Nicolas Lancret (Paris, 1690-1743),
Un concert, c.1738.
Huile sur toile, 36,8 x 45,6 cm, Munich, Alte Pinakothek.
Débutée en 2001, l’entreprise de l’ensemble Café Zimmermann visant à documenter, outre les six Concertos Brandebourgeois et les quatre Ouvertures, une large partie de la production concertante de Johann Sebastian Bach, va connaître son achèvement cette année. Son cinquième volume, édité, comme les précédents, par Alpha, nous arrive ce mois-ci.
Les œuvres proposées dans cet enregistrement juxtaposent deux périodes d’activités distinctes de Bach. La très éclatante
Ouverture en ré majeur (BWV 1068), dont chacun a dans l’oreille le célébrissime Air, et le Concerto Brandebourgeois en si bémol majeur (BWV 1063), économe et
concentré, ont vraisemblablement été composés, même si on a pu avancer, sans qu’aucun document ne vienne étayer cette hypothèse, que le sixième Brandebourgeois pouvait dater de la
période immédiatement antérieure de Weimar, lorsque le compositeur occupait le poste de Maître de chapelle de la cour de Coethen (1717-1723), dont le calvinisme du prince réduisait à
la portion congrue la place consacrée à la musique sacrée, provoquant chez Bach une première floraison de pièces instrumentales (une cinquantaine, au bas mot).
Les précédents volumes de la vaste anthologie de la musique orchestrale de Bach par Café Zimmermann (photographie ci-dessous),
accueillis très favorablement par la critique, se signalaient, entre autres qualités, par le soin apporté aux dialogues entre les instrumentistes ; le nouveau venu ne fait pas exception.
C’est un réseau d’échanges très finement et très vigoureusement conduits qui anime les quatre partitions proposées ici, dans cet esprit de conversation qui est véritablement celui de
Concerts avec plusieurs instruments, pour reprendre l’appellation donnée par Bach lui-même à ce que nous connaissons aujourd’hui sous celle de Concertos Brandebourgeois.
Portée par des musiciens de tout premier plan, cette lecture conjugue parfaitement tension dramatique et expressivité, en se gardant aussi bien des dérives explosives observées chez Reinhard
Goebel que des partis-pris parfois un peu esthétisants de Jordi Savall, pour ne citer que deux versions majeures des Ouvertures et des Brandebourgeois.
Je vous conseille donc l’écoute de ce cinquième volume des Concerts avec plusieurs instruments qui fait une nouvelle fois honneur à la musique de Bach ainsi qu’aux musiciens de Café Zimmermann. Le dernier volet de leur entreprise, dont la parution est annoncée pour le second semestre 2011, permettra de prendre le recul nécessaire pour jauger le travail effectué par l’ensemble, mais il ne fait guère de doute qu’il s’inscrit d’ores et déjà parmi les meilleures contributions de ces dernières années dans le domaine de la musique orchestrale du Cantor de Leipzig.
Ouverture en ré majeur BWV 1068, Concerto pour clavecin en fa mineur BWV 1056, Concerto Brandebourgeois
en si bémol majeur BWV 1051, Concerto pour trois clavecins en ré mineur BWV 1063.
Café Zimmermann
Céline Frisch, clavecin
Dirk Boerner & Anna Fontana, clavecins (BWV 1063)
Pablo Valetti, violon & direction
1 CD [durée totale : 58’32”] Alpha 168. Ce disque peut être acheté en suivant ce lien.
Extraits proposés :
1. Concerto pour clavecin en fa mineur, BWV 1056 : Allegro
2. Ouverture en ré majeur, BWV 1068 : Gavottes I & II
3. Concerto pour trois clavecins en ré mineur, BWV 1063 : Allegro
Illustrations complémentaires :
Page de titre des Six concerts avec plusieurs instruments, dits Concertos Brandebourgeois (Coethen, 24 mars 1721). Berlin, Staatsbibliothek.
La photographie de l’ensemble Café Zimmermann est de Petr Skalka, utilisée avec autorisation.