Cl. I. Rambaud
Rien ne manque et pourtant si, un petit quelque chose qui s'appelle le charme, la patine, le je ne-sais-quoi qui distingue le neuf de l'ancien, la marque du temps sans doute, un peu de modestie aussi.Les propriétaires ont construit en lisère de village la "maison de leurs rêves", immense et fonctionnelle (les volets sont électriques comme tout le reste sans doute). Encore a-t-on échappé aux colonnades et autres balustrades les plus kitschs. J'ai vu pire !Mais l'empilement est bien là : deux pavillons de façade, un préau, un auvent, des fenêtres de toutes formes, des lucarnes... un catalogue clé en mains de la maison traditionnelle, bien cossue, bien raide. Rien de nouveau dans les formes ni dans les matériaux, juste une accumulation de modules, un palais de lotissement. Notez aussi la pelouse bien tondue qui se distingue du pré voisin, on ne mélange pas les graminées s'il vous-plaît ! Notez aussi la mare, euh pardon... la pièce-d'eau-pour-faire-joli. Tout y est, vous dis-je ! Tout sauf l'innovation, sauf l'imagination, sauf le rêve, sauf la beauté, sauf le bonheur des yeux, sauf...
Que donnera cette colossale bâtisse dans 200 ans ? L'appellera-t-on "manoir" parce que la vigne vierge y aura poussé ? Dans quel état sera-telle et le charme lui aura-t-il poussé, lui aussi ? Le mal est fait, en toute innocence.
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