Tout d'abord, veuillez croire à l'expression de ma plus profonde compréhension de l'indignation que vous pouvez ressentir face à l'attente dont vous avez dû faire preuve avant d'être récompensé d'un article de ma blanche main.
(ceci sera dorénavant le préambule de chacune de mes notes de blog, je crois).
Je suis confus, mais j'ai une excuse. Comme je vous l'ai peut-être déjà dit, je suis rentré de France avec une vingtaine de bouquins.
Je crois que c'était une erreur.
Permettez-moi de m'expliquer. Chaque soir, de retour d'une épuisante journée passée devant mon ordinateur (et un bouquin de php qui semble avoir des pages qui refusent de se tourner), j'arrive dans mon petit appartement, et là, ma pile de bouquins m'attend.
Drame.
Je ne sais pas lequel choisir. Le bestial serviteur de pasteur Huuskonen, d'Arto Paasilinna ? Pourquoi pas, j'ai bien aimé le lièvre de Vatanen (lu dans l'avion), mais ne devrais-je pas attendre d'avoir la nostalgie du froid pour lire un roman finlandais ? La même question se pose pour la maison de mes pères, de Jorn Riel, offert par ma tata quand j'avais fait part de mon intérêt pour cet auteur, à cause d'une copine sur internet (à qui j'ai conseillé Rue des Maléfices. Quand je conseille des bouquins à des gens et qu'ils acceptent, ça me donne confiance en leurs goûts). Et je me dois de lire ce bouquin, pour cette copine.
Mais c'est sans doute encore plus le cas pour the City & the City de China Miéville, qu'une copine m'a offert dédicacé, alors ! Tout comme Léviathan, de Scott Westerfeld, gagné au concours d'Imaginelf. Mais lui, j'ai peur de le lire un peu vite, comme il est en français. Et ne devrais-je pas plutôt lire les cadeaux familiaux, le recueil des romans maritimes et exotiques de Jack London, ou le faiseur d'histoires, de Stephen Fry ou les nouvelles de Philip K. Dick ? Les amis, ça va ça vient, ils vous oublient, mais la famille, non. On leur doit toujours quelque chose. Au moins de lire leurs bouquins, quoi. Après tout, ils m'ont nourri (et bien, encore) pendant ces vacances.
Je devrais.
Mais quid de la Volonté du Dragon ? Après tout, c'est écrit par un copain, le père Yoze. Ecrit par un copain, ça vient avant offert par un copain, non ? Mais par rapport aux bouquins offerts par la famille ? Et si j'étais déçu et perdait toute considération pour Yoze, et donc toute amitié ? Dois-je vraiment le lire ? Toutes les critiques dithyrambiques qui trainent sur le net sont-elles suffisamment fiables ?
Je pourrais plutôt lire Pluto, d'Urasawa. Mais j'ai commis l'erreur de ne prendre que les deux premiers tomes, donc si je commence, je vais être frustré. Mieux vaut sans doute attendre.
J'ai encore deux Pratchett dans ma pile, aussi. Unseen Academicals et I shall wear midnight. Je les attendais depuis un moment, ceux-là. Mais si je les lis de suite, je n'en profiterai plus plus tard. Parce que je sais que je les aimerai. Enfin, je l'espère. J'ai toujours beaucoup d'espoir et je suis rarement déçu avec Pratchett. Pareil pour Diana Wynne-Jones. Je n'ai pas envie d'ouvrir tout de suite Enchanted Glass. Je veux en profiter.
Je pourrais me lancer dans le dernier Scott Card, Ender in exile, ou bien Mistborn, de Brandon Sanderson.
Mais si je les lis avant ceux que j'attends avec impatience, saurais-je les apprécier à leur juste valeur, alors que j'aurai en tête les autres ? Je vais me presser, lire sans faire attention, et me gâcher le plaisir !
C'est horrible.
Du coup, j'ai commencé la Conjuration des Imbéciles de John Kennedy Toole, Moi, Boy de Roald Dahl (en vo) et African Queen de CS Forester, le meilleur des auteurs maritimes. Mais lequel finir en premier ?
Toutes ces questions se bousculent dans ma tête, dès mon retour à la maison. Et le temps que j'ai pris une décision, il est l'heure de me coucher, alors je relis au lit le 12ème tome de la Roue du Temps. Mais quelque part, je ne suis pas satisfait.
C'est dur. Je n'aurais pas dû.