(À chaud, zéro relecture.]
Autant je ne croyais pas une seconde à l'utilité de tweeter son soutien aux Iraniens lors des manifestations "Where is my vote", autant j'ai pensé que cela pouvait avoir une mince utilité pour les Tunisiens. Ou quand cliquer le cul sur sa chaise est plus utile que de seulement subir une chaîne info.
Il y a selon moi 2 raisons qui expliquent cette différence entre l'inutilité d'un tweet / statut Facebook pour l'Iran et son importance pour la Tunisie :
1. la proximité géographique, culturelle et humaine de la Tunisie par rapport à la France : immigration, vacances, familles de millions de Français qui vivent là-bas...
La francophonie de beaucoup de Tunisiens facilite cette porosité entre nos 2 pays, comme avec le reste du Maghreb. Il me revient en tête que les chats de Caramail étaient déjà fréquentés par les Marocains, Algériens et Tunisiens (surtout des Marocains, quand même). Pour peu que vous ayez sur Facebook un large réseau "d'amis" (c'est-à-dire pas autocentré amis et/ou familles), vous avez forcément des Maghrébins dedans, ou quelqu'un susceptible de relayer du contenu posté par une personne habitant là-bas. Encore plus si ce réseau est militant.
2. le soutien du gouvernement au régime en place contre les manifestants : déclarations hallucinantes de MAM sur le talent de la police française, Frédéric Mitterrand et le silence de Sarkozy.
Laissez-moi expliquer le second point.
Lors des émeutes en Iran contre Ahmadinejad et sa clique intégriste, la France était plutôt du côté des manifestants et des principes de la liberté et de la démocratie. Pareil en Côté d'Ivoire : Ouattara n'est pas blanc-bleu mais il a gagné les élections et la France est plutôt du côté du principe démocratique. Or, dans le cas de la Tunisie...
Je pense que les Français ont d'autant mieux relayé les informations sur la Tunisie qu'ils se sentaient investis d'une mission : contourner la faible couverture des émeutes en décembre, insister sur les propos scandaleux du gouvernement français et s'en démarquer aux yeux du monde, en espérant être utile à un internaute tunisien qui passait par là.
Comme je l'ai vu passer sur Twitter par @sebmusset : le prochain qui me dit que "manifester ne sert à rien"...