Mort du chanteur franco-ivoirien John William

Publié le 16 janvier 2011 par Africahit

L’homme est décédé à 88 ans. Rescapé des camps, il avait commencé sa carrière en 1949. de son vrai nom, il s’appelait Ernest Armand Huss..

© DR | John William. Pochette de disque de la fin des années 60.


ÉTIENNE DUMONT | 10.01.2011 | 10:02

Pour les uns c’était «La chanson de Lara», tirée comme on sait du film le «Docteur Jivago». Pour les autres, il évoquait «Si toi aussi tu m’abandonnes». Question de générations. Depuis la fin des années 60 cependant, John William avait progressivement quitté les planches des scènes pour celles des chaires d’église. Il s’était ainsi un peu fait oublier. La mort de John William à 88 ans ne dira rien aux jeunes.

William était né en Côte d’Ivoire. Métis. Si sa mère est bien Africaine, son père arrivait d’Alsace. De son vrai nom, l’homme s’appelait ainsi Ernest Armand Huss. Le futur William a grandi en France. Mis en cause très jeune dans une affaire de sabotage, sous l’Occupation allemande, il s’était retrouvé déporté au camp de Neuenhamme. Il y passa un an avant sa libération en mai 1945.

Passage au «Modern spirituals»

C’est curieusement là que sa vocation est née. «Alors que nous étions en plein spleen, dans le noir, nous avons proposé de chacun proposer une chanson. Il fallait rompre le silence.» Quatre ans plus tard, le débutant se sent mûr pour passer professionnel. Il se produit dans les cinémas, comme cela se faisait à l’époque. Puis il passe dans les cabarets, alors encore très nombreux à Paris. John William est né. En 1952, il remporte le prix d’interprétation à Deauville avec «Je suis un nègre». On osait alors encore utiliser le mot…

Les succès vont alors s’enchaîner. Il y mettra plus ou moins fin en passant au «modern spirituals», qui offrait pour lui une suite au classique «negro-spiritual» américain. D’où le passage dans les édifices religieux. William fera ainsi ses adieux lors d’une tournée en Martinique il y a six ans.

Une première vague

William appartient à la première vague des chanteurs de couleur» en France. Il y avait avant lui Henri Salvador, longtemps comique dans l’orchestre de Ray Ventura. Plus, bien sûr, l’inamovible Josephine Baker, arrivée en 1925. Un certain nombre d’artistes se sont engouffrés dans la brèche après 1960. Il y aura ainsi Les Surfs, un groupe venu de Madagascar. Nancy Holloway, une Américaine. Il fallait alors une certaine médiatisation. Une chanson, pour les auditeurs, se chantait en français.