La femme est l’avenir de l’homme !

Publié le 16 janvier 2011 par Reinach

La mort pour comprendre la vie… suite

Jeudi 30 décembre 2010 19h30

Cela fait maintenant plus de deux heures et demi que je déguste l’instant comme un enfant qui découvre le goût sucré de son premier bonbon. Ce moment ne s’explique pas, je n’ai pas les mots, enfin mon vocabulaire est peut-être trop pauvre sans doute pour exprimer ce que je vis à chacune de mes rencontres avec lui. Un sentiment de bien-être qui m’apporte l’impression d’être, d’exister tout simplement, ce sentiment unique que nous apporte la présence et l’échange avec certaines personnes exceptionnelles. Cette générosité sans pareil, intimement liée à ce plaisir de partager sereinement nos émotions, le plaisir de philosopher, de débattre, de penser.

Ces moments sans pareil que je n’échangerai pour rien au monde, des heures entières, délectables, subtiles, profondes où parfois même, nous nous confrontons en exprimant nos passions et de nos idées, où nous osons parler de notre vécu, exprimer nos blessures et nos faiblesses en abaissant nos fausses cuirasses qui se désagrégeront peut-être avec les années.

Ces moments trop rares à notre époque, par-ce que peut-être, trop de gens encarcannés dans un orgueil mal placé, enveloppés aussi que nous sommes de temps à autres, de turbans douteusement scintillants et néanmoins dégradables, pour protéger notre pudeur dans un monde de voyeurs ou pour garder le contrôle imposé par nos fausses croyances.

J’étais dans mes pensées, flottant dans un état mi extase mi passion, lorsque debout devant sa bibliothèque, il en tira un livre.

Je suis désolé Didier. Peut-être me trouves-tu légèrement professoral ou quelque peut normatif avec mes théories, mes remarques, mes pensées sur la vie, mais j’essaye tout simplement d’être moi, de partager mes passions.

Certes Didier, exprimer qui nous sommes avec émotion, avec passion, avec notre cœur c’est bien plus souvent se mettre à nu devant l’autre, c’est posséder une grande confiance et une grande force en soi, seulement vois-tu, Didier, ce qui donne un certain sens à la vie, je crois, c’est de posséder cette confiance et cette force pour exprimer les mots, user du bon vocabulaire, construire la bonne expression, choisir les bons comportements pour pouvoir ouvrir son cœur, le laisser se raconter, lui permettre de nous révéler, pour y laisser entrer le bonheur.

Comme un musicien pour lequel chaque note est un bonheur et pour qui la partition est un élixir de jouvence, je sentais qu’il voulait donner à sa pensée un discours et une attitude digne de ses émotions.

Didier, tout le monde court après le bonheur tout en l’empêchant de pénétrer, de s’approcher. Il faut être parfois bien nu, déposséder, blessé pour ne plus se défendre contre le bonheur qui veut nous envahir chaque jour. Les gens ont peur du bonheur car cela oblige à lâcher prise pour le découvrir, le rencontrer, l’accepter et vivre une histoire d’amour avec le bonheur.

Malgré tout ce que je t’ai raconté tout à l’heure, Didier, je suis un homme profondément heureux, je me considère comme un inconditionnel du bonheur.

Passons à table si tu le veux bien, je crois que la soirée n’est pas finie.

Et avec le sourire d’un clown qui vient de faire une grosse farce, avec ses yeux d’un bleu acier pétillant de malice et avec cette classe habituelle, il m’indiquait de nous diriger vers la salle à manger. Je n’avais pas prévu une si longue soirée mais puisque il me l’offrait, j’allais me l’autoriser, me laisser faire, accepter tout simplement. J’avais l’impression de recevoir et d’accepter un cadeau immense, inattendu, tout en me demandant ce que j’avais fait pour mériter autant de sollicitude. Peut-être le droit au bonheur ?

Je le suivais admirant sa souplesse étonnante du fait de son âge et son élégance coutumière dans son costume en alpaga gris admirablement coupé. Il est de ses hommes que les années n’atteignent pas, possédant un moral intact, certainement celui de ses 20 ans et une philosophie de vie indestructible, construite, je n’en doutais pas, au fil de ses lectures dont sa bibliothèque, à mon sens, n’exhibait que quelques échantillons de ses passions littéraires. Et puis ses voyages, pour affaires ou pour le plaisir, ses voyages qu’il organisait à chaque fois avec une minutie d’explorateur de l’humain, ses voyages grâce auxquels il faisait des rencontres avec d’autres cultures riches de différences et d’histoires millénaires, avec d’autres personnages de tous les milieux sociaux et de toutes les croyances. Il est dans l’ouverture, l’acceptation, la confiance, le respect, que de denrées rares de nos jours !

Il respire la richesse, la richesse humaine, la vraie richesse du cœur, me dis-je spontanément. Même s’il me parle beaucoup, je le vois qui écoute en même temps, captant mes gestes, mes expressions. Je m’imaginais que fort de ce charisme, il avait du avoir bien des conquêtes féminines. Il est homme, solide, présent, délicat, il est passion et émotion, terriblement ancré dans la réalité, rationnel et philosophe, débatteur et créateur, aimable et précis, décidé, le tout avec une diplomatie et une autorité non contestable.

Je comprends avec aisance que ses employés aient pleurés lorsqu’il a vendu son entreprise. Mon Dieu ! Travailler avec un patron de cette qualité pendant des années et le regarder partir, c’est pire qu’un deuil.

C’est vraiment un grand bonhomme qui pourrait être un modèle extraordinaire pour bien des gens et je suis là, face à lui, cadeau du ciel, cadeau que cette rencontre merveilleuse qui me nourrit, cadeau que chacune de ces rencontres. C’est drôle comme la grandeur de certains cadeaux de ce genre…mais passons à table !

Didier, je nous ai fait préparer un canard aux navets dont tu me diras des nouvelles !
Je sais que tu aimes le canard, moi aussi d’ailleurs… j’ « adoooore », dit-il d’une voix de stentor éclatante des plaisirs à venir.

Votre fille n’est pas des nôtres ? Lui demandais-je alors.

Ma princesse d’amour est de service auprès de son organisation caritative, elle est de plus passionnée par ses activités professionnelles, je ne la vois pas souvent et c’est bien normal, les parents donnent la vie et éduquent leurs enfants pour qu’ils soient solides, plein d’amour et, grâce à l’amour, libres, créateurs et autonomes. J’ai une admiration sans borne pour elle. J’ai une chance extraordinaire d’avoir une fille de cette qualité. Sa mère était aussi une femme  remarquable. Partie un peu trop tôt elle aussi…

Un silence s’établit sereinement comme une prière, un bénédicité implicite et complice pour remercier la vie malgré toutes les épreuves ou grâce à toutes ces épreuves dont chaque dénouement est souvent une évolution personnelle. Remercier la vie m’avait-il dit quelques heures plutôt. Remercier la vie de la qualité de nos rencontres, de la qualité de nos amis.

Puis relevant la tête avec ce sourire perpétuel… il continua,

L’amour Didier, le moteur de la vie. Aimer sans être naïf, aimer sans attendre en retour, aimer sans calculer, simplement pour vivre l’instant, aimer pour pouvoir respirer sans retenu. Aimer sans dépendance, aimer pour être libre d’aimer, juste respecter l’amour, l’amour, la seule force que la physique quantique ou moderne n’a jamais pu expliquer.

Laisse moi te dire quelques vers d’un de mes poètes préféré, Louis Aragon. J’aime la poésie, l’exprimer, la réciter, c’est comme donner à son cœur les clés du ressentir, ajouta-t-il.

« De la femme vient la lumière et le soir comme le matin, autour d’elle tout s’organise. »

Et ceux –ci…

« L’avenir de l’homme est la femme
Elle est la couleur de son Ame
Elle est sa rumeur et son bruit
Et sans Elle, il n’est qu’un blasphème »

Et ce dernier : « Je t’aime et que ce mot fait mal quand il est dit sans toi. »

En l’écoutant réciter ses vers avec autant de bonheur, avec sa voix grave tout en étant douce et ferme, grave et mélodieuse, je ne savais plus si il aimait plus la poésie, les femmes ou le canard.

Retiens bien le premier vers Didier, « De la femme vient la lumière et le soir comme le matin, autour d’elle tout s’organise. »

C’est de notre avenir dont j’ai envie de parler si cela te dit.
Notre avenir, celui de l’humanité qui je le crois est désormais, plus que jamais, si elles n’essayent pas d’imiter les hommes, entre les mains des femmes.

Certes, me diras-tu, depuis toujours, elles possèdent ce pouvoir, mais en ces temps qui arrivent, tu verras que les prochains plus grands leaders seront des femmes.

Combien savent que les femmes ont joué un grand rôle dans la construction de l’humanité.

Tiens, regarde, par exemple, l’église a dû son expansion en Europe aux rôles que les femmes ont tenu auprès de leurs époux. Elles furent les premières converties et c’est grâce à elles que l’église pu rallier les plus anciens souverains, rois et même les barbares comme Clovis, roi des Francs. C’est Clotilde, la femme de Clovis qui le fît se convertir. On pourrait dire aujourd’hui que c’est grâce à Clotilde que la France devint cette puissance catholique que l’on a connue.

Autre exemple, dans les années 350 que Fabiola, une aristocrate romaine, créé le premier hôpital au monde. Bien des années plus tard. Les hôpitaux de Tonnerre et de Beaune en France seront aussi les œuvres de femmes exceptionnelles. Elles purent lier à la fois la beauté, la splendeur architecturale de leur époque avec le dévouement et la médecine.

Je continue ???

- Avec plaisir !

Sans doute, dans tes cours de philosophie, un de tes professeurs t’aurait raconté que les premiers traités d’éducation furent écrits par Rabelais ou par Montaigne ? Eh bien c’est faux ! Le premier traité d’éducation fut écrit en 841 par Dhuoda qui était la femme du Duc de Septimanie pour son fils Guillaume.

Peut-on ajouter les exemples politiques, militaires, scientifiques?
Blanche de Castille, Jeanne d’Arc, Catherine de Médicis, Marie-Thérèse d’Autriche, Catherine de Russie, Golda Meir, Simone Veil, Aliénor d’Aquitaine, Françoise Giroud, Indira Gandhi, Mère Térésa, Marie Curie, Lucie Aubrac et je ne site que celles qui me viennent en tête, le bourgogne aidant.

Alors quand je te cite ce vers : « De la femme vient la lumière et le soir comme le matin, autour d’elle tout s’organise. », cela n’est plus un vers, c’est simplement une réalité.

Certes, bien sûr, je m’enflamme, tu le comprendras certainement, j’y mêle mon amour de la femme, mon histoire personnelle et aussi des faits concrets de patron d’entreprise et de stratège. La plupart des experts en stratégie n’ont lu que des livres de guerre, de stratégie, ils se sont nourris d’histoires et de formations écrites et faites par les hommes.

Tu reprendras bien un peu de cet excellent canard et de ce fabuleux Vosne-Romanée  me dit-il en regardant la bouteille comme un enfant de chœur lorgnant avec concupiscence sur le vin de messe réservé à monsieur le curé.

Prenant une gorgée de ce vin incroyable, j’éclatais de rire devant cette scène d’une simplicité et d’une complicité qui me ravissait. Qu’il était parfait, ce vin qui s’écoulait dans ma gorge en me réveillant les papilles, s’accrochant en fond de bouche en explosant tous ces arômes enfin libérés de quelques années de transformation. Toutes ces saveurs de fruits rouges accompagnées d’un je ne sais quoi que mon incompétence œnologique m’empêche d’exprimer. Ah! Ce vin qui me rappelle d’autres instants inoubliables, ceux passés, souvent secrètement en compagnie de ma grand mère.

- Je vois que tu apprécies ces plaisirs avec toujours autant de joie, ressers-toi de canard s’il te plaît ! Après j’ai quelques fromages de chèvres qui se marieront parfaitement avec ce nectar. Nous n’avons pas fini la soirée, il y a tellement de sujets à débattre, d’idées à brasser. Le monde est vaste, riche, heureusement imparfait, donc plein d’opportunités, revenons-en aux femmes, vaste sujet essentiel, pierre angulaire de l’humanité.

Puis reprenant son discours,
Crois-en mon expérience, Didier. Les vraies femmes, celles qui ont parfaitement intégré leur potentiel, celles qui n’ont pas de comptes à régler avec un féminisme révolutionnaire et castrateur, celles qui n’ont pas besoin d’enfermer leurs hommes dans une petite boîte au confort artificiel, mais qui au contraire savent en tirer les plus beaux fruits, celles qui ne ressentent pas le besoin de jouer les mâles, alors ces femmes là possèdent un pouvoir quasiment illimité. Ce sont ces femmes là qui vont, je l’espère, prendre en main notre humanité. C’est grâce à elles que nous sommes des hommes.

Depuis la nuit des temps les femmes ont toujours été les inspiratrices, les muses, les sages. Depuis la mythologie grecque, faut-il s’en rappeler et avoir l’humilité de ne pas l’oublier, derrière chaque grand homme il y a bien souvent une femme. Combien de créateurs dans de nombreux domaines, peinture, musique, poésie, science, littérature, j’en oublie… doivent-ils leurs œuvres aux femmes ?

Bien sûr ce que j’appelle un grand homme est quelqu’un qui a contribué de façon significative au bien être, au développement d’une cause, d’un idéal, d’un métier, d’une collectivité.

Ces femmes que j’évoque, savent nous interpeller, enrichir nos réflexions, regarder au delà de nos ego, nous susurrer à l’oreille des pensées pleines de succès. elles ont le don de faire vibrer nos émotions, de nous mettre en action et toujours et sans cesse, elles savent en tirer les fruits essentiels.

Il faut le reconnaître et leur rendre grâce, Didier, face à la force physique et aux bassesses des hommes, elles ont toujours su développer la subtilité, l’intelligence, la finesse. Non sans blessures parfois, il faut l’admettre.

Les plus fortes d’entre-elles sont celles qui se sont confrontées à la philosophie, au raisonnement, au débat, aux dissertations, à l’histoire, alors celles là possèdent en plus, la stratégie, la vraie séduction, la magie de la phrase, les mots et les idées se soumettent à elle. Elles possèdent le sens politique et surtout un vrai leadership complétement inné.

Reprenant son sourire malicieux et levant la tête comme pour se remémorer certains souvenirs qui furent certainement plaisants pour ne pas dire coquins, il continua,

Elles ont toujours su nous piloter, nous conseiller en nous donnant du plaisir pour bien souvent, nous amener là où elles veulent.

Et pourquoi ne pas aller là où elles souhaitent si c’est un plaisir, si elles y voient plus clair que nous, si cela se passe dans l’amour et l’intelligence, dans le dialogue et la communication et si le résultat final est positif, partagé, répondant aux aspirations des deux.

Quand je repense à ce que j’étais jeune et à ce que je suis maintenant, quel chemin j’ai parcouru grâce à ma femme et à d’autres par la suite. Mon âge est extraordinaire car avec le temps qui passe c’est comme une sorte de conscience qui naît, une réalité, une évidence qui se construit de jour en jour.

N’as-tu jamais pris le temps, un jour de soleil, de fermer les yeux en te tournant vers la lumière, en respirant profondément, de te dire : « Mon Dieu que c’est bon d’être là, que c’est bon d’avoir vécu toutes ces choses là, que c’est bon d’avoir reçu tant de richesses humaines, merci mon Dieu ! »

J’idéalise peut-être car je suis un amoureux et un romantique qui s’est longtemps caché derrière un masque de fer que mes larmes et mes soupirs ont finis par détruire comme la pluie et le vent sur un vieux morceau de métal mal traité.

Regarde bien ce qui se passe, Didier. Certes, selon ma fille, certaines se comportent comme des hommes, elles vivent dans le pouvoir, la conquête, le paraître. Comme beaucoup d’hommes elles pourraient y perdre leur âme mais je les crois plus intelligentes. Elles en reviendront. La nature est plus forte que tout, elles portent l’amour en elle.

Aujourd’hui elles accèdent et elles accéderont je le souhaite de plus en plus à des postes clés, à des responsabilités.

As-tu lu le livre de Régine Pernoud, La femme au temps des cathédrales ?

- Oui il y a déjà un certain temps

Le moyen-âge a été une de leurs époques les plus glorieuses

Attends ! Je vais chercher le fromage.

-    Ne bougez pas, dites moi où il est.

Laisse, tu es mon invité, nous reprenons cette conversation tout de suite après. Je veux aussi prendre un livre dans ma bibliothèque.

à suivre…

Didier Reinach