L’invisible ennemi

Publié le 16 janvier 2011 par Jlhuss

Vous avouez vous perdre un peu dans les étages de La Vie mode d’emploi. Vous osez dire aussi -Oulipo qui mal y pense- que pondre tout un livre, La Disparition, en se privant de la voyelle « e » vous paraît une gageure discutable, même quand enfant on a perdu son père au front et sa mère à Auschwitz. Soit. Mais à lire au moins Un Homme qui dort, chronique d’une sorte de syncope du goût de vivre, et surtout Les Choses, exploration du vide moral creusé dans notre société au milieu des « trente glorieuses », on peut encore ranger Georges Perec au nombre des auteurs marquants de cette époque.  D’une plume flaubertienne adoucie, il décrit l’ambition molle d’un jeune couple d’avant 68, Jérôme et Sylvie bien sûr, monnayant petitement en enquêtes de consommation leurs diplômes de psychosociologues, et fourvoyant leur recherche du bonheur au temple du désir des « choses », au sacre des stéréotypes, au credo des agences de pub. « Ah la la la vie en rose / Le rose qu’on nous propose … » Tant d’années écoulées et cette illusion court encore !

Arion