Absorber le silence.
Décider de ne pas sauter dans ce train,
qui file, à toute allure,
vers un idéal commun, un ailleurs auquel
je ne suis plus sûre de croire.
Fuir.
Préférer les chemins doux, et tortueux de l’enfance,
Au fracas des machines.
Faire tinter dans les rayons de ma bicyclette, les cailloux des souvenirs.
Ne garder que les meilleurs,
Trier les moins bons.
Et puis.
S’asperger d’affection.
En acheter des tubes entiers, à la superette du coin.
Se dire que rien ne vaut un torse,
serré contre soi.
Alors.
Tenir ses enfants dans ses bras, le plus souvent possible,
à la moindre occasion,
l’air de rien, en profiter.
Et se nourrir de leurs fossettes,
de la blancheur de leurs dents, des sonorités aigues de leurs voix.
Aimer.
Essayer d’être femme, enfin,
comme on enfile un costume, un peu trop petit.
Et tailler secrètement dans les plis,
de fines et larges ouvertures,
invisibles à l’œil nu.
Ainsi accoutrée,
S’exposer en plein vent.
Et se sentir vivante.