Avec le peuple tunisien

Publié le 16 janvier 2011 par Jplegrand

Tunisie : la révolution sera-t-elle confisquée ?

 

Photo : En France des milliers  de démocrates ont manifesté leur joie après la chute du dictateur  Ben Ali dans plusieurs grandes villes du pays. Ici à Paris, les jeunes  dont  beaucoup de franco-tunisiens et maghrébins ont exprimé leur soutien à la révolution.

En Tunisie si Ben Ali s'est enfui, des milliers de ses partisans dans une lutte désespérée poursuivent les exactions contre le peuple. Pillages, violences arbitraires commis par des miliciens voire des policiers partisans de Ben Ali continuent. Les contre-révolutionnaires tentent de semer la peur.

L'armée aurait joué un rôle déterminant poussée par l'immense colère populaire, elle aurait décidé de lâcher Ben Ali. Il semblerait que l'Etat-major de l'armée fasse intervenir les forces militaires contre des éléments favorables à Ben Ali. Ainsi l'armée, à l'heure où ces lignes sont écrites donne l'assaut au palais présidentiel où se sont retranchés des partisans armés du dictateur. Selon des témoignages recueillis sur Facebook ou tweeter, l'armée aurait demandé la nuit dernière aux habitants de certains quartiers de rester chez eux, d'éclairer leurs maisons, lui permettant ainsi de tirer par hélicoptère sur des miliciens de Ben Ali.

Cependant jusqu'à maintenant c'est toujours le parti de Ben Ali, le RCD, qui conserverait le pouvoir. Le premier ministre aurait consulté un certain nombre de personnalités, mais l'opposition est divisée en deux camps : l'opposition officielle qui a joué pendant plusieurs années de faire valoir à Ben Ali et l'opposition interdite et souvent clandestine qui a acquis sans aucun doute beaucoup de prestige auprès de la population. Parmi les partis d'opposition qui étaient interdits, le Parti communiste des ouvriers de Tunisie est souvent cité, son leader, Hamma Hammami a été arrêté par Ben Ali puis libéré grâce à l'insurrection populaire du 14 janvier dernier. Le PCOT ne doit pas être confondu avec le parti Ettajdid (ex-communiste) qui lui a renoncé au communisme en 1993 et de ce fait a été légalisé par Ben Ali.

L'attitude de l'armée dépendra beaucoup des capacités du peuple à s'organiser pour obtenir des droits démocratiques de réunion, d'association, d'organisation libre dans les villes et les lieux de travail et bien entendu d'élections qui ne soient pas sous la pression de la propagande des médias étrangers ou des multinationales qui financeront des candidats à leur solde .

Le peuple fort de son expérience de ces dernières semaines sait désormais que ce qui paraissait impossible est devenu réalité : le dictateur a été renversé grâce au courage et à l'immense mobilisation de tout un peuple. Evidemment les requins des intérêts capitalistes agissent pour sauver les meubles et vont placer leurs hommes dans les prochaines instances du pouvoir afin d'organiser la contre-révolution et empêcher que le peuple tunisien construise une société de liberté et de justice totalement indépendante de ses voisins qui pourraient devenir menaçants comme la Lybie par exemple dont le chef Khadafi vient de réitérer son soutien à Ben  Ali.

Car dans la plupart des capitales arabes on n'aime pas trop que les peuples décident de leur avenir : Lybie, Algérie, Jordanie, Maroc, Egypte, les palais sont inquiets par la portée de cette révolution qu'ils ne souhaitent pas voir s'étendre. C'est qu'en Tunisie ni la dictature du RCD, ni l'islamisme n'ont fait recette sans doute en raison d'un haut niveau de culture et d'éducation des gens.

Dans un communiqué, le comité exécutif de Colère et Espoir-Oise a déclaré ce soir : "Le comité exécutif de Colère et espoir, prend acte de la détermination du peuple tunisien   à s'affranchir du joug de l'autocrate  (ou du couard) Zinedine Ben Ali et s'associe pleinement à sa volonté d'instruire un processus que nous espèrons révolutionnaire, lui permettant de mettre en oeuvre ses espérances, en  instaurant une véritable république socialiste tunisienne." Tout dépendra du peuple tunisien qui doit pouvoir décider lui-même de son destin sans aucune intervention extérieure, construira-t-il une société nouvelle débarassée des causes capitalistes de son malheur ou se fera-t-il confisquer sa révolution, nul ne le sait.

Dès le 7 janvier,  Creil-Avenir avait caractérisé le mouvement populaire tunisien comme une révolution; beaucoup de personnes nous avaient fait part de leur scepticisme. Or le peuple tunisien vient de démontrer que rien ne peut résister à un peuple uni, déterminé et courageux. C'est un formidable exemple pour tous les peuples du monde qu'est cette immense dynamique digne et pacifique de tout un peuple dont certains de ses fils n'ont pas hésité à braver les mains nues les tirs meurtriers de la police du dictateur. Leur martyr est l'honneur de la Tunisie, il est un exemple admirable de courage et  d'amour de la Liberté.

La révolution ne fait que commencer, d'immenses forces contre-révolutionnaires se mettent déjà en ordre de bataille, le devoir des démocrates du monde qui veulent soutenir la révolution tunisienne est de déjouer les manoeuvres de leurs propres dirigeants dans chaque pays. Sarkozy et toute la classe politique pro-capitaliste de la droite au PS utiliseront tous les moyens en leur possession pour maintenir les intérêts capitalistes en Tunisie d'autant que beaucoup d'entre eux possèdent des biens là-bas qui ont été acquis avec la bénédiction du dictateur.  Le combat de classe est un combat internationaliste, les prolétaires de tous les pays doivent soutenir la révolution tunisienne afin qu'elle aille le plus loin possible pour la liberté et la démocratie, la fin de la domination des plus riches et de leurs maffias sur la Tunisie et sur nos propres pays . Cela est d'autant plus urgent que  dans les prochains mois l'aggaravation de  la crise générale du capitalisme risque de plonger des peuples entiers dans des difficultés qu'ils n'ont jamais connues . Prolétaires de tous les pays, unissez-vous. A bas toutes les dictatures, à bas les forces capitalistes qui les arment et les soutiennent, préparons partout l'offensive démocratique pour la République et la Paix  universelle.