L'actualité de la semaine qui s'achève a été littéralement happée par deux évènements aussi antinomiques que possible, à tel point que leur association au sein d'un même post peut paraître pour le moins incongrue :
- Le peuple rubro-negro (soit plus de 50% du peuple carioca lui-même, dois-je le rappeler aux nombreux détracteurs de mon Mengão qui n'ont pas manqué de s'exprimer à la suite de mon post sur le titre -légitime- de champion du Brésil obtenu par le rival Fluminense cette année) a fêté avec faste l'issue heureuse de la novela Ronaldinho ! Le Ballon d'Or 2005 a en effet signé pour 4 ans au Flamengo, jusqu'à la Coupe du Monde 2014 à laquelle il espère participer et qui se tiendra...au Brésil. La présentation du joueur ce jeudi a donné lieu à une incroyable liesse populaire au siège même du club hexacampeão, retransmise en direct par la télévision brésilienne : plus de 20.000 personnes sont venues acclamer leur nouveau Dieu du Stade, en espérant que celui-ci tire de nouveau leur Flamengo vers les sommets après une année 2010 d'une insigne tristesse. Les quelques images que je vous joins ici montre la folie qui s'est emparée du quartier de Gavea où s'est déroulée la présentation du "Gaucho" (Ronaldinho est originaire de Porto Alegre, la capitale du Rio Grande do Sul, à l'extrême sud du pays) devant la marée humaine en rouge et noir (et cette-fois ci Jeanne Mas n'y était pour rien ! :)
- Beaucoup plus tragique, les terribles inondations dans la région Serrana située au nord de l'état de Rio (et principalement les villes de Teresopolis, Petropolis, Nova Friburgo) causées par les pluies diluviennes de ce début de semaine, dont le bilan humain et matériel ne cesse de s'alourdir de jour en jour : on parle maintenant de plus de 550 morts et de près de 6.000 personnes sans-abris. Après les glissements de terrains du mois d'avril 2010 survenus à Rio même et ayant causé la mort de plus de 250 personnes, l'Etat fluminense se voit de nouveau châtié par les pluies, mais plus encore par son urbanisation anarchique (comme le relate cet article de Veja traduit par Courrier International) et l'incurie des services publics en matière de prévisions des dangers naturels. Les images, effrayantes, des eaux emportant tout sur leur passage n'ont cessé de faire le tour des journaux télévisés du Brésil et d'ailleurs -jusqu'à l'incroyable sauvetage de Dona Lais, que je vous pouvez découvrir ici.
Pourquoi donc associer ces deux nouvelles, donc ? Parce que je crois que la conjonction de la mise en scène dans les médias de ces deux évènements a priori sans aucun rapport traduit tout le paradoxe du Brésil et de ses habitants : le pays sait se rassembler et communier comme aucun autre aussi bien pour célébrer les joies en apparence les plus futiles (en particulier autour de cet opium du peuple brésilien qu'est le football), mais aussi pour partager les plus grandes douleurs, et montrer des élans de solidarité et d'union que l'on ne rencontre que rarement (un exemple parmi tant d'autres : ma page Facebook a été inondée depuis deux jours de messages de soutien aux victimes des inondations, mais aussi d'initiatives diverses et variées pour collecter de l'argent ou des biens de première nécessité pour les sans-abris). Cette solidarité sans faille, dans le bonheur ou dans la douleur, me semble être une composante fondamentale de la mentalité brésilienne, qui contribue à rendre l'expérience de vie ici si particulière, voire magique.
Comment aider les victimes des intempéries de la région Serrana ? Toutes les informations ici (en portugais, vive Google Translate pour les non-lusophones!).