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Ce sont des compagnies qui garantissent des crédits divers (collectivités locales, immobilier, crédit à la consommation). Les deux sociétés leaders de ce secteur s’appellent MBIA et Ambac. Jusqu’à ces dernières années, ces sociétés se contentaient d’assurer principalement des crédits publics (municipalités et autres collectivités), donc à priori à risque faible.
Mais les choses ont changé et elles se sont lancées progressivement dans l’assurance de crédits beaucoup plus risqués, comme les obligations hypothécaires ou les crédits à la consommation. Cela a alors permis à de nombreuses banques de « changer le plomb en or » : MBIA et Ambac bénéficiaient de la notation maximale AAA, réservées aux institutions financières et obligations les plus solides. Toute dette qu’elles assuraient obtenait alors automatiquement cette notation, quelque soit sa qualité.
Une banque qui détenait un panier d’obligations à risque et de faible qualité (noté par exemple BB, ou même des subprimes) pouvait le faire assurer par un monoline et le transformer ainsi en obligation AAA, ce qui lui donnait une valeur beaucoup plus grande dans son bilan. Le problème est que ces monoliners sont très fragiles et incapables de faire face à une dégradation un peu sérieuse des conditions économiques : Ils assurent en effet selon les chiffres de Nouriel Roubini 3300 milliards de $ de crédit avec seulement 22 milliards de capitaux propres, soit un effet levier de 150…C’est un peu comme si vous donniez 1000€ de caution à votre banque pour un prêt de 150 000€ .
Comment moody’s, Fitch et les autres agences ont-elles pu accorder une notation AAA malgré une telle prise de risques ? Probablement à l’aide de modèles mathématiques sophistiqués qui permettent d’éviter le recours au bon sens. La dégradation des conditions économiques et du marché du crédit a évidemment déjà commencé à mettre ces monoliners en difficulté, un « petit » réhausseur de crédit(ACA) s’est retrouvé en décembre au bord de la faillite et a vu sa notation passer de A à CCC, avec des premières pertes estimées à 2,2 milliards par rapport à des fonds propres de 0,6 milliards…26 milliards de crédits ont alors perdu leur garantie et leur valeur a chuté fortement : l’or est redevenu du plomb dans le bilan des banques qui avaient utilisé ACA comme assureur. Mais maintenant, on passe à la vitesse supérieure, puisque c’est le N°2, Ambac qui a vu sa note dégradée de AAA à AA (pour commencer) : l’article de la Tribune sur le sujet. Une bonne partie des crédits assurés par Ambac détenus par diverses banques vont donc voir aussi leur note dégradée de AAA à AA et leur valeur chuter en conséquence.
En cas de disparition de la garantie des monoliners, les pertes immédiates (diminution de valeur des crédits dans le bilan des banques) sont estimées pour le moment à 200 milliards de $ selon l'économiste David Roche (Financial Times.).
Sans oublier que chaque $ de fonds propres en moins dans une banque conduit potentiellement à réduire d'environ 10$ sa capacité à produire de nouveaux prêts. En attendant, le cours de MBIA (n°1 du secteur) a été divisé par 10 en trois mois, et les monolines sont à la recherche de capitaux pour « renforcer leurs fonds propres »
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