Il y a deux ans, j’avais été ébranlé par un discours élaboré par des planneurs qui relevaient de nombreux éléments bloquants dans le web. Ils pointaient du doigt une contre productivité relevée en particulier dans les processus d’achats, ralentis par la profusion de choix qui complexifie l’acte décisionnel. Certes, pas de la même façon sur toutes les génération mais quand même, incontestable. J’étais dubitatif.
Deux ans plus tard, je continue mon propre laboratoire auto centré sur mon blog, mon Twitter, mon Facebook, mon YouTube, mon FlickR, mon Posterous, mon Figaro.fr mais aussi mon DailyBooth, mon Quora et tous les prochains services web à venir… Si je fais un petit bilan de 6 ans d’ultra connexion, le mot qui me vient à l’esprit est TROP et semble deux ans plus tard rejoindre le point de vue des planneurs que j’avais tancé peut-être un peu vite.
Trop de contenus ?
Si la profusion d’offres bloque l’acte d’achat, la profusion de contenus ne facilite pas forcément l’accès à de nouveau contenus. Il ne s’agit pas que d’un problème d’infobésité : les créations d’artistes, les points de vue de citoyens, les programmes de marque et les relais d’une seule et même information par de multiples internautes sont tellement nombreux que le volume en devient assourdissant. Le besoin d’intermédiaires pour organiser le web et repérer le plus intéressant s’organise d’ailleurs avec l’arrivée du curating mais ça ne suffit pas toujours.
Si Twitter me balade d’un contenu à l’autre en me dirigeant vers de nouvelles sources, je finis par revenir toujours aux mêmes émetteurs, dans un choix certes plus large. Je me sens au final souvent complètement débordé par une masse d’information que je ne peux pas gérer et qui finit par me renvoyer aux médias traditionnels. Visiblement comme beaucoup de monde.
A noter néanmoins, des événements relayés sur le web, structurés à l’image de TEDx qui ne manque pas de défauts mais que j’ai suivi avec plaisir à distance hier.
Trop d’”amis” ?
En échangeant virtuellement avec toujours plus de monde, les opportunités d’échange dans la vie réelle sont nombreuses. Mais quand comme moi, on a besoin de vrais moments à soi, cette addition de contacts provoque des envie de week-end autistes, soirées DVD et journées en solitaire. Plus je connais de monde, moins j’en profite dans la vie réelle. Comme si un échange virtuel comptait comme un échange dans la vraie vie. Ce qui n’est évidemment pas vrai. Et se joue au détriment de moments avec mes amis. Qui continuent très logiquement à se compter sur les doigts d’une main. Une régulation personnelle s’impose, elle viendra.
Trop de temps réel ?
L’information en temps réel en particulier sur Twitter a un intérêt et plein de désavantages. A toute heure du jour et de la nuit, impossible de rater l’info du moment, Twitter se révèle même utile pour accéder aux actus telle que vécue par les parties prenantes lors de grands événements comme l’actualité en Tunisie vient de nous le démontrer. Mais le suivi en temps réel s’avère toujours ancré dans l’écume des choses, le mélange des genres (du lol à la désinformation à coup de rumeurs) et l’absence absolue de recul et d’analyse. Read Write Web et Laurent Bourrelly viennent de le relever.
Plus que jamais, j’ai l’impression d’être au milieu du gué, à la recherche d’un point d’équilibre qu’il faut trouver seul, dans mon propre écosystème. Apprendre à gérer la profusion, faire les choix pour ne pas se détourner de sources moins digitales mais qui comptent, ce sera mon défi de l’année.