Au siècle de l'industrie
Vers le milieu du XIXè siècle Montluçon, ville oubliée, se transforme en une importante agglomération urbaine de nature industrielle, au développement rapide. La ville va alors connaître une seconde apogée.
Les confins du Bourbonnais et du Berry produisaient du minerai de fer qui, traité au charbon de bois dans la forêt de Tronçais, avait donné naissance à une industrie métallurgique prospère dès la fin du XVIIIè siècle. Mais, lorsque le charbon de bois fut remplacé au profit du coke pour fabriquer la fonte, Montluçon, du fait de sa situation géographique, s'attacha à fixer une industrie moderne. Le canal de Berry, achevé dans les années 1840, permettait au minerai de fer de remonter jusqu'à Montluçon où il venait à la rencontre de la houille de Commentry que les péniches ne pouvaient atteindre.
Ainsi naquit l'extraordinaire fortune d'une ville qui vit décupler sa population en l'espace d'un siècle. La ville passa ainsi de 5.000 habitants en 1830 jusqu'à 50.000 au milieu du XXè siècle.
Les hauts fourneaux et les forges comptèrent parmi les premières usines métallurgiques. Elles s'installèrent sur les rives du Cher, près du bassin du canal mais c'est surtout sur la rive gauche que s'implanta le quartier industriel et ouvrier.
Des industries, grandes consommatrices de charbon s'y établirent également : verreries, fabriques de glaces et de produits chimiques, four à chaux. On construisit donc un chemin de fer qui arriva à Montluçon dans les premières années du Second Empire. En 1864, Napoléon III vint même dans la cité montluçonnaise, inaugurer la toute récente gare ainsi que l'avenue qui porta son nom jusqu'en 1870, comme marque de reconnaissance de l'intérêt manifeste que celui-ci portait à la ville. Plusieurs lignes rayonnaient autour de Montluçon, faisant de la cité un noeud ferroviaire parmi les importants de cette région du centre de la France.
Mais, à la fin du XIXè siècle, survinrent des bouleversements et l'industrie montluçonnaise subit une évolution. Le charbon de bassin de Commentry venait à s'épuiser et le minerai de fer du Berry fut supplanté par celui de Lorraine. Le canal de Berry, trop étroit pour permettre un accroissement du trafic fluvial, fut très sérieusement concurrencé par le chemin de fer et perdit donc de son importance. Inexorablement, disparaissaient les principaux atouts de l'industrie montluçonnaise. La métallurgie lourde de l'acier ne subsista plus que comme industrie d'armement. La disparition d'une activité condamnée par les profondes mutations technologiques et socio-économiques de la seconde moitié du XXè siècle ne fut retardée, à Montluçon, que par l'emploi du four électrique et de la fabrication d'aciers spéciaux.
Fort heureusement pour Montluçon, l'entre-deux guerres s'accompagna par l'implantation d'industries nouvelles : industries chimiques et du caoutchouc avec la firme DUNLOP, mécanique et optique de précision avec la SAGEM qui fabrique aujourd'hui de l'électronique de haute sophistication. Ces industries " de pointe " qui se substituent aux anciennes, exigent une main d'oeuvre importante et hautement qualifiée qui s'accompagnent d'un secteur tertiaire conséquent.
La crise économique des années 1970, asséna un coup supplémentaire à l'industrie locale si bien qu'aujourd'hui, Montluçon n'est plus cette cité industrielle et " laborieuse " qu'elle a été, même si elle reste néanmoins la première ville économique du Bourbonnais. Sa population décroît et les diverses municipalités successives, toutes tendances confondues, s'évertuent, depuis des décennies avec plus ou moins de réussite, à fixer l'emploi sur le bassin en misant sur la diversification des activités.
Si l'histoire économique récente de Montluçon reste assez exceptionnelle, son histoire politique et sociale n'en est pas moins riche. Sa population ouvrière, très imprégnée des valeurs républicaines de 1848, adopta très tôt les théories du socialisme. En 1892, Jean Dormoy, disciple de Jules Guesde, ouvrier syndicaliste, est élu avec des camarades au Conseil Municipal et devint l'un des premiers maires socialistes de France. Durant près d'un siècle, des municipalités de gauche vont se succédait à la tête des affaires de la cité, leur action marquant profondément la mentalité locale. Aujourd'hui, la traces de ces anciens de la lutte ouvrière, personnalités locales ou nationales ayant marqué l'histoire de leur empreinte, se retrouve fixée dans les noms que portent certaines grandes artères ainsi que de nombreuses rues, places ou quais de la ville.
Mais Montluçon ou ses environs fut aussi le théâtre d'évènements qui eurent parfois une portée nationale, telle l'affaire de la Brande des Mottes le 15 juin 1849, la manifestation du 1er Mai 1906 pour le départ des déportés du S.T.O. le 6 janvier 1943.