En empêchant la presse de travailler, en interdisant les sites d’informations et les plateformes vidéos sur Internet, le gouvernement Tunisien à transférer, malgré lui, la population vers les réseaux sociaux.Un moyen de contourner la censure où près de 2 millions d’utilisateurs Facebook ont été recensés dans le pays sur 11 millions d’habitants. Mobilisation aussi sur Twitter avec au premier rang, le mot-clé #Sidi Bouzid*. A partir de là, difficile d’appliquer une censure tellement le flux d’information arrive en masse et de tout côté.
Facebook et Twitter sont devenus, depuis le début des émeutes en Tunisie, d’incroyables caisses de résonance à travers le pays comme en dehors. Ces réseaux sociaux ont même relié l’information sur la situation du pays avant même le début des rébellions du peuple tunisien le 17 Décembre 2010 dernier.
« Bye, bye Ammar 404″
Les tunisiens ont pu vivre, Jeudi soir, la levée de la censure par le ministère de l’Intérieur. « Ammar 404 est au chômage » ironisait les internautes, soulagé par la libre circulation des informations sur la toile. Ammar 404 était le message d’erreur affiché sur les pages internet lorsque l’accès à certains sites était interdit. « . L’EX président Zine El Abidine Ben Ali avait promis de garantir « la liberté totale » d’information et d’accès au web, alors que son pays était accusé d’être l’un des principaux censeurs de ce média.
Des internautes sur Facebook ont tiré profit de la levée de la censure pour diffuser un livre qui était strictement interdit en Tunisie, La régente de Carthage, écrit par deux journalistes français. L’ouvrage dénonce le rôle supposé de l’épouse du président Ben Ali, et de sa famille pour contrôler des secteurs clefs de l’économie tunisienne.
Parmi les sites de référence, le « blog collectif indépendant nawaat.org qui reste largement en pointe ou encore le portail généraliste communautaire tuniscope.com.
Facebook, plateforme d’informations
« L’information s’est démultipliée. Et ce qui est frappant, c’est que des personnes qui n’étaient pas militantes, sont entrées dans la danse, remplaçant leur photo de profil sur Facebook par le drapeau tunisien en deuil (en noir et blanc) ou ensanglanté. Ce sont des choses qui donnent confiance et courage à ceux qui manifestent » exprime l’historienne franco-tunisienne Leyla Dakhli spécialiste du Moyen Orient contemporain.
« En Tunisie, les sites des médias sont mauvais ou sous-développés. C’est Facebook qui sert de plate-forme d’informations : il y a un véritable échange d’infos non filtrées. » souligne Pierre Haski, journaliste spécialiste de l’étranger à rue89.
Internet est fortement utilisé via les réseaux sociaux par les populations à travers le monde pour manifester leur mécontentement et détourner, par la-même, la censure qui sévit dans leur pays, comme à la suite des réélections, fortement contestées, du président Mahmoud Ahmadinejad où les plateformes communautaires ont joué un rôle important. Important certes, mais pas décicif puisque cela n’a pas empéché cette figure iranienne d’arriver (de nouveau) au pouvoir.
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#Sidi Bouzid*= Sidi Bouzid était la ville dans laquelle Mohamed Bouazizi, un vendeur ambulant de 26 ans s’est immolé pour protester contre les violences policières qui l’empêchaient de travailler et faire vivre sa famille. Depuis son geste, des dizaines de rassemblements ont eu lieu dans tout le pays.
Sources : AFP, europe1.fr