Un des avantages précieux du bavardage journalistique est, en général, d’indiquer assez fidèlement le politiquement correct et donc la mauvaise direction. La fuite inattendue du président Tunisien est là pour rappeler à chacun combien l’imprévu est la règle en Histoire. C’est une bonne leçon pour les Européens, notamment ceux qui, parce qu’ils sont plus conscients que d’autres des forces hostiles à l’œuvre, sont tentés d’abandonner le combat. S’il y a un fatum, il n’est pas connu des hommes. En tout cas pas de ceux qui lisent le JDD ou écoutent le cuistre Levaï le dimanche matin sur Frnce-inter.
C’est la chaos dans l’ancienne Phénicie et rien ne dit que ce petit pays urbanisé depuis l’Antiquité, au passé Carthaginois encore présent et au sentiment national affirmé, doivent –comme le célèbrent les journaleux- « se tourner vers la démocratie », ce graal moderne.
Comme d’autres pays du Maghreb, ce pays, essentiellement peuplé de berbères arabisés sous les califats arabes, est déchiré entre son orientation vers le monde occidental (la laïcité de Bourguiba et de Ben Ali, le combat contre les partis fondamentalistes musulmans) et sa solidarité avec le monde arabe (accueil de l’OLP, refus de cautionner la guerre US en Irak): d’où sa réticence forte au panarabisme des années 50-60 (et l’échec du projet de fusion Tunisio-Lybien proposé par Kadhafi) et au panislamisme contemporain.
Même dilemme qu’en Algérie : comment maintenir cette tradition –superficielle- de laïcité et de modernité à rebours d’une culture arabo-musulmane hostile à ce positionnement ? On se rappelle du scénario des élections Algériennes de 1991, remportées par le parti fondamentaliste musulman local (FIS), et annulées par le pouvoir préférant exclure l’islamisme du champ politique…Même dilemme que pour la Turquie Kémaliste, ce pays déchiré entre deux civilisations, en voie de ré-islamisation rapide, comme refusent de le voir nos vigies journalistiques.
Ce phénicisme, fait de ce passé Carthaginois, de christianisation puis d’islamisation, de soumission à l’empire Ottoman puis aux puissances européennes occidentales (disputée par la France et l’Italie à la fin du XIX ème siècle, protectorat français, occupé par l’armée Allemande, revendiquée par l'Italie, française en 45, indépendante en 1956…) avant de se coaguler dans le nationalisme arabe, est une singularité dans la région.
Les journalistes occidentaux les moins crétins comme GM Benamou (c’est dire…), pétris d’ethnocentrisme occidental et de fausse compassion tiers-mondiste, communient sagement depuis quelques jours dans l’espoir de voir ce pays adouber le barnum occidental (ce package fait de « démocratie libérale », d’intégration par le marché et le droit, de religion des droitsdelometdelashoah, de festipride et d’anomie violente). Rien ne dit pourtant, sur la longue durée, que ce chemin soit le bon pour ce pays de la rive orientale de la Méditerranée. Tout indique, au contraire, qu’il puisse renouer avec son identité profonde (maghrébine et musulmane).
Bonne illustration également du rôle crucial de l'armée dans un pays à la dérive (sécurisation du territoire, contrôle des approvisionnements, justice militaire (hmmm)); nos bureaucrates européeistes et OTANistes (sans doute onanistes également, vu la tronche du pauvre Van Rompuy...) pourfendeurs de crédits militaires et intégrateurs de la "diversité", seraient bien inspirés de ne pas trop l'oublier...
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et ma contribution au débat politique en Côte d'Ivoire:
pff, anti-soviétisme primaire! (merci carine)