La Polynésie n’est qu’îles, rien d’étonnant à ce que la mer ait une importance nulle part aussi grande. Sabine, immigrée de métropole, en rend compte.
Rêve de surf
Tous les surfeurs de l’extrême étaient présents à Teahupoo. La grosse houle du sud-ouest, venue du pôle Sud, a frappé la Polynésie française. Ce phénomène se reproduit tous les deux ans et l’info fait le tour du monde surfeur. Tous se précipitent alors à Tahiti pour enfourcher « la » vague. La houle née dans les Quarantièmes rugissants engendre usuellement des vagues de récif hautes de 8 m – trois étages. Une aubaine pour l’élite mondiale des musclés ! Reportage, photos, tout était dantesque… et en même temps magnifique.
Course Hawaiki nui
Du 24 au 26 octobre dernier, la grande course de pirogues (vaa) s’est déroulée entre l’île Sauvage et la Perle du Pacifique. Elle est toujours aussi populaire et disputée. L’équipage de la pirogue est composé de six rameurs.
Les équipes partent de l’île de Huahine, depuis le lagon, direction l’île de Raiatea, soit une première étape de 44,5 km. Pour l’anecdote, ce jour-là trois baleines croisaient dans le lagon… On sait d’ailleurs depuis peu que les baleines ont des poux. Une mission scientifique à Rurutu (Australes), où les baleines vont mettre bas, a découvert que les poux de baleines, appelés cyamides, partageaient avec les cétacés une histoire commune sur le plan génétique comme écologique. La taille d’un cyamide avoisine le centimètre. Ces parasites se logent dans les sillons gulaires, les commissures au large de l’évent et les fentes ano-génitales, ou encore sur les blessures.
Le lendemain, le parcours des pirogues de course dans le lagon de Raiaea-Tahaa était de 26 km. Le surlendemain, il y avait 58 km de Tahaa à Bora-Bora, en majorité en haute mer avec arrivée dans le lagon. Oscar, le Président-voyageur, a dit en parlant du gagnant, l’équipage de la pirogue Shell : « ils ont sûrement beaucoup d’essence ! ».
Pour les rameurs, une telle course est l’objectif d’une saison entière avec entraînement intensif. Il y avait 81 équipages en lice. Chacun est constitué d’un capitaine qui donne les consignes, de deux « moteurs » qui donnent le rythme, de deux pilotes (faahoro) et d’un barreur (peperu). Chaque équipe est encadrée par le coach, un kiné, un médecin (toate) et de toute une équipe technique. Les rameuses ont aussi leur challenge, ainsi que les juniors, mais la télévision n’a d’yeux que pour les beaux mecs !
Voilier-école Esmeralda
Le 26 octobre au matin est entré dans le port de Papeete le navire-école à voiles chilien Esmeralda. Accueilli par la marine française et amarré à l’épi nord du port, ce beau voilier fait son tour du monde et reste quelques jours dans nos eaux. Ce quatre-mâts sillonne les mers depuis 1953. Il embarque à son bord 332 marins. Il est parti le 1er avril de Valparaiso, a fait escale au Pérou, en Nouvelle-Zélande, en Australie, en Nouvelle-Calédonie, aux îles Marianne, en Chine, en Corée du sud, au Japon et aux Etats-Unis.
Des visites sont prévues à bord de 14 à 17 h et un concert est offert par l’orchestre des marins chiliens. La foule se presse et l’heure de visite est repoussée à 18 h. Seul le pont est accessible, les cuivres sont astiqués, le pont briqué, les cordages lovés selon les règles. Devise de l’Esmeralva : Vincer o Morir (vaincre ou mourir). Cela ressemble à la devise des Pompiers de Paris, non ?
Agressif Barracuda
Attaque rare en Polynésie : un pêcheur au fusil a été violemment mordu par un barracuda, puis traîné par le bras avant d’être lâché comme proie trop grosse et trop résistante. Le barracuda est un poisson carnivore au museau ressemblant à la proue du croiseur Aurora, celui qui bombarda le Palais d’Hiver en 1917 à Saint-Pétersbourg… De grande taille, jusqu’à 2 m, il a le corps allongé d’un poisson de course, la mâchoire inférieure proéminente et les dents en forme de crocs. Il se mange en principe mais sa chair contient en Polynésie une toxine : la ciguatera.
Sauver des cons
Marine et Armée de l’air ont à peine le temps de ravitailler qu’ils doivent déjà repartir pour un nouveau sauvetage. Un bonitier se perd en mer. Il s’est retrouvé à l’opposé du transit prévu. La « raison » ? - La déraison : pas de matériel de navigation à bord, pas de carburant suffisant, un marin non professionnel comme patron. On a dépêché un patrouilleur, deux Gardian (Falcon de surveillance maritime) et un pêcheur professionnel polynésien muni d’un GPS portatif pour ramener ce bonitier. Coût : 22 millions de Francs Pacifiques, soit 184 363 euros !
A peine rentrés, les sauveteurs devaient repartir vers Nuku Hiva, aux Marquises. Une embarcation était partie pour une partie de pêche avec un père et sa fille. Evidemment : aucunes vivres à bord, que de l’eau, aucun moyen de communication avec la terre et pas de matériel de sécurité… Dénouement heureux, ils ont été retrouvés par le Gardian après une nuit d’angoisse pour la famille.
La Présidence du pays a dû se fendre d’un communiqué où les personnes, les moyens de l’Etat, l’Armée, l’équipage du Gardian et les autres sont remerciés. Bien le moins !
Sabine