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INTERVIEW Pour organiser un concert, faut-il être diplômé en management? Connaître le monde du showbiz de A à Z? Les Lausannoises Fanny Giroud et Lina Favaro, de Wha-Wha Booking Events, apportent leurs réponses.
Lords: Wha-Wha, ça a commencé comment?
Fanny : Alors c’est Lina qui a d’abord lancé l’histoire de Wha-Wha, il y a deux ans. On ne sait pas pourquoi ou par quel miracle, elle avait booké Balmorhea (ndlr groupe de post-rock instrumental majoritairement acoustique, originaire du Texas) au Buzz Club, à Lausanne. Chose complètement improbable!
J’ai vu cette annonce de concert sur Last.fm. Et je me suis dit: impossible un concert au Buzz, encore plus impossible, un concert de Balmorhea à Lausanne! Alors je lui ai écrit un mail, pour savoir si elle avait besoin d’un coup de main. Et là, c’était parti! Après on s’est vue une première fois, lors du concert de Kaki King au Bourg.
Et là, vous avez déjà organisé combien de concerts?
Fanny : Une dizaine?
Lina : Oui à peu près. Entre le Buzz, le Fri-Son, Bad Bonn. le Bleu Lézard, la Brasserie du Château, à Lausanne.
Vous montrez une préférence pour les groupes peu connus, assez pointus. Pourquoi avoir misé sur ce créneau?
Fanny : Le but est surtout de faire venir des formations que l’on a envie de voir et qui n’ont pas forcément prévu de tourner en Suisse romande. Du coup, ça tombe sur des mini-groupes, complètement inconnus, puisque c’est ceux-ci qu’on aime.
Et ça marche? Le public répond présent?
Lina : Au début, on a perdu de l’argent. Et puis, on a finit par apprendre de nos erreurs. Maintenant, on essaie de diminuer nos frais, en faisant dormir les groupes chez nous, par exemple.
Fanny : Au niveau de l’affluence, c’est hyper variable. On a toujours moyenne de soixante personnes. Et puis, on est monté à cent, au mieux. Si on arrive à faire venir une soixantaine de spectateurs pour un groupe complètement inconnu, je trouve que c’est assez réussi.
Tu fais allusions à vos erreurs. Vous avez connu beaucoup de soucis à vos débuts?
Lina : Lorsque je me suis lancé pour mon premier concert, le montant que j’ai perdu a été assez astronomique. Mais là, les musiciens dormaient à l’hôtel, on a dû payer la sono qu’on avait loué. En plus, ce n’était pas une co-production. Mais, petit à petit, les gens nous ont fait confiance.
Fanny : Pour se financer, on allait faire le vestiaire au Romandie. On a passé pas mal des soirées dans le froid, mais c’est ce qui nous a permis de nous lancer.
Et vous prenez encore beaucoup sur vous…
Fanny : Ce sont des groupes qu’on aime, qu’on a envie de rencontrer, on veut que ça se passe bien. On s’investit.
Lina : On s’occupe de la promotion, de coller les affiches. On veut que tout se passe bien, que le public et les musiciens passent un bon moment.
Fanny : Le but c’est pas simplement de remplir la date.
Maintenant, où en êtes-vous? Vous avez droit à une certaine reconnaissance?
Lina : Je pense qu’on commence à nous connaître, la plus belle preuve de confiance qu’on ait eu récemment, c’est la co-organisation et co-production d’un festival avec le webzine Sonotone (www.sonotone.ch) et le Romandie. Festival qui aura lieu les 6 et 7 mai. La co-production au Bad Bonn est aussi une marque de reconnaissance pour moi, car c’est un lieu que j’adore particulièrement.
Avant de vous lancer, est-ce que vous aviez déjà des expériences dans ce domaine?
Lina : Non, pas du tout. L’association m’a apporté pas mal de chose, aujourd’hui je me suis lancée un peu dans le booking à mi-temps et j’ai tissé des liens d’amitié avec des musiciens/agents/promoteurs. Humainement, cette expérience m’aura beaucoup apporté.
Fanny : J’avais pas spécialement d’expérience, juste un ou deux concerts, mais des trucs complètement amateurs.
Et pourquoi ce nom “Wha-Wha”?
Lina : C’est débile! J’aime bien les chiens (rires). Du coup me suis dit: “wouaf wouaf”, je trouvais l’idée d’une onomatopée assez cool. Je me suis lancée dans un brainstorming et suis tombée sur les pédales d’effets wah-wah, j’ai déplacé le h et wha-wha était né. Au début, je trouvais ce nom ridicule, mais il me fallait juste une dénomination, parce que je ne voulais pas que les concerts soient associés à mon nom.
Quels sont vos rêves?
Lina : J’aimerai bien faire une co-prod’ pour Bon Jovi
Fanny : Moi, Take That, pour un living room show.
Mais vous ne souhaitez pas passer à de plus gros événements?
Fanny : Non, clairement pas. On veut continuer à programmer des groupes qu’on adore, avec d’autres qui nous tiennent moins à coeur, mais qu’on aime aussi, c’est ce qui nous tire en avant. Le dernier c’était Joan Of Arc (ndlr emmené par Tim Kinsella, grande figure de la scène emo et math-rock de Chicago, également membre de Cap’n Jazz et Owls). C’était le rêve d’une vie et puis on l’a fait. Et puis le prochain, ce sera Self-Evident (ndlr le 22 mai, à la Cave du Bleu Lézard, avec Ventura et Bear Claw).
Les bons souvenirs ne doivent pas manquer!
Lina : C’est clair que non, la soirée avec Mimas me revient souvent à l’esprit, soirée qui s’est terminée à l’aube, dans la fontaine de la Riponne.
Fanny : Avec Joan Of Arc, on a fini dans un dancing incroyable à Guin (FR).
Lina : Soirée mémorable oui, on était les seuls clients et on a fait DJ, avec Bobby Burg (rires).
Quand et où seront vos prochains concerts?
Lina : Working For A Nuclear Free City (www.myspace.com/wfanfc) sera le 9 février, à la Cave du Bleu Lézard. Ils sont assez dur à décrire et ne porte pas d’étiquette. La diversité de leur son est impressionnante! Y aura aussi Wild Mocassins, le 9 mars, à la Brasserie, un concert gratuit, soit dit en passant (www.myspace.com/thewildmoccasins).
Et attendant la grosse date, le 22 mai.
Lina : On se réjouit. Self-Evident c’est vraiment pour moi le meilleur groupe du monde (rires). On se réjouit également de Ventura, groupe que j’écoute en boucle depuis plus de 6 mois!
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