Encore un très bon billet de Jérôme Lurie, dans la rubrique Tribune Libre. Merci à toi. J'espère que la qualité du texte ne vas pas décourager d'autres candidats. Cyrano avait parlé de composer sur le thème de la Lumière? dis moi quand tu as le matériel. :)Sans plus d'introduction, voici le texte proposé aujourd'hui par Jérôme.
Chacun aimerait être capable de gérer son argent, de garder son sang-froid quand il s'agit de finances et de toujours prendre des décisions raisonnables. On serait alors capable de toujours choisir les options les plus avantageuses pour soi, que ce soit à la bourse, dans sa vie privée ou sur e-bay.
Un tel individu rationnel dans son rapport à l'argent a été dénommé par les économistes au XIXème siècle « l'homo oeconomicus ». Les psychologues sont convaincus que cette représentation de l'homme est une pure fiction qui ne ressemble que de très loin au citoyen moyen.
En effet, les expériences menées sur le comportement de l'homme face à l'argent tendent à montrer que nous sommes plutôt guidés par l’irrationalité et les sentiments.
Les experts en marketing commercial connaissent bien ses travers de l'esprit et les exploitent allègrement, ils savent que nous dépensons plus avec une carte bancaire qu'avec de l'argent liquide, par exemple.
Du point de vue des sentiments, de nombreuses expériences psychologiques ont montré que l'être humain a tendance à l'excès de confiance et à l'optimisme, ce qui le conduit à surestimer ses chances de réussites, la valeur de ce qu'il possède et à persévérer dans un projet économique qui ne lui rapporte que... des pertes.
Cet optimisme irréaliste aurait sa raison d'être : d'après Daniel KAHNEMAN (économiste et psychologue, prix Nobel d'économie) la combinaison d'optimisme et d'excès de confiance en soi est l'un des moteurs du capitalisme.
Et si la faille n'était pas dans le système ou dans le logiciel économique, mais bien au niveau de la psychologie des acteurs ?
Les recherches montrent que, plus on se sent proche du but, moins on est prêt à changer de cap. Et plus quelqu'un maintient sa décision longtemps, plus il se sent subjectivement proche du but – même si objectivement il ne l'est pas.
On constate en outre que plus quelqu'un a investi de temps et d'argent dans une décision, plus il s'acharne à continuer. Enfin, plus les pertes sont grandes, plus la personne s'obstine et plus elle est prête à continuer à prendre des risques élevés. Les pertes supplémentaires sont perçues comme moins graves, car, en quelque sorte, on est déjà habitué au mal.
Un étude de 2008 réalisée par le psychologue KIN WONG, de l’Université de Hong Kong, montre que plus les personnes sont rationnelles, plus elles ont des difficultés à corriger une mauvaise décision. La raison en est que ces « intellectuels » trouvent de nombreuses prétendues bonnes raisons en faveur de leur décision. Une fois que leur décision est prise et qu'ils considèrent qu'elle a été mûrement pesée et réfléchie, ils ne la remettent pas facilement en question.
Exemple de décision absurde à grande échelle :
Tout ceci pour revenir à notre pays Toy et aux décisions qui sont prises actuellement ou ont été prises dans le passé avec l'argent du contribuable : remontée lourde, maison des congrès, casino de Luz, patinoire, etc.
Dans quelle mesure est-on guidé par l’irrationalité ?
Argumentaire tiré d'un article de Cerveau et Psycho janvier – février 2010 de Nikolas WESTERHOFF psychologue et journaliste à Berlin.
J. LURIE