L'infiniment complexe... et puis, la métamorphose
Multiple, insaisissable, toujours il interpelle. Franc-tireur de la pensée, épistémologue, diariste, journaliste, historien, sociologue, autobiographe et militant... Edgar Morin, Immensément fraternel (Alain Borer), c'est la combinaison calme des fécondités (Régis Debray),
Son oeuvre s'étend sur soixante-cinq ans et aborde toutes les questions de la vie et tous les domaines du savoir.
Son grand-oeuvre encyclopédique a pour titre La méthode (1977-2006).
Six volumes...
Biologie, paléontologie, psychologie, ethnologie, Edgar Morin convoquent toutes les "sciences" à la barre dans une reconfiguration du savoir humain, l'idée consistant à mettre au point une méthode de connaissance capable de "traduire la complexité du réel" car, pour Morin la totalité est toujours fragmentée.
La méthode élabore trois principes : le dialogue entre les antagonismes en lieu et place de la dialectique ; le principe hologrammique qui montre que la partie est dans le tout et vice versa ; et enfin le principe de récursion organisationnelle : boucle génératrice dans laquelle les produits et les effets sont eux-mêmes producteurs et causateurs de ce qui les produit.
Ces principes forment les trois piliers de la « pensée complexe ».
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A la fin du dernier tome de la Méthode, Morin en appelle à une métamorphose : « Il s’agit pour l’homme de passer à une autre humanité comme la chenille fait place au papillon. »
Il en appelle donc à une profonde mutation de l’homme et à un monde humain d’un type nouveau : « Ce qui arrive dans la métamorphose, c’est l’éveil et l’action de puissances génératrices et régénératrices qui deviennent des puissances créatrices. Mais cette métamorphose ne pourra s’accomplir véritablement qu’avec le concours et le secours de la conscience humaine et de la régénération éthique. C’est pourquoi la réforme de l’esprit aura un rôle capital à jouer. »
(Extrait de L’Ethique, tome VI de la Méthode aux Editions du Seuil)
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