... Pour une fois, je laisse la place et la plume à Syrine Chérif, directrice générale d'Ogilvy Tunisie. Pas pour son poste ni pour son sourire mais pour sa plume et sa foi. Et parce que je connais bien quelqu'un qui la connaît, ce qui aide. Son texte écrit jeudi en pleine crise Tunisienne avant le départ en catimini de Ben Ali, a été lu hier soir au journal de France 2 par Serge Moati et je le tiens du quelqu'un qui la connaît bien. Bref, je m'éclipse après un énorme bravo (pas Daniel) de circonstance.
Tunisie, mon amour
Peuple béni que l'on croyait soumis
Nous étions banni du cercle fermé de la dignité
Nous étions tellement acculés au silence que l'on avait fini par nous persuader de notre servilité
Nous étions semble-t-il tellement préoccupés par notre niveau de vie que nous étions prêts à tous les compromis
Que de fois nous étions montrés du doigt pour notre richesse matérielle payée au prix cher de notre pauvreté intellectuelle
Que de fois les rares voix qui s'élevaient n'avaient-elles pas fini par baisser les bras devant tant d'impuissance
Que de fois nous avons douté de nous, de notre histoire, de notre avenir
Mais l'Histoire a montré qu'il n'est de peuple que l'on puisse soumettre à l'infini
Il n'est de peuple qui ne trouve pas en lui les ressources nécessaires pour se reconstruire quelque soient les ravages subis
Il n'est de peuple qui puisse vivre seulement d'argent car le jour où l'argent faiblit la rage de liberté surgit,
Rage magnifique portée par une jeunesse assoiffée de parole libérée
Une jeunesse porteuse de tant d'espoir et non de désespoir
Une jeunesse qui en un tourne main a su réconcilier tout un peuple avec lui-même
Retrouvant en quelque jours tout ce qu'il avait perdu, ses racines phéniciennes et ses valeurs d'avant garde
Nous retrouvant tout à coup sous les feux des projecteurs
Le monde attendant de nous que nous lui montrions la voie
Nous qui étions hier ceux qui ne voyaient pas
Tunisie mon amour
Ne recule pas.
SYRINE CHÉRIF (lien vers elle sur Facebook ici : link )