Magazine Cuisine
Le vin est une valeur refuge, spéculative même si l'on s'en réfère aux prix astronomico-délirants des grandes "stars" bordelaises que l'on constate ces dernières années. Pour moi cependant, le vin représente une autre philosophie. Certes, il y aura toujours une dimension commerciale entre le vigneron et ses clients, mais j'ai la faiblesse de penser que d'autres relations sont possibles.
Le vin, c'est d'abord le travail de la terre, la raison de vivre de ces paysans (au sens étymologique) un peu particulier, ceux qui ont façonné à force de travail et de persévérance le relief et les paysages. C'est également lé détonateur de révoltes désespérées (voir ICI) pour préserver leur raison de vivre.
Depuis maintenant 10 ans que je sillonne quelques vignobles de notre pays (à cause de la géographie, des contraintes de temps et de mes gouts, mon rayon d'action est par construction incomplet), si je m'émerveille toujours devant les mythes du vignoble français comme la Romanée Conti par exemple, j'ai maintenant tendance à privilégier une certaine convivialité dans mes déplacements et mes visites.
Pour ce week-end de transition, entre les agapes de fin d'année et le prochain anniversaire qui se profile déjà, je tenais à rendre hommage à ces vignerons avec lesquels nous avons développé, au fil des ans, une relation qui va au-delà d'un simple échange marchand. Professionnels passionnés et passionnants, nous avons passé des heures en cave, à goûter sur fûts, malo pas terminée mais juste pour le fun et pour ma "culture", parfois même sans achat à la clé puisque plus de disponibilité, ou nous permettant de récupérer quelques "vieux millésimes".
Je tenais à les remercier tous ici très chaleureusement de leur accueil et de leur ouverture. Pour mettre en musique cette partition, nous avons bu ce samedi :
.
Anjou blanc, Authentique 2007, Philippe Delesvaux : un premier nez semi-oxydatif, laissant rapidement place après aération à des senteurs complexes, tourbe fumée typée Speyside, fraîcheur mentholée, fruits et fleurs blancs (poire, chèvrefeuille). S'y ajoute une impression miellée douce. En bouche, l'attaque est franche, droite, sur une belle acidité. La structure minérale est intense (schisteuse), avec un équilibre tendre, presque demi-sec. Toucher de bouche velouté / granuleux très agréable. La finale laisse une impression cristalline limpide, claire et équilibrée. Excellent.
Nuits Saint Georges, Premier Cru Rue de Chaux 2001, domaine Pascale et Georges Chicotot (carafé trois heures) : une robe sombre et intense, sans signe d'évolution. Nez très élégant de fruits noirs (cassis), légèrement réglissé. Une pointe d'évolution avec ces notes épicées et de fourrure. En bouche, le vin est d'abord discret. Puis il se développe à partir d'une structure tannique élégante. Un vin qui allie à la fois la finesse et la fraîcheur d'une part, la mâche et la minéralité "terrienne" d'autre part. Magnifique profondeur en finale, presque moelleuse / lactée. Excellent.
Bruno