Cette rubrique suit l’actualité éditoriale et présente les derniers ouvrages reçus par Poezibao. Il ne s’agit pas de fiches de lecture ou de notes critiques et les présentations font souvent appel aux informations fournis par les éditeurs.
Ariadna Efron, Marina Tsvetaeva, ma mère, Éditions des Syrtes
Pierre Dhainaut, Levées
d’empreintes, Arfuyen
Ludovic Degroote, wimereux,
La Porte
Olivier Salazar-Ferrer, Benjamin
Fondane et la révolte existentielle,
Éditions de Corlevour
Evelyne Morin, Rouge à l’âme,
Editions Potentille
Martine Blanché, Sentes
et sens, Jérôme Do Bentzinger Éditeur
Marina Tsvetaeva, ma mère
Éditions des Syrtes, 2008
21 € (en librairie le 14 février 2008)
retour haut de page
Fille de Marina Tsvetaïeva, Ariana Efron semble avoir compris dès sa plus tendre enfance la singularité de sa mère ainsi que la valeur de sa poésie. « Lectrice absolue », confidente et complice, elle donne ici un recueil de souvenirs mais aussi des analyses du caractère de sa mère. Elle évoque sa façon d’être, ses relations avec son entourage, sa manière d’appréhender le quotidien. C’est un portrait intime de Marina aussi bien dans les moments cruciaux de sa vie que dans la réalité de tous les jours, celle qui consiste à trouver de quoi manger, de quoi se chauffer, de quoi se vêtir. Défilent aussi dans ces pages Alexandre Blok, Konstantin Balmont, Ilya Ehrenbourg et bien d’autres. Un livre clé pour la compréhension de Marina Tsvetaïeva.
Je rappelle que les éditions des Syrtes préparent actuellement une édition intégrale des Carnets de Marina Tsvetaïeva, Carnets dans lesquels la figure de la fille aînée, Alia, alias Ariadna Efron, est omniprésente.
Levées d’empreintes
Arfuyen, 2008
12 €
retour haut de page
Forte de quelque 30 ouvrages publiés depuis près de 40 ans, l’œuvre
de Pierre Dhainaut s’impose de plus en plus comme une œuvre importante de la
poésie contemporaine. Une anthologie lui a été consacrée au Mercure de France en
1996 ainsi qu’un colloque à la Sorbonne, sous la responsabilité de Jean-Yves
Masson, en 2007. Arfuyen publie ici son cinquième recueil consacré à Dhainaut,
après Prières errantes en 1990, Fragments et louanges en 1993, Introduction au large en 2001, Entrées en échanges en 2005.
Ce recueil comprend 12 parties, poèmes amples, strophes, fragments au cœur desquels
Accords au passage, dans cette forme
entre aphorisme et haïku caractéristique de la manière de Dhainaut. Pour lui le
poème est une approche toujours recommencée du réel : « Le poème, un
rivage où nous allons / toujours au-devant du rivage ».
wimereux
La Porte, 2008
retour haut de page
il y a le bruit de la mer et le silence pour nous il n’y a jamais rien eu d’autre que le silence depuis que la ville est morte je me tais comme si je m’étais retiré de moi-même je ne peux plus venir ici en vie chaque fois je me noie
Pour ceux qui aimeraient bien recevoir par la poste autre chose que de la pub, ces pratiques de quelques éditeurs (on peut citer aussi Wigwam) qui moyennant un modeste abonnement (ici 18 €) expédient de tout petits recueils, porteurs d’un texte d’un bon écrivain. Après avoir célébré les Rouzeau, Bretonnière et autres chez Wigwam, je recommande ce wimereux de Ludovic Degroote, une poignée de poèmes pour dire une ville retrouvée, morte, et le froid de tout. Pour s’abonner, La Porte, 6 numéros, 18 €, Yves Perrine, 215, rue Moïse Bodhuin, 02000 Laon.
Benjamin Fondane et la révolte
existentielle
Éditions de Corlevour, 2007
19 €
retour haut de page
De toute la réalité, visiblement décousue, le néant aidant de lui-même, à travers les plaies béantes, si longtemps cachées, que pouvait-il subsister, si ce n’est le réel profond que nous connaissons, les seuls points de vue fermes, je veux dire la réalité de la joie, de la souffrance » (Benjamin Fondane, cité en exergue du livre, p. 7)
Cet important essai sur Benjamin Fondane « tente de saisir le cœur de cette œuvre en allant à son obsession centrale : le "mal des fantômes", qui est à la fois une souffrance de la temporalité et une souffrance "d’inexister" dans l’Histoire qui a déchaîné sa violence contre certains êtres et contre la communauté juive en particulier. La portée très moderne de cette œuvre frontalière et migratoire, d’un "passager du désastre" de notre temps est évidente. La poésie de Fondane est une poésie brisée qui avec son anti-esthétique, affronte l’Histoire.
L’essai s’inspire du titre énigmatique que Fondane (Iasi,
1898, Auschwitz, 1944), prisonnier au camp de Drancy, donna en 1944 à l’ensemble
de son œuvre poétique : Le Mal des
Fantômes. La cohérence de son œuvre est ici analysée dans toute sa richesse
grâce à l’analyse d’un motif central : l’obsession de la déréalisation des
individus par l’excès du rationnel, l’exil, l’émigration et la violence totalitaire
qui transforment les êtres réels en fantômes de l’Histoire.
Oliver Salazar-Ferrer est poète, écrivain et critique. Il a publié une
biographie de Fondane chez Oxus et un récit Un Chant dans la nuit, chez
Corlevour.
Rouge à l’âme
Editions Potentille, 2007
retour haut de page
La toute jeune maison d’édition Potentille qui a déjà donné de beaux recueils de Marcel Migozzi ou de Ludovic Degroote, poursuit son travail avec ce Rouge à l’âme de la poète Evelyne Morin dont l’œuvre est riche déjà d’une quinzaine de recueils depuis Le cri de l’aube, en 1975, cher PJ Oswald.
Sentes et sens
Jérôme Do Bentzinger Éditeur, 2007
18 €
retour haut de page
Un itinéraire poétique qui a pris sa source sur les sentiers
vosgiens mais aussi des chemins plus lointains, des « sentes »
littéraires de formes libres et variées. Ce livre a obtenu de Prix de poésie
2007 de la Société des Ecrivains d’Alsace, de Lorraine et tu Territoire de
Belfort.
Martine Blanché est née à Mulhouse, où elle réside et enseigne l’allemand et la
langue et culture régionale.