Israël, lumière des nations

Aujourd'hui dimanche chrétien, la première lecture de la liturgie est le texte du prophète Yéchâya (Isaïe) 49, 3-6, parlant du rôle d'Israël.
Dans ce texte il est question du "Serviteur de D.ieu".
Ce serviteur était déjà évoqué dans Yéchâya 42. Après Yechâya 49, il le sera aussi dans Yéchâya 50 et 52.
Il s'agit d'un ensemble de quatre textes qui semblent bien former un groupe à part dans le deuxième livre de Yechâya.
Ils sont appelés "les Chants du Serviteur", car ils brossent tous les quatre, mais en insistant sur des aspects différents, le portrait de celui que le prophète appelle le "Serviteur de D.ieu".
Dans le premier chant (Yéchâya 42), il y a trois points importants.
Premièrement, le Serviteur est choisi par D.ieu pour une mission bien précise.
Deuxièmement, cette mission est un acte de jugement, au sens de salut, de relèvement des malheureux de toute sorte.
Enfin, troisièmement cette mission concerne l'humanité tout entière, symbolisée par l'expression, "les îles lointaines". Il y a universalisme du projet de D.ieu.
Les derniers mots du passage d'aujourd'hui vont tout à fait dans le même sens, "Pour que mon salut parvienne jusqu'aux extrémités de la terre".
Quant à l'identité de ce serviteur, de ce sauveur qui apportera le salut jusqu'aux extrémités de la terre, dans le premier chant (Yéchâya 42), le texte hébreu ne le précisait pas.
Mais, quelques siècles plus tard, la traduction grecque précisait bien qu'il s'agissait du peuple d'Israël.
Dans le deuxième chant (Yéchâya 49), le texte hébreu est parfaitement clair, puisqu'il dit "Tu es mon serviteur, Israël, en toi je me glorifierai".
L' expression "en toi je me glorifierai" veut dire "en toi, mon serviteur, je serai manifesté, reconnu, révélé".
Il s'agit de la gloire de D.ieu qui est son œuvre de salut.
Le prophète le dit très clairement dans Yéchâya 35, 2. Il commence par dire "On verra la gloire du Seigneur, la splendeur de notre D.ieu" et ensuite il annonce le retour de l'Exil.
En effet, lorsque le peuple sera sauvé, libéré, il sera la preuve vivante que D.ieu est sauveur.
Ceux qui sont sauvés deviennent sauveurs pas par eux mêmes mais parce que le fait d'avoir été sauvés par D.ieu en fait des témoins.
Le titre de serviteur décerné au peuple d'Israël en exil signifie donc deux choses.
Il est d'abord une assurance du soutien de D.ieu, mais il est en même temps une lettre de mission.
Israël doit continuer à croire au salut et à en témoigner à la face du monde.
En reconnaissant à travers Israël l'œuvre de D.ieu, l'humanité reconnaîtra que D.ieu est sauveur, et, à son tour, l'accueillera comme leur sauveur.
Ainsi D.ieu sera enfin connu et reconnu par tous ceux qui l'auront vu à l'œuvre pour sauver Son peuple.
C'est Israël qui a manifesté la présence de D.ieu.
Dans le texte d'aujourd'hui comme dans le premier chant (Yéchâya 42), Israël est lumière pour les nations, est l'instrument de D.ieu "pour que son salut parvienne jusqu'aux extrémités de la terre".
C'est la vocation du Mashiah, le Messie.
Au début du texte, c'est le Seigneur qui parle pour dire "Tu es mon serviteur, Israël, en toi je me glorifierai".
Le Serviteur est un personnage collectif, c'est le peuple d'Israël qui est investi d'une mission au service du monde.
Le projet de D.ieu est universel, mais pour accomplir son projet, il a choisi un peuple particulier, Israël.
Quelques lignes plus bas le Serviteur lui-même prend la parole, "Le Seigneur m'a formé dès le sein de ma mère pour que je sois son serviteur, que je lui ramène Jacob et que je lui rassemble Israël".
Il s'agit du petit noyau des fidèles, ceux dont la foi n'a pas chancelé, malgré les années d'exil et de captivité. C'est à eux que D.ieu confie la mission de soutenir leurs frères, pour les rassembler et les ramener dans leur pays, comme dit Yéchâya "relever les tribus de Jacob et ramener les rescapés d'Israël".
Cela est toujours valable aujourd'hui avec le retour du peuple d'Israël en Terre de Sion.
Et ce rétablissement du peuple d'Israël s'inscrit dans le projet de D.ieu comme le prélude au salut de toute l'humanité.
Alors on comprend mieux la phrase "Je vais faire de toi la lumière des nations pour que mon salut parvienne jusqu'aux extrémités de la terre".