En terres de Murat - Cantal

Du rocher de Bonnevie aux algues du Foufoullioux
Murat étage ses maisons grises si typiques, couvertes de lauze, aux flancs de la butte basaltique de Bonnevie, couronnée d'une statue. Cette agréable petite cité cantalienne est cernée, au nord-ouest, par le rocher de Chastel et au sud-est, par celui de Bredons, tous deux surmontés d'une chapelle et d'une église romane. La ville de Murat constitue une base de départ idéale pour les excursions vers les monts du Cantal tous proches et les verdoyantes gorges de l'Alagnon.

Les trois Rats 
La vieille cité de Murat se presse au pied de l'imposant rocher de Bonnenvie. Ses vigoureuses orgues de basalte, remarquables par la régularité et la longueur de leurs prismes, servaient autrefois de piédestal au château des Barons de la Montagne dont les orgueilleuses tours, prénommées le Rat Blanc, le Rat Noir et le Rat Gris, étaient braqués en permanence sur les muratais. Le château fut rasé sur ordre de Richelieu et il fallu six mois de travail et six quintaux de poudre pour en venir à bout. Depuis 1878, plus pacifique, c'est une vierge de fonte, de 14 mètres de haut, peinte d'un blanc cru, Notre-Dame-de-la-Haute-Auvergne, qui domine la ville et la belle église Notre-Dame-des-Oliviers. A Murat, une halle métallique du XIXe siècle se charge, les jours de marchés, des senteurs de la richesse gastronomique auvergnate. 
Les murmures de Murat 
Les Muratais ont de tous temps eu du caractère : lorsque sur ordre royal, leur cité fut entourée de remparts, ils les percèrent de fenêtres et y accolèrent leurs maisons. Ils supportèrent difficilement l'autorité des barons de la Montagne et encore moins, l'occupation allemande : le SS Gessler, adjoint d'Himmler, y fut tué par la Résistance locale. En représailles, 115 otages furent envoyés en camp de concentration. 35 seulement en revinrent. Un monument perpétue ce souvenir. 
Les ors de Bredons 
Le Rocher d'Albepierre-Bredons, second neck jaillissant de la calme plaine glaciaire, porte, presque accrochée au vide, l'église fortifiée, dédiée à saint-Pierre. Elle constitue l'un des monuments majeurs de la Haute-Auvergne. Massive, presque lourde, malgré son implantation quasi aérienne, dès le seuil franchi, elle se révèle légère, vaste et somptueuse. Les murs romans resplendissent des ors de retables des XVIIe et XVIIIe siècles. La décoration d'une inspiration foisonnante créé un univers fabuleux où figurines naïves, représentations symboliques de fleurs ou d'animaux s'épanouissent dans un environnement de colonnes torses et de statues d'éclatantes couleurs. Une très belle Vierge à l'Enfant ( XVIIIe ) orne le retable latéral droit, tandis qu'au-dessus du maître-autel, un retable monumental est consacré à la Résurrection. Dans le village, se trouvent quelques habitations troglodytiques et, au-dessus, vieux de deux siècles, un vénérable sapin. 
Les pitons de Murat 
Du Lioran, la route descend en larges lacets à travers les sapinières chevauchant les cascades du bondissant Alagnon pour aboutir au bassin de Murat, étrange site qui marie apaisante verdure, vieilles demeures élégantes aux toits de lauze et pointements volcaniques guerriers, rappelant que tout dans le Cantal, est l'oeuvre du feu assoupi. 
Les algues et la bière 
Murat partage avec Riom-ès-Montagne une industrie d'un genre particulier. Dans le creux de la vallée, d'une carrière à ciel ouvert, de puissantes cheminées expulsent la vapeur d'eau d'une façon souvent spectaculaire. Après grattage de la couche morainique, sont extraites quelques 200 tonnes journalières de diatomées, algues microscopiques fossilisées, issues d'une terre siliceuse au gisement du Foufoullioux, située à quatre kilomètres de Murat. La carrière peut même se visiter sur rendez-vous. Des opérations de broyage et de séchage précèdent la calcination finale ans un four rotatif de 30 mètres de long. 
Cette terre est réputée pour ses vertus isolantes à partir de laquelle sont confectionnés des filtres alimentaires très recherchés par les fabricants de bière, de médicaments et de produits chimiques. Plus de la moitié des 60 tonnes produites rejoint les pays producteurs de bière de l'Europe du Nord.