier pour le Dieu chrétien qui est présenté tantôt comme miséricordieux mais qui, dans certains passages de la Bible, apparaît cruel et sanguinaire. Claude Braun ne cite aucun passage incriminant; on se contente uniquement de dire qu’il y a en a un peut partout, «selon le passage des révélations que l’on voudra consulter.» On aurait pu citer ce passage biblique tiré du prophète Isaie qui apporte de l'eau au moulin de l'athée : «Je suis Yahvé, il n’y en a pas d’autre. Je façonne la lumière et je crée les ténèbres. Je fais le bonheur et je crée le malheur. C’est moi Yahvé, qui fais tout cela.» (Isaïe, 45 6-7) On pourrait également citer les actes de violence, de guerre, des meurtres commis par les Israélites contre, entre autres, les Cananéens, etc. La question est alors la suivante : pourquoi raconte-t-on ces histoires d’une morale peu édifiante ? C’est que la Bible est un ouvrage déroutant qui n’est pas un livre d’histoire au sens moderne du terme voulant expliquer l’histoire événementiel et factuel d’un peuple, les Hébreux. La Bible relate l’histoire de sa relation entre un peuple et son Dieu, Yahvé. Il s’agit d’une «histoire sainte» comme on disait autrefois. Les auteurs des ouvrages qui composent cette bibliothèque qu’est la Bible cherchent à exprimer le sens de l’aventure du peuple juif en relation avec Dieu, la vérité étant secondaire pa rapport au sens de ces histoires. C’est pourquoi il est toujours risqué de prendre au pied de la lettre les récits bibliques. Ceux qu’on appelle les «fondamentalistes» interprètent littéralement ces récits. Josué arrêta-t-il dans sa course le soleil autour de la terre? (Josué, 10 12-13) Oui, affirment les fondamentalistes, car ce qui est écrit dans la Bible est littéralement vrai. Depuis longtemps, les exégètes bibliques ont appris à lire la Bible au second degré. Il faut apprendre à lire ainsi la Bible. Il n’y a rien de blasphématoire à dire que la Bible constitue une sorte de «fourre-tout» de la tradition hébraïque, bourrée de faussetés historiques. Encore une fois, ce n’est pas tant la vérité des récits qui est en cause que leur sens religieux. Les exégètes par exemple savent que le récit de création au tout début de la Genèse comporte bout à bout deux récits, filés comme une courtepointe, le récit «yahviste» de la création (Genèse 1 1-28) en sept jours, beaucoup plus récent que l’autre récit (vers 500 avant notre ère), le récit «élohiste» plus ancien (Genèse 2 4 et suivants), remontant à Salomon (1 000 avant notre ère). Dans le premier récit, Dieu y apparaît comme un être abstrait, un pur esprit («L’esprit de Dieu planait sur les eaux») ; dans le second, Dieu est anthropomorphisé («J’ai entendu ton pas dans le jardin…») Une lecture éclairée et intelligente de la Bible exige qu’on tienne compte des découvertes de l’exégèse. En ce sens, le type de lecture qui est exigé de la Bible répond au principe de charité admis tantôt. Ce principe étant admis ainsi que celui voulant que ce que vise les auteurs de la Bible ce n’est pas tant la vérité que le sens des événements relatés, je crois qu’il est possible de justifier les multiples contradictions apparentes que l’on y rencontre.
4. Les dieux sont anthropomorphisés. Ce sont les hommes qui les ont inventés de sorte qu’ils se mystifient eux-mêmes. En un sens, la réponse à la question de savoir si ce sont les hommes qui ont inventé les dieux est du ressort des sciences des religions. Mais c’est une question extraordinairement difficile à répondre de telle sorte que les sciences des religions ne l'abordent pas directement. Elles préfèrent plutôt parler de «l’expérience du sacré» qui se trouve être au cœur de toutes les religions connues. Le grand historien des religions, Mircea Eliade, a proposé le terme hiérophanie pour désigner l’irruption du sacré dans la vie des hommes qui les rassemblent pour ainsi dire en société. On se souvient peut-être du film Les dieux sont tombés sur tête (Jamie Uys, 1980) dans lequel un petit chasseur bochiman reçoit sur la tête, tombée d’un avion en vol, une bouteille de Coca-Cola. Évidemment, pour la tribu africaine du chasseur, sans contact avec la civilisation occidentale, la bouteille de Coca-Cola, parfaitement profane à nos yeux, deviendra pour eux source de hiérophanie, c’est-à-dire de sacré, par où, donc, les dieux se manifestent. Évidemment, pour le spectateur occidental, les dieux n’existent pas car nous savons pertinemment comment se fabriquent les bouteilles de Coke; ce ne sont que de simples mortels comme les Bochimans qui les fabriquent. La question de l'existence des dieux est ici vite résolue.
Pour compliquer quelque peu le cas afin d'avancer dans notre réflexion sur cette question complexe, ayons recours à la parabole que l’ex-athée, Anthony Flew, a proposé dans There is a God. How the World’s Most Notorious Atheist Changed His Mind (3), ouvrage dans lequel le philosophe britannique explique son changement de fusil d’épaule après cinquante ans d’athéisme pur et dur. Voici la parabole que propose Flew :Imaginez qu’un téléphone relié à un satellite de télécommunications est rejeté sur les rivages d’une île habitée par une tribu qui n’est jamais entrée contact avec la civilisation moderne. Les indigènes tapent sur le clavier numérique du combiné et entendent des voix sortir du téléphone. Ils croiront, de prime abord, que les voix proviennent de l’appareil lui-même. D’autres plus futés – les scientifiques de la tribu – parviennent à reproduire une réplique exact du téléphone et composent les mêmes numéros sur le clavier. Ils entendent les mêmes voix à nouveau. La conclusion s’impose d’elle-même : l’amalgame spécifique que constituent les cristaux, les métaux et les processus chimiques produit ce qui ressemble à des voix humaines; par conséquent, les voix sont produites par l’appareil lui-même.Un sage de la tribu convoque les scientifiques à une discussion. Depuis longtemps, il réfléchit à toute cette affaire et il en est venu à la conclusion suivante : les voix entendues dans l’appareil proviennent en réalité de gens comme eux, des gens qui vivent comme eux et qui ont un esprit comme eux, mais qui s’expriment dans une autre langue. Aussi, au lieu de penser que les voix sont le produit des propriétés du combiné, il suggère aux siens d’étudier l’hypothèse suivant laquelle ces voix proviendraient en réalité d’un réseau mystérieux de communication et seraient celles d’autres humains comme eux. Mais les scientifiques se moquent du conseil du sage et lui disent : « Écoute. Lorsqu’on fracasse l’appareil, les voix se taisent. Par conséquent, les sons ne sont rien d’autre que l’amalgame spécifique du lithium et des circuits électroniques ainsi que des diodes luminescentes. (4)
Par le biais de cette parabole, l’ex-athée invite ceux et celles qui pensent que le monde n’a pas besoin d’une explication faisant appel à une source transcendante – à des dieux -, qu’il se suffit à lui-même, et que la vie est apparue par hasard de la matière inerte, à réviser leur point de vue, car leur attitude pourrait bien être celle des «scientifiques» de la tribu, qui est celle de l’athéisme dogmatique. L’existence d’une ou de plusieurs divinités n’a rien de farfelue et paraît parfaitement raisonnable.
Une position plus ouverte et plus raisonnable que l’athéisme consisterait à dire: « Je ne sais pas si Dieu (ou les dieux) existe. Après tout, il n’est pas impossible qu’un jour on sache qu’il existe. Pour le moment, je n’ai aucune raison m’autorisant à croire que cela ne sera pas possible.». Cette position, qu’on pourrait qualifier d’«agnosticisme ouvert» comporte trois avantages par rapport à l’athéisme : 1) elle est davantage ouvert et plus respectueux des opinions en matière religieuse; 2) c’est une croyance raisonnable même si elle peut s’avérer fausse; enfin, 3) n’exclut pas la prière. Examinons brièvement ces trois avantages.
D’abord, une croyance peut être rationnelle tout en étant fausse. Une personne atteinte d’un cancer se croyant en parfaite santé se trompe sous prétexte qu’elle a reçu deux diagnostics d’oncologues l’assurant qu’elle n’a pas le cancer. Même si sa croyance est fausse, elle est rationnelle : deux diagnostics le prouvent.
La croyance en Dieu est rationnelle, même si on ne sait pas si elle vraie (ou fausse), et il est légitime de l’enseigner. Il ne serait pas souhaitable de s’opposer à l’éducation religieuse des jeunes. La formation des enfants s’avère en effet incomplète sans récits fondateurs et rites «hiérophaniques», dont ils sauront, à l’âge adulte, faire la part des choses. D’ailleurs, il n’y a rien d’irrationnel à militer à l’intérieur d’un parti politique ou d’une société civile; même chose pour le croyant.
Enfin, aussi étonnant, voire paradoxal, que cela puisse sembler, l’agnosticisme ouvert laisse place à la prière. Prier Dieu (ou les dieux) pour que leur existence devienne claire n’est pas si irrationnel qu’il le paraît de prime abord. Après tout, celui ou celle qui crie à l’aide alors qu’il n’y a personne aux alentours agit de manière parfaitement rationnelle. L’agnostique ouvert aussi demande de l’aide afin qu’on l’éclaire, que Dieu existe ou non. Si Dieu existe, Il lui répondra.
5. Ne pas croire en Dieu n’a aucun impact sur nous. Si l’on viole un précepte religieux, rien ne nous arrive. En somme, il ne fait aucune différence si Dieu existe ou non. Des philosophes existentialistes, tels Jean-Paul Sartre et Albert Camus, soutenaient que si Dieu n’existe pas, alors la vie est absurde. Toutefois, contrairement à l’argument de réduction par l’absurde, ces existentialistes athées ne concluaient pas que, par conséquent, Dieu doit exister, mais plutôt que l’existence est absurde, L'existence serait en effet dépourvue de but, de finalité; dénuée de sens. Déjà Shakespeare faisait dire à Macbeth, «La vie [n’est] qu’une histoire dite par un fou, pleine de fracas et de furie, et qui ne signifie rien…» (Macbeth, Acte V, scène 5). Mais le programme de l’existentialisme n’est pas si noir qu’il ne paraît. Sartre en particulier veut que notre seul «but» ou «finalité», réside dans notre liberté, à savoir qu'il s'agit de donner un sens à ce qui n’en a pas. Non seulement l’homme, mais l’univers dans lequel nous habitons, ne possède aucun sens. Comme l’écrit Russell de son côté :
Dans l’univers visible, la Voie Lactée n’est qu’un minuscule fragment dans lequel s’insère le système solaire qui n’est qu’un grain infime dans lequel, à son tour, notre planète n’est qu’un point microscopique. Sur ce minuscule point, des mottes infinitésimales composées de carbone et d’eau, pourvues d’une structure chimique complexe, rampent quelques années seulement à la suite de quoi leurs éléments se dispersent à nouveau .(5)
Contrairement à ce que l’argument athée affirme, la non-croyance en Dieu a d’énormes conséquences touchant l’existence humaine. Affirmer que Dieu n’existe pas a pour conséquence que ce qui est bien ou mal devient une affaire personnelle, subjective. C’est d’ailleurs ce que soutenait par souci de cohérence Russell. C’est ce qu’on appel le «subjectivisme moral». Écoutons Russell.
Quand un homme dit : « Ceci est bon en soi », il paraît affirmer un fait, tout comme s’il disait : «Ceci est carré » ou « Ceci est sucré ». Je pense que c’est là une erreur. Je pense qu’il veut dire en réalité : « Je souhaite que tout le monde désire ceci », ou plutôt:« Puisse tout le monde désirer ceci ». Si l’on interprète ses paroles comme une affirmation, il s’agit seulement de l’affirmation de son désir personnel; par contre, si on les interprète d’une façon plus générale, elles n’affirment rien, mais ne font qu’exprimer un désir. Le désir lui-même est personnel, mais son objet est universel. C’est, à mon avis, ce singulier enchevêtrement du particulier et de l’universel qui a causé une telle confusion en matière de morale.(…)Si l’analyse ci-dessus est correcte, la morale ne contient aucune affirmation, vraie ou fausse, mais se compose de désirs d’un certain genre, à savoir de ceux qui ont trait aux désirs de l’humanité en général — et des dieux, des anges et des démons, s’ils existent. La science peut examiner les causes des désirs, et les moyens de les réaliser, mais elle ne peut contenir aucune sentence morale proprement dite, parce qu’elle s’occupe de ce qui est vrai ou faux.La théorie que je viens de présenter est une des formes de la doctrine dite de la “subjectivité” des valeurs. (6)
Je pense qu’il est assez clair que si Dieu n’existe pas, alors la morale n’existe pas non plus, du moins de manière objective. Nous glissons alors dans un subjectivisme moral qui conduit subrepticement à son tour au relativisme moral qui constitue la pire des situations morales. C’est d’ailleurs celle dans laquelle nous nous trouvons actuellement.
(à suivre)
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NOTES
(1) Voir John Stuart Mill, De la liberté, Paris, Presses Pocket, 1990, Chapitre 2 : De la liberté de pensée et de discussion.
(2) Ibid., p. 79.
(3) Antony FLEW en collaboration avec Roy Abraham VARGHESE, Harper One, New York, 2007, 222p.
(4) Ibid., p. 85-86. Ma traduction.
(5) Bertrand RUSSELL, op. cit., p. 68-69. Russell se fait encore plus pessimiste dans «La profession de foi d’un homme libre», où on lit : «Que l’homme soit le produit de causes qui ne prévoyaient nullement la fin qu’elles accomplissaient; que son origine, son développement, ses espoirs et ses peurs, ses amours et ses croyances, ne soient rien d’autre que le résultat de collisions accidentelles d’atomes; qu’aucun feu, aucun héroïsme, aucune intensité de pensée et de sentiment ne peuvent préserver une vie individuelle de la tombe; que tous les travaux des âges soient destinés à disparaître dans la vaste mort du système solaire, et que le temple entier de la réalisation de l’Homme doive inévitablement disparaître sous les décombres d’un univers en ruines (toutes ces choses, si elles n’échappent pas à la discussion, sont néanmoins si proches de la certitude qu’aucune philosophiequi les rejette ne peut espérer tenir debout. Ce n’est que sur l’échaffaudage de ces vérités, sur le fondement ferme du désespoir inébranlable, que l’habitation de l’âme peut désormais être bâtie en toute sécurité.» in Bertrand Russell, Mysticisme et logique, Vrin, 2007, p. 66.
(6) Bertrand Russell, Science et religion, Gallimard, Idées NRF # 248, 1971, p. 175-177.